Le ministère de l’Education nationale vient d’envoyer une circulaire à tous les établissements afin de prodiguer aux élèves des trois paliers un cours spécial sur les élections locales. Les syndicats autonomes de l’éducation ne font pas l’unanimité quant à l’importance de cette instruction. Contacté hier par le Temps d’Algérie, Salem Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) estime que la tutelle veut carrément «politiser l’institution scolaire». «Au lieu d’axer le programme scolaire sur d’autres thématiques plus importantes comme la citoyenneté, les droits de l’homme, l’environnement ou encore les dangers des fléaux sociaux comme la drogue, le ministère se concentre sur les questions partisanes ou politiques», s’exprime le syndicaliste qui ajoute que le cours parle de contenant et non de contenu, c’est-à-dire qu’on néglige d’expliquer les enjeux économiques, sociaux et politiques d’un tel acte civique, ce qui est encore plus grave. Il craint que cette initiative ne soit «un endoctrinement religieux et un embrigadement politique». De son point de vue, l’instruction civique serait plus utile et indispensable si elle était consacrée à apprendre aux élèves leurs droits et devoirs et en conséquence comment devenir un citoyen actif. «Sensibiliser les élèves et leurs parents» Le secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), Achour Idir, précise, pour sa part, que «c’est plutôt des cours de sensibilisation qui sont prodigués aux collégiens et aux lycéens, soit par les enseignants de l’activité sportive ou par les directeurs des établissements scolaires à partir de la semaine en cours». Il rappelle que ces séances ont déjà été initiées à la veille des élections législatives. «Cela renseigne sur l’objectif principal de cette intrusion politique dans le milieu scolaire», affirme Achour Idir qui avance que «le ministère veut sensibiliser les élèves qui sont en âge de voter, et par ricochet, les parents d’élèves», ajoutant que «c’est en quelque sorte faire de la propagande et manipuler les gens. N’oublions pas qu’il y a des enseignants qui sont partisans de certains partis politiques. Ces derniers peuvent carrément orienter le choix des élèves». Toutefois, notre interlocuteur souligne que l’instruction civique peut être bénéfique si elle est incluse dans le programme scolaire de manière continue et non pas à l’approche des élections. «L’instruction civique ancrée sur la vie socio-économique rappelle l’importance d’un socle commun étayé sur les modèles et critères de la vie démocratique». Le coordinateur national du Conseil autonome des professeurs et enseignants du secondaire et technique (Cnapest), Nouar Larbi, appuie l’avis du CLA et avance que «c’est à l’avantage des dirigeants d’enseigner les droits et les devoirs de la citoyenneté aux élèves». Il renchérit : «Quand on enseigne les principes d’un Etat démocratique, il vaut mieux le faire à de jeunes élèves, car les principes restent des repères pour toute la vie des individus». Selon lui, il est du devoir du système éducatif de former un bon citoyen. «L’école doit prodiguer des cours sur les fléaux sociaux, tels que la drogue, l’alcool, la cigarette, afin que l’élève ait une capacité de réflexion sur ces sujets». Nouar Larbi conclut que l’école peut se pencher sur tous les problèmes de la société sans que cela se fasse au détriment de l’enseignement de principe qui sera bon pour la vie de l’élève en particulier et de l’Etat en général». S. A. |
