Les éditeurs égyptiens interdits de Sila :Les dessous d’une polémique

Les éditeurs égyptiens interdits de Sila :Les dessous d’une polémique

Les Algériens ne sont pas près de pardonner les excès commis par les Egyptiens.

C’est le branle-bas de combat entre le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs et le Haut Conseil islamique. La polémique est née suite à l’interdiction faite aux éditeurs égyptiens de participer à la 15e édition du Salon international du livre.

Le torchon commence à brûler entre ces deux institutions. Le ministère des Affaires religieuses est pour cette interdiction. Le HCI s’y oppose. «Au ministère des Affaires religieuses on oublie que le livre islamique est le seul perdant dans cette affaire», a déclaré le Dr Chikh Bouamrane, président du HCI, joint hier par téléphone.

Le HCI n’est pas le seul à prendre la défense des éditeurs égyptiens. Des intellectuels algériens qui, selon des observateurs, ont des comptes à régler avec Smaïl Ameziane, commissaire du Sila, et avec la ministre de la Culture, Khalida Toumi, sont parmi les signataires d’une pétition appelant à intégrer le Egyptiens au Sila.

En tant que responsable de la maison d’édition Casbah, il y a des gens qui en veulent à Ameziane pour des raisons purement commerciales, selon les mêmes observateurs. Si d’autres ont des choses à reprocher à la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qu’ils cessent de se faire valoir de la défense d’une cause, qui n’en est même pas une, pour s’en prendre à des responsables qui n’ont fait que défendre l’honneur de leur pays.

La réaction de l’opinion va être foudroyante contre ceux qui veulent se réconcilier avec l’Egypte.

Ils n’ont qu’à effectuer un sondage d’opinion. D’ailleurs L’Expression invite les confrères à suivre cette démarche et faire des sondages. Les arguments des défenseurs des Egyptiens sont divers. «Je suis un homme de culture. Sur les questions politiques, nous avons des institutions et des gouvernants qui sont habilités à prendre position», a précisé Chikh Bouamrane. Dans la foulée, il a souligné que la mesure d’interdire les livres égyptiens a été prise d’un commun accord entre le ministère des Affaires religieuses, celui de la Culture et le commissaire du Sila, Smaïl Ameziane.

«Le livre ne doit pas être l’otage de la politique», a-t-il tranché. Le message est clair. Seulement, il apporte des nuances au récent communiqué du HCI, sur la même question. Sous le chapiteau de la culture arabo-islamique, le HCI a pris fait et cause pour les éditeurs égyptiens. Mieux, il s’est insurgé contre l’interdiction qui leur aurait été «infligée».

Le plus curieux est que le HCI réduit la crise entre l’Algérie et l’Egypte a un malentendu survenu dans un match de football ayant opposé les sélections nationales des deux pays, en novembre dernier au Caire, pour le compte de la dernière journée des éliminatoires de la Coupe du Monde. La crise a éclaté entre les deux pays lorsque la sélection algérienne a été agressée en terre égyptienne. La violence du clan Moubarak à l’égard de l’Algérie n’a pas épargné les constantes et symboles nationaux. Le drapeau algérien a été brûlé et les martyrs insultés. Et cela ne choque pas outre mesure le HCI. «Ce sont des avocats qui ont brûlé le drapeau et non des éditeurs», a argumenté le Dr Chikh Bouamrane. Ce dernier a rappelé qu’un collectif d’avocats algériens prend en charge cette affaire. Le HCI est mal à l’aise.

Pour sa part, le ministère des Affaires religieuses souffle le chaud et le froid dans cette cacophonie. Hier, a été ouverte la 7e édition du Concours international pour la récitation du Coran. Cette édition qui se déroule à Alger compte des compétiteurs venus de 43 pays parmi lesquels figure… l’Egypte. Pourtant, le département de Ghlamallah avait soutenu Smaïl Ameziane, commissaire du Sila, dans sa position d’interdire la participation des éditeurs égyptiens.

Le HCI n’est pas le seul à déplorer le sort des livres égyptiens. Un groupe d’intellectuels et d’écrivains algériens ont aussi été initiateurs d’une pétition pour appeler le responsable du Sila à revenir sur sa décision. En réduisant le dossier à une simple question de livres, les «réconciliateurs» feignent d’oublier qu’il est plutôt question d’honneur de la nation.

Et que des actes répréhensibles ont été justement «l’oeuvre» d’intellectuels. Avocats, écrivains, journalistes, acteurs et cinéastes ont déversé leur fiel sur l’Algérie et ses symboles. Drapeau et chouhada n’ont pas été épargnés.

Où étaient ces écrivains lorsque l’honneur de l’Algérie était bafoué? Ont-ils seulement élevé une quelconque protestation? Al Azhar a-t-il appelé au calme lorsque nos étudiants au Caire ont failli être lynchés? L’histoire ne tient pas à un simple dérapage de hooligans comme veulent le faire croire certains cercles. Il s’agit plutôt de traquenards officiels orchestrés par la famille Moubarak.

Mohamed Sadek LOUCIF