De retour d’Afrique du Sud, Mohamed Raouraoua attaquera aussitôt le dossier de l’entraîneur de l’équipe nationale avant de se pencher sur les autres dossiers de la FAF.
Une rencontre au sommet est programmée demain samedi entre lui et celui qui pourra entraîner l’équipe nationale pendant les deux ans à venir, à savoir Saâdane. L’avenir du staff de la sélection dépend de ce rendez-vous que tout le monde attend impatiemment. Cette réunion est cruciale pour l’avenir de la sélection algérienne. Les deux hommes évoqueront plusieurs sujets sensibles relatifs à l’organisation et à l’encadrement de l’équipe, mais aussi et surtout ce qui s’est passé avant, pendant et après la Coupe du monde. Tout sera passé au peigne fin et chacun des deux hommes donnera son point de vue concernant les sujets qui seront traités au cas par cas.
Les choses n’étaient pas claires dès le départ
On ne peut pas parler de cette rencontre sans évoquer ce qui s’est passé entre les deux hommes depuis l’élimination de l’Algérie au premier tour de la Coupe du monde. Il y a eu d’abord la déclaration de Saâdane à la fin du match face aux USA. Alors que tout le monde attendait l’annonce officielle de sa démission, le Cheikh surprendra tout le monde en évoquant, même indirectement, son intention et surtout sa volonté de continuer.
«Je laisserai le soin à Raouraoua de parler de mon avenir. Pour l’instant, je suis fatigué. Je rentre au pays pour me reposer, et après on verra…», disait-il à la presse nationale et internationale, qui insistait pour lui arracher une déclaration susceptible d’éclairer ce point. Laissés sur leur faim, les journalistes ont eu droit à une phrase très significative lancée par Saâdane à l’arrivée de la délégation algérienne à Alger. «Fiha kheir» disait-il avec un large sourire, qui en disait long sur son souhait de poursuivre son aventure à la tête des Verts.
Les déclarations controversées du Cheikh
Depuis cette fameuse phrase, Saâdane a gardé le silence pendant un moment. Il a fallu que Compétition dévoile ce qui s’était dit entre Saâdane et Raouraoua au téléphone pour pousser l’entraîneur à sortir enfin de son mutisme. «J’ai dit oui à Raouraoua…» C’était la déclaration faite par Saâdane à un confrère.
En fait, ce «Oui» est un oui pour discuter et non pour continuer à driver l’équipe nationale. Dans le cas contraire, il était plus approprié de dire : «Je serai l’entraîneur national jusqu’en 2012.» Ce qui donne de la consistance à cette hypothèse, c’est son refus de discuter des modalités de son contrat au téléphone, préférant attendre le retour du boss pour en débattre autour d’une table. Cela prouve non seulement que le maintien de Saâdane à la tête de l’équipe ne se décidera qu’une fois les deux hommes auront clarifié certains points, mais aussi et surtout c’est que Saâdane lui-même ne sait pas s’il va continuer ou pas.
Pourquoi évite-t-il de dire qu’il sera le sélectionneur des Verts ?
Pour un nombre d’Algériens, Saâdane serait à coup sûr l’entraîneur national pendant au moins les deux prochaines années. Et pourtant, l’intéressé n’a jamais dit d’une manière claire et précise qu’il sera l’entraîneur des Verts, ou qu’il continuera son aventure pour encore deux ans. Entre dire «Oui à Raouraoua», et dire «Je suis l’entraîneur des Verts jusqu’en 2012», il y a une différence de taille.
Saâdane qui pèse bien ses mots sait que des sujets sensibles liés à la gestion de certains cas peuvent faire capoter les négociations. Beaucoup de choses se sont passées pendants ces deux dernières années, qui pour une raison ou une autre, n’ont pas été étalées dans la presse. Il y a un grand risque que ces sujets qui fâchent refassent surface samedi prochain à l’occasion de la rencontre au sommet entre Raouraoua et Saâdane.
Les reproches de Saâdane à la FAF
Parmi les sujets que Saâdane va débattre avec le président de la FAF, il y a le choix du camp de base en coupe du monde. Sur ce point-là, le Cheikh va mettre sur le dos de la FAF toutes les mésaventures vécues par l’équipe algérienne à cause de ce choix. On rappelle que contrairement à toutes les équipes participantes au Mondial, l’Algérie a raté la première séance d’entraînement le jour même de son arrivée à Durban. Les joueurs ont été ensuite contraints d’annuler la séance de la veille du match face à la Slovénie sur le terrain principal à l’heure du match.
Et enfin, le groupe était dans l’obligation de faire 3 heures de route après le match pour rejoindre son camp de base, parce qu’il a pris le vol Polokwane-Durban au lieu de Polokwane-Margate, et cela à cause de l’exiguïté de l’aéroport de Margate. Les Verts ont rejoint finalement leur camp de base à une heure du matin fatigués et complètement extenués. Saâdane, mécontent du choix du camp de base, pense que la FAF devait choisir un camp proche de la ville, et donc, d’un grand aéroport pour éviter aux joueurs ce genre de problème.
La gestion du volet médical, qui est le responsable ?
Le deuxième sujet délicat que les deux hommes sont obligés d’évoquer concerne la gestion de certains dossiers médicaux. Saâdane pense que ce service n’a pas été efficace. La gestion du cas Meghni frappe aux yeux. Ce joueur a été envoyé à la clinique Saint Rafael une première fois. Il a passé 6 semaines avant que les médecins de l’équipe nationale ne se rendent compte que ce n’était pas un bon choix.
Ils ont alors décidé de le transférer à Aspétar où il a passé plusieurs semaines de soins pour, à la fin, rater le Mondial. Saâdane, qui avait annoncé la nouvelle du forfait de Mourad avec les larmes aux yeux, a compris que son service médical s’est trompé dès le début.
Pourquoi ne l’a-t-on pas opéré après la CAN ? C’est une question que Saâdane se posait en Suisse. Ce qu’il le dérangeait le plus, c’est qu’en équipe nationale et précisément dans le staff médical, il n’y avait pas un responsable auquel on pouvait demander des explications. En effet, on ne savait pas vraiment qui a pris les décisions concernant ce cas, car il y avait plusieurs médecins et plusieurs responsables. Qui blâmer ? Et qui peut assumer l’échec de la gestion du dossier Meghni ?
Ce qu’il reproche à Raouraoua
S’il y a une chose que Saâdane reproche à son boss, c’est qu’il ne lui a pas demandé de continuer de driver l’équipe nationale avant la Coupe du monde. Considérant qu’il a réussi dans sa mission en qualifiant l’Algérie au Mondial après 24 ans d’absence et en arrivant aux ½ finales de la CAN, Saâdane pense qu’il a mérité de poursuivre son aventure à la tête des Verts. Il attendait un signe de Raouraoua avant le Mondial et ne pensait guère que ce dernier allait attendre la fin de son contrat et surtout les résultats de l’Algérie en Coupe du monde pour se décider.
Et pourtant, c’est ce qui s’est passé. Raouraoua qui a pris contact avec certains techniciens étrangers, a largement hésité avant de demander à Saâdane de rester. Cela a beaucoup déçu le coach national. Il a pris la chose comme un manque de reconnaissance de sa part pour tout ce qu’il a donné à cette équipe.
Raouraoua avait ses propres raisons
Mohamed Raouraoua a aussi des reproches à faire à son entraîneur. Le choix de Crans Montana (fait par Saâdane) était largement contesté par les techniciens et les spécialistes. Ces derniers pensent que la blessure de Yebda est due essentiellement à l’altitude. Contrairement à la France qui a fait un stage d’une semaine en altitude, pour seulement faire de l’oxygénation et recharger les batteries, l’Algérie a effectué sa préparation en altitude, et y a même joué des matchs, ce qui est, de l’avis des spécialistes, inapproprié. Cela n’est pas le seul reproche que pourra faire Raouraoua à Saâdane, puisqu’il existe d’autres points plus importants comme la gestion de l’effectif.
Il faut dire que le président de la FAF n’était pas d’accord avec le choix d’introduire les noms de quelques joueurs. On parle de Saïfi et à un degré moindre de Gaouaoui. Face à l’insistance de Saâdane de prendre ces deux joueurs, Raouraoua ne pouvait s’y opposer, laissant la responsabilité de ce choix à son coach. On signale qu’il y a eu même un bruit comme quoi Saâdane avait tissé des liens dépassant le cadre sportif avec un joueur. On raconte même que ce joueur assurait l’hébergement du fils de Saâdane, étudiant en France (il lui aurait donné les clefs de son appartement), en contrepartie, Saâdane lui a offert un Mondial.
Le cas Boudebouz
On a appris aussi que Mohamed Raouraoua avait demandé à Saâdane de mettre directement Boudebouz dans le bain dès le stage pour pouvoir l’utiliser en Coupe du monde. Saâdane, catégorique, avait refusé de sacrifier un des joueurs pour laisser de la place à Ryad Boudebouz. A l’époque, Saâdane avait donné de forts arguments qui ont fini par convaincre Raouraoua. Il disait que Boudebouz était encore jeune et qu’en lui demandant de jouer directement, on risquait de le griller.
Djamel Abdoun était aussi un sujet de débat entre les deux hommes. Raouraoua pensait que ce joueur méritait qu’on lui donne plus de chance, alors que Saâdane pensait le contraire. Tous ces sujets seront débattus aujourd’hui samedi, en plus, bien sûr, de ceux qu’on avait évoqués dans nos précédentes livraisons, et qui sont relatifs aux modalités du nouveau contrat de Saâdane : le salaire, les avantages, les prérogatives…, ainsi que les adjoints qui devront travailler à ses cotés et dans l’entourage de l’équipe