Hécatombe sur nos routes
Chaque année, l’Algérie dépasse le seuil des 4000 morts, se classant parmi les pays qui enregistrent le plus de victimes sur les routes. Une situation qui interpelle, outre les usagers de la route, les services de sécurité qui doivent sanctionner la moindre infraction.
A cause d’un chauffard qui a transgressé la loi interdisant aux véhicules poids lourds de circuler à l’intérieur de la ville entre 7h et 19 h, la paisible ville de Constantine a été endeuillée, jeudi après-midi, par un violent accident qui a plongé les habitants dans la stupeur et la tristesse. Roulant à tombeau ouvert, un semi-remorque qui empruntait la descente d’El Menia, a percuté violemment sept véhicules, faisant neuf blessés dont trois dans un état jugé grave. Selon la Protection civile, le conducteur du camion a dérapé perdant le contrôle de son véhicule.
Dans la matinée de jeudi, la wilaya de Tizi Ouzou a, elle aussi, été le théâtre de plusieurs accidents qui ont fait près d’une trentaine de blessés. L’accident survenu dans la commune d’Illoula Oumalou a failli se transformer en drame, suite au dérapage d’un minibus qui a terminé sa course en percutant un abribus au lieudit Tabouda. Bilan: six personnes blessées dont deux sont dans un état grave. A l’est du pays, plus précisément à El Tarf, un carambolage entre un minibus et deux véhicules de tourisme a causé de sérieuses blessures à leurs occupants.
Selon un communiqué de la Gendarmerie nationale, c’est durant la journée de mercredi dernier, que les accidents de la route ont causé le plus de victimes, avec 17 morts et 95 blessés sur l’ensemble du territoire national. Les accidents les plus graves se sont produits, précise-t-on, sur les axes routiers Sidi Bel Abbès-Saïda et Belaasel Bouzegza-Sidi Khetab, dans la wilaya de Relizane. A eux seuls, les deux accidents ont provoqué la mort de six personnes. Une hécatombe que ni les campagnes de sensibilisation menées par la Gendarmerie nationale et la Dgsn ni l’important dispositif qu’elles ont déployé ces trois dernières années, n’ont réussi à freiner. Bien au contraire, en voyant tous ces accidents et leurs cortèges de morts, on a l’impression que les chauffards sont survoltés et qu’ils ont trouvé un nouveau terrain de chasse, en hantant les routes à la recherche de victimes pour faire parler d’eux.
Il n’est pas rare de croiser sur sa route des bolides flashés à plus de 150 km à l’heure, en train d’effectuer des dépassements très dangereux qui donnent des frissons aux autres conducteurs, particulièrement ceux qui voyagent avec un bébé à bord et respectent scrupuleusement le code de la route. Même les bandes d’arrêt d’urgence, censées comme leur nom l’indique, servir à l’évacuation de malades et au passage de cortèges officiels, sont obstruées au vu et au su des brigades mobiles de la police nationale.
Ainsi, on se demande à quoi servent finalement ces retraits de permis, lorsque l’on sait que nombre de conducteurs à qui on a enlevé le précieux document rose, réussissent souvent à le récupérer, parce que leur voisin ou ami est un policier ou un gendarme.
Afin de mettre fin à cette honteuse pratique qui a pris de l’ampleur et se mettre au niveau des pays qui l’ont adoptée, les autorités avaient prévu de lancer le permis à points. Pour des raisons que l’on ignore, la mesure est malheureusement à chaque fois généralisée, tout comme le dispositif législatif promulgué il y a deux an. Le code de la route est foulé aux pieds et les lois et autres mesures destinées à assurer une meilleure fluidité de la circulation à l’intérieur des grandes villes sont transgressées par les camionneurs, à l’image de ce camion fou de Constantine. Nombre d’accidents sont l’oeuvre de camionneurs ou de chauffeurs de transport en commun.
Au lieu de rouler à droite comme le prévoit la réglementation en vigueur, les bus, transporteurs de voyageurs se déportent souvent sur la gauche. Pis encore, certains conducteurs jouent parfois avec la vie des passagers en effectuant des dépassements très dangereux même sur les routes étroites, à double sens. A Alger, on assiste souvent à des courses effrénées entre minibus pour arriver les premiers aux points de ramassage. S’arrêtant n’importe où et faisant fi des mesures en matière de conduite et de sécurité des passagers, ils sont devenus un véritable danger public. Tout comme les bus qui assurent la desserte des banlieues. Outre leur aspect repoussant qui dénature la capitale, ces bus sont complètement laissés à l’abandon, à tel point que des receveurs utilisent un passe-partout pour ouvrir de l’extérieur la porte aux usagers qui veulent descendre.
Que se passerait-il en cas d’accident? Il est temps de se pencher sérieusement sur ce problème, ainsi que sur celui des accidents de la route. D’autant plus que tous les dispositifs humains et matériels mis en place, jusqu’ici, ont montré leurs limites.