Les éditeurs africains prennent en main la promotion de la littérature continentale

Les éditeurs africains prennent en main la promotion de la littérature continentale

Dès l’entrée du chapiteau abritant le 15ème Salon international du livre d’Alger (SILA 2010), le visiteur trouve sur sa droite le stand «Esprit Panaf» dédié à la littérature africaine.

Le premier étal du stand offre une large panoplie de littérature jeunesse proposée par la maison d’édition togolaise «Ruisseau d’Afrique». Sur un autre étal est présentée l’exposition de livres publiés par le ministère

de la Culture dans le cadre du Panaf 2009. Samia Zennadi Chikh, responsable du stand «Esprit Panaf», est très affairée à régler les derniers détails, elle explique que «l’Esprit Panaf s’inscrit dans la continuité de la dynamique créée avec le 2ème Festival panafricain d’Alger (Panaf 2009), marquant un réel intérêt pour la littérature africaine, permettant ainsi de nous réconcilier avec notre identité africaine à travers notamment la lecture et l’écriture». Elle explique aussi que les nombreux ouvrages publiés par le ministère de la Culture dans le cadre du Panaf 2009 ne sont pas destinés à la vente mais sont disponibles dans les bibliothèques au niveau national. Pour les éditeurs africains présents au SILA 2010, à l’instar des éditions «Ruisseaux d’Afrique» du Bénin, «Ifrikiya» du Cameroun et «Graines de pensées» du Togo, les ouvrages sont disponibles en exposition-vente dans la limite du stock disponible car, comme le souligne la responsable, «ils ont dû ramener leurs publications dans leurs valises car il n’existe pas d’autre choix pour le moment. C’est ce qui explique qu’ils ne peuvent pas ramener de grandes quantités de livres pour les mettre à la disposition des lecteurs algériens.» Elle tient toutefois à expliquer que la présence des éditeurs africains est importante pour renforcer les relations entre professionnels afin de trouver les meilleures solutions à la problématique de l’inexistence d’un véritable réseau de distribution et de diffusion au niveau continental, ce qui constitue un véritable enjeu pour la promotion de la littérature africaine. «C’est l’intérêt des rencontres organisées au sein du SILA entre les éditeurs africains afin de trouver les meilleurs outils afin de rendre ces ouvrages disponibles au lecteur africain à des prix accessibles, à l’exemple de la cession de droit et de l’impression», souligne Samia Zennadi Chikh. Elle a rappelé qu’avec l’impulsion du Panaf, des maisons d’édition algériennes, comme Apic, Chihab ou Barzakh, se sont déjà attelées à obtenir les droits de rééditer des œuvres d’auteurs africains percutants, à l’instar de Sami Tchak ou de Gilbert Gatoré, afin de les rendre disponibles et à des prix abordables aux lecteurs algériens. Il existe aussi d’autres formules : grâce à l’Alliance internationale des éditeurs indépendants, le dernier ouvrage de Sanou Mbaye, publié initialement en France aux éditions l’Atelier, est disponible dans cinq pays d’Afrique : Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, et en Algérie à travers les éditions Barzakh. Par ailleurs, durant toute la durée du SILA, des intellectuels et auteurs africains animeront des rencontres et des conférences, tous les jours à partir de 15 heures. Ainsi, aujourd’hui, Sanou Mbaye, essayiste et ancien haut fonctionnaire de la Banque africaine, présentera son dernier ouvrage intitulé L’Afrique au secours de l’Afrique. Il est à noter que le choix de cette première conférence n’est pas fortuit puisque, dans cet essai, l’auteur, comme il est souligné dans la présentation de l’ouvrage, «propose à travers une analyse pluridimensionnelle un large éventail de solutions novatrices qui permettront aux Africains de prendre eux-mêmes en main leur propre développement».