Les éboueurs privés toujours en grève

Les éboueurs privés toujours en grève

Après les effluves peu ragoûtantes faisant suite à l’Aïd, ses brochettes, ses barbecues, mais aussi et, malheureusement surtout ses abats et ses déjections d’ovins, depuis lundi passé, ce sont encore la quasi-totalité des poubelles de la ville qui se « chargent » de faire dans la continuité concernant les odeurs nauséabondes.

La raison en est la grève déclarée par les éboueurs privés depuis une semaine. Aujourd’hui, cela fait exactement huit jours que les poubelles n’ont pas été vidées de leurs contenus. Avec le thermomètre qui affiche plus de 30 degrés depuis jeudi passé, les mouches et les senteurs répugnantes sont devenues les maîtres de la cité.

Le problème devait trouver son épilogue en fin de semaine dernière après l’intervention du wali de Constantine. Les 35 entreprises privées chargées de l’enlèvemment des ordures ménagères avaient éteint le moteur de leurs véhicules pour dénoncer, encore une fois, le mépris affiché à leur encontre par l’entreprise communale, Propco, leur employeur pour le compte de l’APC de Constantine. « Nous en avons assez de la gestion chaotique et du dédain de Propco à notre égard. C’est comme si nous n’existions pas. On nous fait appel pour nous donner les horaires et les quartiers à débarrasser des ordures ménagères, mais quand il s’agit de nous payer, tous les responsables sont aux abonnés absents. Nous n’avons même plus d’argent pour remplir nos réservoirs de gasoil. Quant à payer nos travailleurs et nous-mêmes, cela relève depuis des mois de la pure fiction ». Propos de Hacène, un jeune entrepreneur, qui a cru en son prêt de l’Ansej et en les responsables de l’APC de Constantine pour lancer son entreprise. Hélas, le rêve tourne depuis 2017 au cauchemar. Les éboueurs privés n’ont pas été payés les mois de juillet à décembre 2018, un mois pour 2017, et depuis janvier 2019 jusqu’à présent, aucune redevance n’a été versée.

Les protestataires entendent faire imposer leurs revendications, qui ne sont pas uniquement d’ordre salarial, mais aussi de contrat « boîteux » et de chantage. « Plusieurs d’entre nous ont été approchés séparément par des responsables de Propco leur promettant des avantages au détriment de leurs collègues. Une façon de diviser pour mieux régner. Mais toutes les tentatives ayant échoué, on veut maintenant nous affamer pour nous faire plier, c’est-à-dire « oublier » les mois qu’on nous doit et d’autres manœuvres que la décence m’interdit de préciser », nous dira encore notre interlocuteur.

Du côté de Propco, et malgré les injonctions du wali, l’entreprise communale refuse pour le moment de s’acquitter de ses dus. « Ce n’est pas une dérobade, mais quand il y a cumul des factures de plusieurs mois, il nous est impossible de tout régler en une seule fois », nous avouera un cadre financier de l’entreprise, sans nous expliquer le pourquoi des retards de payement. Il ne fera pas non plus de commentaire quand on lui demandera de nous confirmer si le premier responsable de Propco, et de toutes les Epic relevant de l’APC, avait un salaire qui dépassait les 25 millions de centimes. Un « secret » que tout le monde connaît, mais que les responsables de l’APC tentent d’étouffer.

Il faut rappeler qu’il y a six ans, un vice-président de l’APC de Constantine avait été pris la main dans le sac, confondu par un jeune entrepreneur à qui il avait demandé un pot-de-vin consistant pour lui accorder le « privilège » de faire partie des éboueurs privés de Constantine. Il a été condamné à une lourde peine de prison de dix années.

Nous ne franchirons pas le pas pour incriminer les actuels responsables, mais les problèmes insolubles créés depuis plus de trois ans contre de frêles entreprises de jeunes entrepreneurs laissent penser que les grèves périodiques des éboueurs de la commune de Constantine ne sont sûrement pas le fait d’une mauvaise gestion uniquement