Les machines de l’usine Setifis Bottling Company spécialisée dans la production de plusieurs marques de boissons gazeuses dont Farha, Bonjus,
Jufré et Pepsi en cannette sont depuis jeudi à l’arrêt. En effet, pas moins de 235 travailleurs, soit 80% des travailleurs de l’usine, sont restés devant l’entrée de l’entreprise et ont déployé une pancarte sur laquelle on peut lire, en arabe “Dégage”, signe qu’ils ne veulent plus du responsable de l’unit Ils ont exprimé colère et désarroi à cause de ce qu’ils ont qualifié d’agissements inacceptables de la part du gérant de la société. Le chaudron brûle au sein de l’entreprise au point où les grévistes soutiennent mordicus que le gérant doit partir tout en demandant de rencontrer le propriétaire, l’homme d’affaires Djilali Mehri, pour exposer leurs problèmes.
“Nous ne voulons que notre dignité et le bien pour l’entreprise. Nous sommes malmenés, intimidés, voire maltraités et le courant ne passe plus entre le gérant et plus de 80% des travailleurs.
Il n’y a que les hauts cadres de l’entreprise qui sont de son côté”, nous dira un employé. Et d’ajouter : “La veille de l’Aïd, il a malmené une employée qui, actuellement, est dans un état psychologique lamentable. La situation est invivable dans cette usine.” Pis encore, plusieurs travailleurs nous ont affirmé que les promesses non tenues et la hogra dont ils souffrent sont les principales causes de ce débrayage. “La situation est, depuis plusieurs mois, électrique. Nous broyons du noir à longueur de journée”, nous a affirmé un représentant des grévistes. Certains travailleurs poussent le bouchon plus loin en accusant le directeur de mauvaise gestion. “Nous sommes certifiés ISO 22000 mais contrairement à d’autres produits de concurrents de la wilaya, au lieu d’exporter, nos produits sont bradés à cinq dinars devant les mosquées de la ville. Si on continue ainsi nous allons baisser le rideau. Nos postes d’emploi sont menacés car il n’y a aucune stratégie commerciale”, a renchéri un travailleur. Nous n’avons pu avoir le point de vue du directeur contesté pour cause d’absence. Cependant, nous avons été reçus par le chef du service juridique qui d’emblée nous dira que le mouvement de protestation est illégal car aucun préavis de grève n’a été déposé. “Nous avons été surpris ce matin par le déclenchement de ce débrayage. Le service minimum n’a pas été assuré. Rien que pour cette journée, nous enregistrons des pertes de 15 millions de dinars.
Je peux vous dire que les revendications ne sont de l’ordre des généralités”, nous a déclaré ce responsable. Pour étayer ses propos, notre interlocuteur nous a affirmé que “la section syndicale a déposé sa démission en indiquant que les pressions subies par les travailleurs ainsi que l’absence de confiance entre les travailleurs et les délégués syndicaux a entravé le bon déroulement de la mission de ces derniers”. Notre interlocuteur a, par ailleurs, indiqué que les portes du dialogue sont ouvertes et que l’administration s’engage à recevoir, demain, une délégation représentant les grévistes.
F. S