«Je maudis cette vie sans parents. Je maudis la liberté de jouer et circuler jour et nuit sans but», dit un enfant de 10 ans, qu’on a interrogé à Alger.
Après les enfants du pays qui sont livrés à eux-mêmes dans les rues d’Algérie, c’est au tour des enfants syriens et africains qui occupent les trottoirs et les espaces publics sans réaction des pouvoirs publics ou de la société civile. Les enfants du pays, victimes du terrorisme criminel, des divorces et des conflits familiaux, croisent les regards des adultes, pour trouver une âme charitable qui ressentirait leurs souffrances et pourquoi pas assurer leur prise en charge.
D’autres enfants syriens et africains, victimes des guerres et de l’instabilité politique et économique, arrivent par tous les moyens ces dernières années, afin de trouver refuge et protection en Algérie. Pour y prendre place aux côtés d’autres innocents et victimes des violences sociétales, les enfants payent les conséquences des bêtises parentales, du voisinage et de toute la société.
C’est la chasse aux espaces publics, qui pour mendier et qui pour se protéger des abus sexuels, maltraitances et de toutes les violences liées à l’environnement. «Je maudis cette vie amère et la liberté de circuler sans but», dit un enfant qu’on a interrogé. Prenant les choses en main, afin de célébrer la Journée mondiale de l’enfance, la Dgsn, a organisé hier, une rencontre pour l’ouverture, ne serait-ce que d’une petite fenêtre sur la situation des enfants dans le pays. S’exprimant lors d’une conférence portant sur le thème «La police dans la protection des mineurs», Mme Kheira Messaouden, commissaire divisionnaire chargée du Bureau national de la protection de l’enfance et de la délinquance juvénile à la direction de la police judiciaire, tire la sonnette d’alarme.
«La responsabilité est collective. Il faut souligner un manque flagrant de centres d’accueil et de prise en charge des mineurs, et ce, en plus de la difficulté d’accès au niveau des centres existants», a-t-elle regretté. Enregistrant au total un chiffre de 2 132 enfants mineurs, dont 1 210 victimes de violences physiques, 622 abus sexuels, 210 cas de mauvais traitements, 81 kidnappings, 8 crimes prémédités et un (1) mort, sous la violence physique durant l’année 2014, la conférencière a averti que le nombre enregistré ne reflète pas toute la réalité que vivent et subissent les enfants mineurs.
Soulevant un cas très agressif au niveau de la placette Meissonnier, où des enfants de très bas âge sont exploités depuis des années au vu et au su de tous les passants, les responsables de la Dgsn, n’ont pas manqué d’ordonner une enquête approfondie depuis hier, afin de faire toute la lumière sur les tenants et les aboutissants de cette affaire blessante à plus d’un titre. Pour encourager les opérations de lutte contre la criminalité, les abus sexuels, l’exploitation des enfants à des fins commerciales et plus, les organisateurs n’ont pas manqué d’encourager les citoyens à développer la culture de la dénonciation afin de limiter les dégâts.
«Un enfant qui grandit dans la délinquance, est un enfant qui peut se retourner contre sa société une fois adulte, à cause de la négligence et la complicité silencieuse», dit-on. Toute société conservatrice qui cache des vérités, développe des phénomènes tabous, qui se répercutent négativement sur la vie sociale, familiale, souligne-t-on.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner qu’un déficit en termes d’application des lois en vigueur, tout en avançant que la promulgation de nouvelles lois qui vont dans le sens de la protection des enfants et la sanction des coupables de manière plus rigoureuse, devra être assurée dans les prochains mois. «Ça ne sert à rien de promulguer des lois, si elles ne sont pas appliquées», lance-t-on dans la salle de conférence. Écouter, dénoncer les abus, est un acte citoyen qui va dans l’intérêt général des familles et du pays.