Les élections législatives de 1997 à 2017: 20 ans d’histoire

Les élections législatives de 1997 à 2017: 20 ans d’histoire

Les cinquièmes élections législatives ont lieu aujourd’hui. 20 ans après le scrutin sous la terreur,celui de 2017 intervient sous l’ère de la nouvelle Constitution.

Les premières élections législatives s’étaient déroulées dans un climat de terreur. La situation sécuritaire de l’époque, très détériorée, rendait l’acte électoral presque une véritable mission-suicide dans de nombreuses régions du pays. Les Algériens étaient confrontés au danger de mort. Les groupes armés, à l’époque les GIA qui écumaient les villes et les campagnes du pays, avaient condamné à mort toute personne se rendant au bureau de vote.

Ce scrutin, qui intervenait deux années après une démonstration de force des Algériens qui avaient voté massivement pour la présidentielle de 1995, était très important, puisqu’il était question de reconstruire l’édifice institutionnel, détruit par la démission du président Chadli et l’interruption du processus électoral en janvier 1991. Les élections législatives de 1997 devaient donc donner un signal fort à la société, mais également au reste du monde sur la volonté des Algériens d’en finir avec la violence aveugle du terrorisme et se réapproprier la décision politique.

Le rendez-vous, réussi au plan organisationnel, même si le taux de participation n’était pas vraiment au rendez-vous, était considéré comme un échec politique par les observateurs de la scène nationale. La victoire «suspecte» du RND, créée à peine une année avant le rendez-vous électoral, a fait sortir l’opposition de ses gonds qui, à force de critique, s’est nettement radicalisée. Le pouvoir, de son côté, a pris la résolution d’élargir sa base. Un parti islamiste dit modéré, Hamas (aujourd’hui le MSP), a fait son entrée au gouvernement. L’intégration de la mouvance intégriste au gouvernement et au sein de l’Assemblée populaire nationale aura été l’une des nouveautés de la scène politique.

Même très critiqué pour son rendement et certainement aussi pour les circonstances de sa mise en place, l’APN de 1997 a tout de même marqué le retour de la légalité constitutionnelle. Le mérite revient à sa composante partisane, notamment l’opposition qui, malgré une insatisfaction déclarée n’a pas fui l’hémicycle en assumant ses missions dans l’institution législative.

Le cauchemar de 2002

Cette «maturité» dont a fait montre le personnel politique a permis à l’APN d’aller au terme de son mandat de cinq ans. Ceci est une grande victoire, lorsqu’on sait que de nombreuses nations ont échoué en voulant maintenir debout une institution élue en pleine crise politico-sécuritaire. Mais ce succès institutionnel était loin de résoudre l’équation de la légitimité de l’APN.

L’institution vidée quelque peu de sa «sève» politique était renouvelée en 2002. Mais une année avant les législatives, le printemps noir émergeait dans le débat politique. Plus de 120 martyrs, des émeutes quasi quotidiennes avaient fini par donner au scrutin une caractéristique à part.

Intervenues trois ans après une élection présidentielle, un référendum sur la Concorde civile largement approuvé par les Algériens et un consensus politique national sur la sortie de crise, les législatives de 2002 devaient être la confirmation de la reconstitution de l’édifice institutionnel avec un saut qualitatif à la clé. Mais au lieu de cela, elles s’étaient transformées en cauchemar pour l’ensemble de la classe politique. Fallait-il les maintenir? Le président de la République a opté pour cette voie. L’un de ses soutiens et membre de l’Exécutif, le RCD, se retire du gouvernement et boycotte le scrutin.

Les législatives ne devaient objectivement pas atteindre leur objectif. Le scrutin ne s’était tout simplement pas tenu dans les trois wilayas de la Kabylie, empêché par des centaines de manifestants. De fait, la deuxième législature après le retour à la légalité constitutionnelle était amputée d’une importante région du pays qui n’était pas représentée à l’APN. Un autre rendez-vous manqué et une aggravation de la double fracture pouvoir-opposition et Etat-peuple. Mais là aussi, les parlementaires sont allés jusqu’au bout de leur mandat, sauvant les apparences, et plus que cela, confirmant une volonté de s’accrocher à la solution politique.

Cinq années de législature plutôt mornes où l’on n’a pas vu grand-chose, en tout cas, pas de coup d’éclat politique, à l’exception du référendum sur la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale. Cet acte qualifié d’historique par nombre d’observateurs a définitivement fermé la parenthèse de la tragédie nationale. Le terrorisme était vaincu, les prix du pétrole amorçaient leur courbe haussière, le plan de relance économique était conséquemment doté et les salaires des fonctionnaires, ainsi que le Snmg étaient revalorisés.

Dans ce contexte socioéconomique très favorable, l’Algérie avait, en 2007, rendez-vous avec les législatives. Un moment important, mais parasité par une rude passe d’armes entre le pouvoir et l’opposition. Cette dernière, réclamant des garanties de transparence du scrutin, plaçait le débat sur un terrain pas très «passionnant» pour les électeurs. Ces derniers n’étaient pas franchement convaincus par le discours du pouvoir qui ne parvenait pas à traduire sur le terrain politique les avancées constatées sur le terrain.

Les islamistes en embuscade

En un mot, il n’y avait pas de débat, mais un dialogue de sourds. Ainsi, au moment où toutes les conditions pour réaliser le saut qualitatif raté en 2002 étaient réunies, la classe politique était allée aux législatives de 2007 en rangs dispersés, sans grande conviction, faut-il le souligner. Beaucoup d’acteurs politiques n’ont pas hésité à qualifier l’Assemblée sortie des urnes comme la plus faible en matière de compétence et la moins efficace en termes de rendement.

Un tir à blanc et une sorte de «pause» dans la dynamique politique et le processus de construction démocratique. Une législature à oublier? On aurait pu répondre par la positive à cette question, n’était-ce l’amendement constitutionnel de 2008, qui avait fait sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels, ainsi que le quota réservé aux femmes dans les institutions élues de la République.

Les élections législatives de 2012 qui promettaient d’être intéressantes, en raison, justement de l’entrée de la femme dans la course électorale, étaient précédées par le printemps arabe avec son lot de déstabilisation de nombreux pays. L’Algérie n’était pas en reste, puisqu’elle était la cible, en 2011, d’une tentative de subversion. C’est donc dans un contexte tendu, empli de rumeurs, que le pays préparait le renouvellement de son Assemblée populaire nationale. Les partis islamistes y avaient vu un «coup à jouer» et leur tête de pont, le MSP, quittait la coalition présidentielle pour en créer une autre avec deux formations du même bord. La volte-face du MSP alourdissait une atmosphère politique déjà tendue.

Les législatives de 2012 s’étaient tout de même déroulées dans les meilleures conditions au plan organisationnel. Les observateurs internationaux, venus nombreux s’assurer de la transparence du processus électoral et des opérations de vote, de dépouillement, n’avaient rien trouvé à redire. Mais «l’équation politique» demeurait encore sans solution, avec une opposition toujours aussi dure en direction du pouvoir et une absence totale de débat au sens noble du terme. Mais pour les Algériens le principal, c’est que le précieux acquis de la stabilité n’avait pas été remis en cause. Les législatives de 2012 avaient rempli leur mission, celle de conforter la stabilité institutionnelle du pays, même si de nombreux acteurs politiques ont préféré le boycott.

Le nouveau Code électoral apporte plus de garanties

Les cinquièmes élections législatives ont lieu aujourd’hui.

20 ans après le scrutin sous la terreur, celui de 2017 intervient sous l’ère de la nouvelle Constitution qui donne à l’opposition un véritable rôle dans les institutions de la République. Ces élections ont ceci de «novateur» l’ensemble de la classe politique y prend part. Le nouveau Code électoral apporte plus de garanties et la Haute Instance indépendante de surveillance des élections veillera au grain.

Aurons-nous le saut qualitatif que tout le personnel politique appelle de ses voeux? on le saura bien assez tôt.

80 journalistes étrangers accrédités

Près de 700 journalistes dont 80 représentant la presse étrangère ont été accrédités pour assurer la couverture des élections législatives prévues aujourd’hui, a-t-on appris hier auprès du ministère de la Communication. Dans une déclaration à l’APS, la directrice des médias au ministère de la Communication, Fatima Zahra Zeghaimi, a précisé que «près de 80 journalistes représentant de grands médias arabes et étrangers dont 20 envoyés spéciaux et plus de 600 journalistes algériens des différents médias écrits et audiovisuels» ont été accrédités pour assurer la couverture des élections.

Mme Zeghaimi a fait savoir que «toutes les mesures nécessaires ont été prises pour couvrir cet évènement électoral», ajoutant qu’«un bureau spécial avait été installé pour l’accréditation des journalistes algériens et étrangers au Centre international de presse (CIP), doté de tous les moyens nécessaires pour permettre aux journalistes d’accomplir leur mission dans de bonnes conditions».