L’interdiction pour les femmes de se photographier avec le voile pour obtenir le passeport biométrique continue de susciter la réaction de personnalités politiques et religieuses.
Celles-ci sont unanimes à réclamer l’intervention du chef de l’Etat, «garant de la Constitution et protecteur de l’islam», lui demandant de surseoir à cette mesure qui s’inscrit en faux avec la réalité du peuple algérien.
«Nous invitons les Algériens à refuser cette injonction d’une organisation internationale (NDLR : organisation internationale de l’aviation civile).
Tout ce qui s’oppose aux commandements de Dieu, contenus dans le Coran et dans la sunna, est à rejeter. La mesure ordonnant aux hommes de se passer de la barbe et aux femmes d’ôter le khimar tend à défier la loi d’Allah. C’est inacceptable», dit M. Abdallah Djaballah, fondateur du parti Ennahda et ex-président du Mouvement de la réforme nationale.
Dans une déclaration exclusive au Jeune Indépendant, l’homme politique revient aussi sur le questionnaire à six feuillets qui comporte certains passages décriés par l’opinion publique, comme ceux qui suggèrent de donner le nom de ses camarades du contingent ou la filiation et les e-mail des collègues de travail.
«Nous avons retenu que certaines questions posées au candidat dans le document sont en inadéquation avec les libertés. Certes, certains passages sont en conformité avec la loi et d’autres ne le sont pas. Cette manière de faire pourrait ouvrir la porte aux abus et à la stabilité sociale», relève l’homme politique et ex-candidat à la présidence de la République.
Contacté par le Jeune Indépendant, M. Aboudjerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix et ex-ministre d’Etat, revient sur le communiqué diffusé par son parti le 31 mars. «L’islam est la religion de l’Etat algérien. Cela est consacré dans l’article 2 de la Constitution.
Ces référents ne doivent pas être occultés. Ainsi, la mesure interdisant le khimar et la barbe n’est pas en conformité avec la loi fondamentale du pays», souligne le successeur de feu Mahfoud Nahnah. Et d’ajouter : «L’Algérie est le pays de Novembre 1954 dont la déclaration stipule que l’Etat sera bâti sur les principes de l’islam».
Quant à Me Zehouane, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, «les nouvelles mesures sont le reflet de l’obsession américaine à voir le terrorisme dans la tête de chaque musulman et de chaque musulmane». «Nous refusons cela», a-t-il indiqué au Jeune Indépendant.
Par ailleurs, de nombreux Algériens établis en Europe et aux Etats-Unis tiennent à souligner que leur pays d’accueil ne les contraint nullement à se raser la barbe ou à ôter le voile pour se prendre en photo. En effet, un Suédois d’origine algérienne témoigne : «Je suis de nationalité suédoise, je porte la barbe et ma femme le voile.
Nous n’avons aucun problème avec le passeport biométrique. Nos autorités seraient-elles mal informées sur les exigences de l´identité biométrique ? Aux Etats-Unis, c´est le même topo. Il n’y a qu’à voir les juifs barbus (orthodoxes) qui sillonnent les aéroports du monde.»
Djamel Zerrouk