Les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus visibles et « alarmantes » sur l’Algérie, et qui sont observées sur la pluviométrie, la dégradation des sols et l’érosion côtière, a indiqué lundi à Alger un responsable au ministère des Ressources en eau et de l’environnement, Samir Grimes.
« L’Algérie se trouve dans une région très vulnérable aux effets des changements climatiques. Ces risques émergents sont devenus aujourd’hui une réalité vécue », a averti M. Grimes lors de la 2e conférence internationale sur l’énergie et l’environnement.
Plus de 13 millions d’hectares (ha) sont touchés par l’érosion, dont 4 millions de manière « grave », a noté le responsable ajoutant que l’Algérie perd annuellement près de 400.000 ha à cause de ce phénomène.
Les régions les plus affectées sont Sidi Bel Abbès, Mascara, Mostaganem et Chlef, précise M. Grimes rappelant l’impact néfaste de l’érosion sur l’agriculture et les volumes d’eau mobilisables. En outre, l’Algérie subit depuis les années 70 une sécheresse récurrente avec une baisse de précipitations d’environ 10% durant les 20 dernières années, entraînant ainsi un dérèglement du calendrier agricole et une baisse des rendements des céréales allant jusqu’à 50%.
Les experts prévoient l’accentuation de cette baisse à l’horizon 2040 avec une diminution attendue de 10 à 20% par rapport au niveau enregistré en 2011, a-t-il ajouté. Par ailleurs, le réchauffement climatique entraîne des événements climatiques extrêmes en Algérie, explique encore M. Grimes citant à titre d’exemple les inondations qui ont fortement touché certaines régions du pays à 10 reprises depuis 1971.
Evoquant les dangers sanitaires liés au réchauffement climatique, le responsable a mis l’accent particulièrement sur le risque de déplacement des pathologies subsahariennes vers le Nord tel que le paludisme et de développement de maladies à transmission hydrique (typhoïde, hépatites virales, etc.).
Le phénomène des eaux colorées sur la côte algérienne, de plus en plus récurrent ces dernières années, est aussi lié directement aux changements climatiques, d’après M. Grimes. Ce phénomène est dû à la prolifération de certaines espèces marines, parfois toxiques, venues de l’océan indien et qui vivent dans des conditions climatiques très différentes de celles de la Méditerranée.
L’érosion côtière est également fortement constatée en Algérie, selon le responsable qui avertit des risques d’inondation menaçant les régions de Sidi Fredj et Zéralda à l’ouest d’Alger. Globalement, les dommages causés par les changements climatiques en Algérie représentaient en 2009 entre 1,3 et 4,3% du Produit intérieur brut (PIB) du pays, selon lui.
Les renouvelables comme « alternative stratégique »
Cette situation a poussé l’Algérie à établir une stratégie de lutte contre les changements climatiques dont la mise en £uvre est prévue à partir de fin 2015. Cette stratégie comprend des mesures concernant, entre autres, le développement des énergies renouvelables, la promotion de l’efficacité énergétique et des technologies propres, la rationalisation de la gestion des ressources en eau, la modification des pratiques culturales et l’introduction des normes d’émission au transport, selon les explications du même responsable.
Egalement présent à la conférence, le secrétaire général du ministère des Ressources en eau et de l’environnement, El Hadj Belkateb, a mis en exergue l’importance de rationaliser la consommation énergétique et de valoriser les déchets qui peuvent offrir une opportunité pour la création de richesse, la création d’emplois durables et le développement d’un secteur d’économie verte.
« Le développement des énergies renouvelables constitue une alternative stratégique aussi bien pour réduire notre vulnérabilité que pour diversifier nos ressources d’énergie d’une part et pour préserver notre environnement d’une autre part », a-t-il encore noté.
« La chute continue de prix de pétrole augmente la vulnérabilité de notre pays qui dépend encore pour son développement aux hydrocarbures. Les signaux pour l’avenir proche ne sont pas optimistes. Il ne faudrait, non plus, pas attendre un redressement éco-technique. C’est plutôt le chantier de diversification de notre économie qu’il faut accélérer », a-t-il souligné.
L’expert suisse en physique climatique et environnementale, Thomas Stocker, a évoqué, de son côté, la conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui va tenir son prochain sommet fin 2015 à Paris, estimant que les pays du monde sont appelés à assumer leur responsabilité de façon commune mais en tenant compte également de leurs contributions historiques à la dégradation de l’environnement.