Les Égyptiens ont voté hier la consultation référendaire liberticide du président Morsi Heurts… de vérité

Les Égyptiens ont voté hier la consultation référendaire liberticide du président Morsi Heurts… de vérité
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La force du droit ne signifie rien lorsque le droit de la force l’emporte, ou lorsque l’on n’est pas du côté du plus fort.

Les Égyptiens, qui ont consenti d’énormes sacrifices, et payé de leur sang leur droit à la liberté, en faisant tomber Moubarak et son clan, tandis que les Frères musulmans et les salafistes étaient en «stand-by», se retrouvent désormais pris au piège de leur propre printemps.

Leur appel à voter «non» risque en effet d’être étouffé lorsque le droit à la parole lui-même leur est confisqué et que des chambres de torture de fortune sont improvisées pour eux par les barbus à quelques mètres à peine du Palais présidentiel.

Les Égyptiens, sur fond de tensions extrêmes, et d’affrontements sporadiques entre pro et anti-Morsi, ont voté hier pour le projet de la première Constitution en Égypte après la révolution avortée du 25 janvier passé. Le vote, pour des raisons techniques, mais aussi à cause de l’appel au boycott de nombreux magistrats qui refusent de superviser cette opération, ne s’est déroulé que dans dix gouvernorats, dont Le Caire et Alexandrie.

Une forte présence de l’armée et de la police a été remarquée au niveau des 6 376 bureaux de vote quelques minutes avant le début de l’opération à laquelle participent près de 26 millions électeurs égyptiens appelés à se prononcer sur un projet de Constitution qui divise profondément le pays. Morsi, en fin stratège, a quand même fini par se démasquer en exhibant au grand jour ses accointances avec la junte militaire.

Celle-ci, en effet, a été chargée d’assurer la sécurité du pays jusqu’à la fin du scrutin. Il est vrai, en effet, que le renversement de Moubarak n’a servi à rien, sachant que c’est la junte militaire qui a toujours gouverné ce pays, et que les Frères musulmans, depuis Nacer, qu’ils avaient aidé à prendre le pouvoir ont toujours évolué à l’ombre de ce pouvoir.

Bref, la Haute commission électorale avait interdit toute forme de propagande ou d’influence des électeurs dans un périmètre de 200 mètres en dehors du siège électoral. Des instructions ont également été données aux forces de sécurité pour faire face à tout acte pouvant contrarier le déroulement de l’opération de vote et préserver la sécurité jusqu’aux résultats du référendum controversé sur la Constitution.

La Haute commission électorale avait décidé que le référendum sur le territoire de l’Égypte serait organisé sur deux jours, soit le 15 décembre dans les dix gouvernorats du pays à forte densité de population et le 22 décembre dans les 17 autres gouvernorats.

Cette mesure permettrait de partager le pays en deux régions votant successivement à une semaine d’intervalle pour faire face au manque de juges nécessaires pour superviser le déroulement du vote après le refus de nombreux magistrats de superviser le scrutin.

Vendredi passé, des groupes des deux camps ont échangé des jets de pierres à Alexandrie, où des voitures ont été brûlées, après l’appel d’un religieux à voter « oui » lors de la prière hebdomadaire. La police est intervenue pour rétablir le calme, selon des témoins.Les services médicaux ont évoqué un bilan de 15 personnes blessées dans les accrochages.

Au Caire, 2 000 partisans du président Mohamed Morsi se sont rassemblés devant une mosquée de l’est de la capitale à l’appel de partis islamistes pour soutenir le projet de loi fondamentale. L’opposition, qui appelle à voter « non », n’a réuni que quelques centaines de personnes dans le calme en fin de journée aux abords du palais présidentiel, gardé par l’armée dans la banlieue du Caire.

Des centaines d’opposants étaient également rassemblés sur la place Tahrir, dans le centre de la ville. Lors d’une conférence de presse du Front du salut national (FSN), principale coalition de l’opposition, le libéral Amr Hamzawi s’est dit « confiant que le peuple égyptien dira non à la Constitution des Frères musulmans », mouvement islamiste, dont est issu Morsi.

Le président islamiste peut compter sur la capacité de mobilisation du puissant mouvement des Frères musulmans, mais il fait face à une profonde crise économique qui provoque le mécontentement populaire. Mais, quelle que soit l’issue, ce référendum « va exacerber les tensions politiques et les ressentiments » entre un président qui a fait le choix de maintenir un texte controversé et une opposition dopée par la vague de contestations, estime Hani Sabra, un expert du Centre d’analyse économique américain Eurasia Group.

Et c’est vraiment le moins que l’on puisse dire. Après les heures, nous en sommes à présent aux heurts de… vérité !

Wassim Benrabah