La confrérie, selon un de ses dirigeants, suivie par d’autres mouvements d’opposition égyptiens ont chargé l’opposant Mohamed El Baradei de «négocier» avec le régime de Moubarak.
Au sixième jour de révolte, les milliers d’opposants au régime égyptien en place restent fermes et déterminés face à un Moubarak inflexible.
La situation en Egypte est extrêmement chaotique. Le mouvement de contestation populaire, lancé depuis mardi dernier ne paraît pas s’essouffler malgré la répression et le nombre important de décès et les milliers de blessés survenus en l’espace de cinq jours de soulèvement.
Situation chaotique
Hier, en début d’après-midi, les Frères musulmans, principale force d’opposition en Egypte, ont rejeté dans un communiqué les nominations politiques décidées la veille par le président Hosni Moubarak. De plus, la confrérie, selon un de ses dirigeants, suivie par d’autres mouvements d’opposition égyptiens ont chargé l’opposant Mohamed El Baradei de «négocier» avec le régime de Moubarak. Quelque temps auparavant, des centaines de juges égyptiens ont rejoint les milliers de manifestants sur la place de la libération et des milliers de journalistes égyptiens ont signé une pétition demandant eux aussi le départ de Hosni Moubarak.
Pour leur part, politiciens, opposants et scientifiques et théologiens égyptiens ont été unanimes concernant le départ du président Moubarak, en réponse à la masse populaire qui poursuit son intifadha pour parvenir à cet objectif. Dans le même contexte, le quotidien britannique «The Times» a rapporté que deux des plus grandes personnalités sécuritaires en Egypte ont averti Hosni Moubarak sur «la nécessité à se désister du pouvoir afin d’éviter que les perturbations et la violence ne se prolongent dans le pays le plus peuplé du monde arabe».
Sur le plan sécuritaire, l’AFP fait état d’au moins 111 morts dont 12 morts lors d’un affrontement entre les protestataires et la police à Béni Souif, et plus de 2 000 blessés à travers l’Egypte depuis mardi. A ce décor macabre, viennent s’ajouter plusieurs bâtisses incendiées à l’instar du siège du Conseil supérieur égyptien de journalisme et des bâtiments se trouvant à proximité ainsi qu’une fabrique d’engrais à Alexandrie et le vieux centre commercial de Charm El Cheikh où des actes de pillage ont été relevés. Aussi, des hélicoptères ont survolé le ciel cairote pour rétablir la sécurité, et aussi pour surveiller les actes de vandalisme et de pillage.
Par ailleurs, selon la télévision nationale égyptienne, «le président égyptien s’est rendu en fin de matinée au centre opérationnel de l’armée afin de suivre l’évolution de la maîtrise de la sécurité».
Emeute et cadavres dans les prisons
Au 6e jour d’une révolte sans précédent contre le régime du président Hosni Moubarak, les services de sécurité ont fait état de plusieurs milliers de prisonniers évadés de la prison de Wadi Natroun, à 100 km au nord du Caire. Ainsi, après une émeute survenue dans ladite prison, les prisonniers dont un grand nombre d’islamistes détenus depuis plusieurs années, ainsi que des prisonniers de droit commun, se sont emparés des armes des gardes de l’établissement pénitentiaire avant de prendre la fuite.
En outre, hier, des dizaines de corps gisaient sur la chaussée près de la prison Abou Zaâbal située à l’est du Caire où une émeute avait eu lieu dans la nuit et des coups de feu tirés au cours de l’évasion des prisonniers. De plus, il a également été enregistré hier, la mort du général Mohamed El Boutrane chef des renseignements à la prison centrale d’El Fayoum. Ainsi, plusieurs cas de prisons abandonnées et d’évasions ont été enregistrés à travers le pays depuis le début de la révolte égyptienne.
Les manifestants bravant le couvre-feu ne décolèrent pas
Ainsi, ils étaient, hier soir, des dizaines de milliers d’Egyptiens dans les rues cairotes, et celles d’autres villes du pays, à avoir bravé le couvre-feu, contestant la nomination du vice-président, affichant qu’ils ne se contentaient pas de la chute du gouvernement mais surtout et encore le départ de Hosni Moubarak. Pour la première fois en 30 ans de pouvoir, le poste de vice-président a été décrété par le président égyptien en nommant à ce poste Omar Souleimane, chef du Renseignement égyptien et proche allié du raïs, qui somme toute, semble ne pas satisfaire le peuple puisque les centaines de manifestants, rassemblés sur
«la place de la liberté», ont clamé leur refus du nouveau nommé criant «Ni Moubarak, ni Souleimane, on en a assez des Américains!». Quant à la venue de Ahmad Chafic au poste de Premier ministre chargé de former le gouvernements, dont nombreux analystes avaient évoqué son nom pour succéder au président Moubarak en cas de vacance du pouvoir, il semblerait qu’il soit nettement plus apprécié aussi bien par l’élite égyptienne que part l’opposition.
Face à cette situation chaotique, l’armée appelée en renfort a appelé la population à se protéger des pillages. Des comités de quartier se sont constitués pour faire face aux actes de pillage qui ont gagné les institutions gouvernementales, les banques, les sociétés privées, les hôtels, les centres commerciaux et les résidences privées. Ces dernières ont même mis en place un numéro d’urgence pour dénoncer ces actes.
Pour sa part, le principal opposant, le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei a estimé insuffisantes les nouvelles nominations, et a de nouveau appelé Moubarak à partir sans délai pour le bien de l’Egypte.
Barack Obama maintient la pression sur Hosni Moubarak
Les Etats-Unis ont estimé dans la nuit de samedi à dimanche qu’une simple «rebattage des cartes» était insuffisant en Egypte, leur allié, et ont de nouveau exhorté le président à tenir ses promesses en matière de réformes.
L’émir du Koweït dénonce la violence et soutient
L’émir du Koweït, Sabah al-Ahamd Al-Sabah, a dénoncé la violence ayant marqué le mouvement de contestation populaire en Egypte où plus de 100 personnes ont été tuées depuis le début de ces manifestations contre le régime en place, a rapporté hier l’agence de presse Kuna, déclarant que «l’Etat du Koweït condamne les actes de violence, de pillage, de vandalisme et le fait de terroriser de paisibles citoyens». Aussi, il assurera que son pays «se tient aux côtés du gouvernement et du peuple d’Egypte».
Al-Jazeera interdite en Egypte
Le ministre égyptien de l’Information, Anas el-Fekki, a ordonné l’interdiction de la Chaîne satellitaire Al-Jazeera, qui a largement couvert les manifestations antigouvernementales, a annoncé aujourd’hui l’agence officielle Mena.
Tentative de vol de deux momies au Musée du Caire
Deux momies de l’époque pharaonique entreposées au Musée égyptien au Caire ont été sévèrement endommagées lors d’une tentative de vol pendant les manifestations anti-gouvernementales, a indiqué hier à l’AFP le patron des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass.
L. N. B.