Fonctionnaires, étudiants, jeunes sans emploi et même des retraités de Blida ne lésinent pas sur les moyens pour acquérir et entretenir des motos, considérées comme un « échappatoire » aux multiples aléas de la circulation routière.
« Ici à Blida, dans chaque famille, il y a au moins une moto. Les gens ne font appel à la voiture que lorsqu’il s’agit de déplacement en famille où lorsqu’ils décident d’aller loin », explique un sexagénaire, Tahar, lui-même roulant en moto « dernier cri », comme il aime à le dire.
Pour les jeunes, rouler à bord d’une bécane déchaîne les passions, au point où une « course folle » est souvent engagée entre eux pour acquérir la plus performante de ce véhicule léger, devenu incontournable dans la ville des roses.
Cet engouement sans pareil pour les deux roues fait également le bonheur des grandes marques de motos qui s’y sont installées. »Il est vrai que les prix que nous appliquons ici dépassent le pouvoir d’achat d’une grande partie des jeunes, mais cela n’empêche pas les clients de solliciter davantage nos produits », se félicite le gérant d’un grand magasin à Khazrouna, à l’entrée est de Blida.
En cette période de début de printemps, le marché de ce type de véhicules « prend l’ascenseur », ce qui constitue une aubaine pour les vendeurs aussi bien des produits neufs ou d’occasion.
« Une moto usagée qui se vendait, il y a quelques semaines, à 60.000 dinars est proposée aujourd’hui à près de 100.000 dinars, alors que des hausses entre 15.000 et 20.000 DA sont appliquées sur les motos neuves », observe Hamid, la quarantaine, revendeur.
Un pan de la culture blidéenne
L’attachement des Blidéens aux motos n’est nullement un phénomène nouveau, mais date plutôt du temps jadis. Les bécanes constituent, affirment des natifs de cette ville, un « pan entier de la culture locale ».
Ces moyens « légers » de déplacement ont, depuis les premières années de l’indépendance, rythmé le quotidien des habitants de la ville des roses. « Jadis, même dans les fêtes familiales, on reconnaissait aisément les cortèges des blidéens, car les voitures étaient souvent accompagnées de motos pour créer une ambiance particulière », se rappelle, non sans nostalgie, Abdelkader, un septuagénaire.
« Blida est connue pour le penchant de ses habitants pour les deux roues, à commencer par le vélo. D’ailleurs, cette wilaya a enfanté plusieurs champions de cyclisme, à l’image des regrettés Mahieddine Kaddour, surnommé l’Aigle de Chréa et Tahar Zaâf, explique, de son côté, Mohamed, un sexagénaire.
Les deux « Vétérans » déplorent toutefois l’attitude des jeunes qui au lieu de profiter des plaisirs de la moto , en font un ’’outil de désagrément »
Nuisance sonore et tracasseries au quotidien
Roulant à vive allure à travers les petites ruelles, ces « motards », qui s’affolent notamment pendant la soirée, provoquent des désagréments permanents pour les riverains. Ce qui accentue le bruit assourdissant des bécanes est l’attitude préméditée de leurs propriétaires à enlever les pots d’échappement ou plutôt à en placer des « bruyants », expliquent les connaisseurs. « Nous n’arrivons plus à fermer l’oeil.
Les jeunes font preuve d’une folie démesurée en conduisant leurs motos.
Si cette situation persiste, nous allons saisir les services de sécurité pour prendre les mesures nécessaires’’, rouspètent plusieurs habitants, outrés par la pollution sonore qui porte préjudice notamment aux personnes malades et aux enfants.
Négligeant le port de casques et circulant dans « tous les sens », certains propriétaires de motos n’accordent aucun respect au code de la route, une attitude qui n’est pas sans risques pour eux-mêmes, pour les autres usagers de la route et pour les piétons notamment .
Cette conduite « hors- la loi » est, d’ailleurs, à l’origine de plusieurs accidents et querelles. « Ces motards tournent complètement le dos à la réglementation.
Nous nous querellons quasi-quotidiennement avec eux. Il faudrait prendre des mesures répressives à leur encontre pour les ramener à de meilleurs sentiments’’, font remarquer des automobilistes, excédés.
Les jeunes motards réfutent ces accusations, estimant que le tapage est plutôt provoqué par les motos usées et dont les propriétaires n’ont pas les moyens pour réparer les pannes. La pièce de rechange étant chère.
Quant au non-respect du code de la route, « nous sommes obligés d’emprunter le moindre espace libre pour éviter les encombrements. Les accidents sont généralement provoqués par une partie de jeunes non initiés à la condu