Les membres de la future Assemblée populaire nationale (APN) devront contribuer au développement d’une »relation de confiance » entre les nouvelles générations de la communauté algérienne établie à l’étranger et leur pays d’origine, l’Algérie, a affirmé mardi à Toulouse Mme. Noria Boukhobza, professeur en anthropologie.
Rencontrée au Consulat d’Algérie à Toulouse où elle est venue voter, Mme. Boukhobza, également chercheur au centre de recherche en anthropologie de l’Université de Toulouse, a appelé les futurs élus à »redonner confiance » aux jeunes issus de l’émigration en leur pays d’origine. Les futurs députés devront également participer à »la maturation politique » de ces jeunes en leur expliquant l’importance des élections législatives de 2012.
Appartenant elle même à la deuxième génération d’émigrés algériens en France, M. Boukhobza a souligné que des études menées par des chercheurs du Centre d’anthropologie de l’Université de Toulouse ont démontré que les jeunes issus de l’émigration ne »s’intéressaient ni à la vie politique en France ni à la vie politique en Algérie », pour diverses raisons. Parmi les principales raisons citées par le professeur Boukhobza figurent »l’absence de contacts directs » entre les élus et les membres de la communauté d’émigrés, notamment les jeunes.
»Les politiciens ne s’intéressent à cette communauté que lors des rendez-vous électoraux. Cela a contribué, à la longue, à creuser un fossé entre les deux parties », a-t-elle expliqué.
Selon elle, une grande partie des jeunes français d’origine algérienne ne connaissent l’Algérie qu’à travers les récits de leurs parents et grands-parents. »Pour eux, l’Algérie est un pays où l’on passe des vacances et non pas un lieu de réflexion politique », relève t-elle encore. Réalisée en 2009, cette étude a démontré, par ailleurs, que de plus en plus de jeunes ont des projets »de retour au bled », car même s’ils sont nés et ont grandi en France, ils expriment un désir fort de développer une activité économique, commerciale ou autre en Algérie. Mme Boukhobza, originaire de Relizane, a estimé que de nombreux jeunes émigrés veulent développer une activité en Algérie, mais à défaut de »comprendre les codes sociaux dans le pays, ils éprouvent souvent une sensation de blocage, et finissent par abandonner leur projet ».
Dans le souci de renforcer la relation entre l’Algérie et »ses enfants » établis à l’étranger, Mme Boukhobza a proposé d’encourager la création en France d’un plus grand nombre d’associations culturelles algériennes qui constitueraient »un relais » pour sensibiliser ces jeunes sur la nécessité de participer au développement et l’épanouissement de leur pays d’origine. Concernant la participation des jeunes au vote, elle a estimé que »ceux qui ont pris conscience de l’importance des enjeux des élections législatives de 2012 et ressentent un fort désir de développer des activités en Algérie vont certainement venir voter en force ». »Il faut que les jeunes comprennent que le droit de vote est un acquis précieux dans l’histoire de l’humanité, et que c’est aussi un devoir suprême », a-t-elle ajouté. Considérés comme des émigrés en Algérie et comme des étrangers en France, ces jeunes, a-t-elle poursuivi, vivent une situation » psychologique difficile ». »C’est prouvé que les jeunes beurs issues de familles qui ont rompu tous liens avec leur pays d’origine, éprouvent des difficultés à s’insérer dans la société », a-t-elle soutenu.
Le professeur Boukhobza a, d’autre part, fustigé les médias occidentaux qui continuent de »stigmatiser ces jeunes issus de l’émigration en véhiculant d’eux des images de personnes en échec social et en souffrance psychologique »