Plus de 18.000 enfants se contentent parfois d’un casse-croûte dans un climat où le thermomètre affiche des températures en dessous de 0° C
Les quelques établissements dotés de cantines n’assurent plus les repas depuis que les intendances tardent à régler les dettes.
Ce qui se passe dans plusieurs établissements primaires dans la région de Sour El Ghozlane au sud de la wilaya de Bouira évacue d’un revers de la main les immenses efforts que consent l’Etat pour le bien-être des apprenants, les projets d’une réforme de l’école et les grands discours prometteurs. Pour des raisons de non-paiement de factures aux fournisseurs, plus de 18.000 enfants se contentent parfois d’un casse-croûte dans un climat où le thermomètre affiche des températures en dessous de zéro degré Celsius. Située sur les Hauts-Plateaux, la ville est connue pour son froid sibérien.
Les quelques établissements dotés de cantines n’assurent plus les repas depuis que les intendances tardent à régler les dettes contractées auprès des commerçants qui assurent la fourniture en produits alimentaires. Cette histoire met en exergue deux problèmes importants. Le laxisme de l’administration n’est un secret pour personne. L’intervention du wali qui a dénoué la situation ne diminue en rien la gravité de la situation dans laquelle de jeunes bambins ont payé pour l’irresponsabilité des adultes. Le plus mauvais payeur dans notre pays reste le secteur public. Pour confirmer, il suffit d’aller voir la SDC, le fournisseur énergétique qui détient des milliards de centimes auprès des administrations publiques. Même si l’administration tente de justifier par des arguments inhérents à l’ouverture de l’année budgétaire, la clôture des bilans de l’exercice antérieur et les multiples subterfuges en relation avec la dépense publique et ses contraintes, il reste que tout cela pouvait être résolu par anticipation et ne pas attendre la dernière minute et sanctionner d’innocents enfants. Les commerçants, de leur côté, n’avaient peut-être pas le droit d’utiliser les enfants comme monnaie de pression. Les milliards que récoltent quelques commerçants privilégiés auprès des administrations, annuellement, pouvaient les amener à temporiser et à continuer à faire manger les enfants. Les parents d’élèves qui exigent une enquête demandent à ce que les investigations aillent jusqu’à la vérification des contrats qui lient ces commerçants avec l’administration.
De l’avis de beaucoup, il y a à boire et à manger dans ces conventions souvent ficelées sous la table. Puisque l’heure est à la dénonciation de la corruption, n’est-il pas utile de se pencher sur ces transactions commerciales qui engagent le secteur public avec des fournisseurs privés? La doléance est celle des parents mécontents devant cette situation qui porte préjudice à leurs enfants. Le cas de Sour El Ghozlane n’est pas isolé, puisque dans plusieurs établissements à travers la wilaya, les élèves se suffisent de repas froids par manque de cantine ou de moyens utiles à la préparation d’une soupe chaude. Sur un autre plan, mais relatif à la prise en charge des apprenants, il faut rappeler que bon nombre d’établissements souffrent du manque de chauffage. Le projet de doter 96 écoles primaires en chauffage au gaz naturel en remplacement du gasoil tarde à se concrétiser quand il n’est pas reporté à une date indéterminée. Pour les paliers du moyen et du secondaire, le problème existe mais d’une façon moins pressante et concerne surtout les nouveaux établissements inaugurés à la hâte. Ces situations n’apparaissent pas dans les rapports et bilans élogieux présentés à l’occasion des sessions APW. Les élus dont le rôle reste d’attirer l’attention de l’administration sur ces manques préfèrent souvent, si on excepte quelques membres, fermer les yeux pour ne pas fâcher l’autre côté.