Cela ne fait aucun doute, Alger et Rabat se livrent, voilà quelques semaines déjà, à une véritable «bataille» à travers des aides humanitaires destinées aux pays de la région du Sahel et du Maghreb.
Le Maroc se précipite pour proposer son aide au Mali, à la Mauritanie, à la Tunisie, au Niger, au Sénégal et au Tchad afin de gagner la «voix» de ces pays pour peser lourdement sur le dossier du Sahara occidental. Une nouvelle ère de «guerre» est en train d’écrire son histoire entre les deux capitales.
Après que les autorités algériennes ont annoncé une batterie d’aides humanitaires destinées aux pays de la région du Sahel, mais aussi à des Maghrébins, voilà que les marocains, à leur tour, annoncent des aides au profit des mêmes pays. Mieux, en voyant l’Algérie gagner du terrain, Mohamed VI se trouve depuis quelques jours au Mali.
Une visite qui dit tout, et surtout que le Maroc vise à tout prix de se rallier, non seulement le Mali mais l’ensemble des pays Maghrébins et Sahéliens et ce, à des fins géopolitiques qui visent à isoler l’Algérie et le Polisario dans la région.
Toutefois, l’Algérie est très consciente de cette nouvelle tentative du Maroc. Cela dit, les autorités algériennes sont les plus présentes dans la région ; d’ailleurs l’histoire l’a déjà prouvé.
Pour expliquer mieux cette «guerre» qui sévit entre Alger et Rabat, il faut remonter un peu dans le temps. En juillet, août et septembre passés, l’Algérie a livré des dizaines de tonnes de denrées alimentaires ainsi que des milliers de tentes au Mali, au Niger et au Tchad, une bouffée d’oxygène pour les milliers de familles pauvres subsahariennes livrées à elles-mêmes.
L’Algérie a, également, envoyé des aides au profit de la Tunisie, de la Mauritanie et de la Libye et sous d’autres formes, par exemple la formation des forces de l’ordre des deux pays.
Empruntant la même démarche dans l’espoir de gagner ces pays à leur cause, les autorités marocaines, bien qu’en mauvaise situation économique, politique et sociale, en ont fait de même. Autrement dit, le royaume marocain a, soudain, décidé d’apporter des aides humanitaires aux mêmes pays que l’Algérie a aidés.
Pour le Maroc, ce sont des aides qui s’inscrivent soi-disant dans la voie de fraternité, cependant il s’agit bien entendu d’actions à des fins politiques, comme l’expliquent beaucoup d’observateurs et experts en géopolitique.
Pourquoi et comment ? C’est simple, expliquent les observateurs. Le Maroc est entré en «conflit» politique avec le Mali et la Mauritanie voilà déjà plus de deux ans, car ces deux pays ont choisi de soutenir la cause Sahraouie.
Pour punir ces deux pays, le Maroc avait décidé, en 2011, d’arrêter ses aides au profit du Mali et de la Mauritanie à l’époque de l’ex-Président malien Amadou Toumani Touré (ATT) et de l’actuel Président mauritanien Ould Abdelaziz. Toutefois, le Royaume marocain a été contraint, du fait de la conjoncture et devant la montée des pays qui ont choisi de soutenir le Polisario, de revoir sa stratégie au Sahel et au Maghreb.
Autrement dit, les aides que le Maroc est en train de livrer aux pays du Sahel, tels que le Mali et le Niger ou encore le Sénégal, ne sont que des «scénarios» appuyés par les médias marocains pour faire croire que le Maroc est présent, alors que derrière cette vitrine se cachent des calculs purement politiques.
Prenons à titre d’exemple ce que le Maroc a décidé, la semaine passée, pour tenter de charmer les autorités maliennes : cinq cents (500) imams maliens vont être formés par le Maroc en deux ans, en vertu d’un accord signé à Bamako vendredi passé, au troisième jour de la visite au Mali du roi Mohammed VI.
L’accord a été signé à l’ambassade du Maroc par le ministre malien de l’Administration du territoire, Moussa Sinko Coulibaly, et le ministre marocain des Affaires islamiques, Ahmed Toufik, en présence du roi Mohammed VI. Cette visite de sa majesté au Mali n’a d’autres explications que politiques.
S. Abi