Ceux qui attendent une « amnistie » qui leur épargnerait de rembourser leur crédit Ansej devront déchanter. A moins d’une décision « supérieure », ils devront payer ou faire face à des poursuites judiciaires.
Aucun effacement des dettes des jeunes entrepreneurs n’est prévu, a indiqué le directeur de l’ANSEJ (Agence Nationale de soutien a l’emploi des Jeunes) Mourad Zemali dans un entretien au quotidien Echorouk publié mardi 8 septembre.
Les bénéficiaires des crédits ANSEJ n’auront donc pas droit à une amnistie des dettes. « Ceux qui travaillent dur sont capables de rembourser 3 millions DA (300 millions de centimes) en seulement deux ans », a indiqué M. Zemali.
Le directeur de l’ANSEJ a balayé les critiques envers son agence concernant la dilapidations de « milliards » en la forme de prêts non-remboursables à des jeunes entrepreneurs inexpérimentés.
« Nous ne distribuons pas des « milliards ». 84% des crédits accordés ont une valeur allant de 3 à 5 millions de DA. Ceux qui travaillent dur sont capables de rembourser des prêts de 3 millions (300 millions centimes) en deux ans », a expliqué M. Zemali.
Pour illustrer ses propos, Mourad Zemali a donné l’exemple du propriétaire d’une boite de communication qui a pu décrocher un contrat d’une valeur de 4 millions DA, quatre mois après la création de son entreprise. L’entrepreneur a remboursé son crédit en une seule tranche.
2000 entreprises financées grâce aux crédits remboursés
Il affirme que les personnes de moins de 20 ans, jugées « trop jeunes », ne représentent que 1% des bénéficiaires des crédits ANSEJ. Les 25-30 ans représentent la catégorie qui a bénéficié de la part du lion des prêts, soit 38%.
Les prêts de l’ANSEJ ne coûtent pas grand chose à l’Etat, explique M. Zemali. Les sommes accordées en la forme de crédits sont récupérées plus tard et sont utilisées pour financer d’autres projets. Selon lui, l’agence a financé plus de 2000 petites entreprises en 2014 grâce aux anciens crédits remboursés. En 2015, estime-t-il, 3000 projets seront financés de la même manière.
Mourad Zemali s’insurge contre les informations décrétant l’échec de l’Ansej ou dénonçant l’absence de contrôle qui permettrait aux bénéficiaires de frauder. Il souligne que 70% du montant du crédit alloué n’est pas reçu en liquide par les bénéficiaires. Tout se passe entre la banque et le fournisseur de l’équipement acheté pour le projet.
L’Ansej, affirme-t-il, contrôle le projet un mois après son lancement et continue à le faire régulièrement trois mois après, puis six mois et un an. Après un an, indique-t-il, si on constate que le bénéficiaire fonctionne de manière normale on « laisse le contrôle aux services de la CNRC (registre de commerce), des impôts et autres ».
Zemali minimise ainsi les défaillances. Les cas de recours à la justice paraissent peu nombreux. Selon les chiffres du DG de l’Ansej 260, jugements ont été prononcés depuis la création de l’agence en 1996. Dix-sept de ces jugements ont édicté des peines de prison ferme contre les bénéficiaires de crédits pour des chefs d’accusation de dilapidation de biens hypothéqués ou détournement de vocation des crédits.
ANSEJ ne financera que les projets rentables
La « rationalisation des dépenses » (la formule qu’emploie le gouvernement pour désigner les mesures d’austérité face à la chute des cours de pétrole) ne toucheront pas les crédits ANSEJ, selon le directeur de l’agence.
Au contraire, estime-il, car les petites entreprises sont la solution idéale pour diversifier l’économie et sortir de la dépendance aux hydrocarbures. « La réussite économique se base sur les petites entreprises, comme en Chine, en Inde ou en Indonésie », a-t-il expliqué.
Mais, nuance M. Zemali, l’ANSEJ ne financera dorénavant que les projets jugés rentables et qui apportent une valeur ajoutée à l’économie ou aux services. « Les jeunes seront désormais orientés vers les projets créateurs de richesse, comme dans l’industrie, l’agriculture, les technologies de la communication ou les services manquants aux zones éloignées », a-t-il déclaré.