Les dessous de la conquête de Tripoli,Des soldats français et britanniques sur le front

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Comment des volontaires rebelles, sans formation, sont arrivés à défaire une armée professionnelle?

Quels que soient les démentis émis ici et là, le voile commence à se lever sur les dessous de «l’étrange conquête» de la capitale libyenne par les rebelles.

Des journalistes de l’AFP ont rapporté, jeudi, avoir aperçu des soldats français et britanniques sur le front au côté des combattants rebelles, alors que Nicolas Sarkozy affirmait qu’ «il n’y a pas de forces spéciales françaises au sol». Qui dit vrai? Encore une énigme qui fait l’objet de polémique. Entre informations infiltrées, témoignages de la population et des journalistes sur place, sources anonymes, démentis officiels. (…) Il serait complètement naïf d’estimer que les occidentaux sont absents sur le terrain des opérations. Les rebelles, constitués majoritairement de volontaires sans formation spéciale, auraient ainsi eut raison d’une armée professionnelle sans autre formes de procès et sans l’aide des occidentaux. Allons donc! Voilà ce que l’on aimerait faire croire à l’opinion publique internationale.

Or, l’évidence est là: les rebelles n’auraient jamais pu entrer dans Tripoli sans l’appui et la logistique des forces armées occidentales, notamment françaises et britanniques, analysent spécialistes et experts militaires. Arrivés aux portes de Tripoli, les rebelles avaient longtemps temporisés, histoire de donner un temps de réflexion à El Gueddafi et à ses fidèles, pour se rendre ou pour baisser les armes. Il est clair maintenant que ce n’était guère le cas. Ils temporisaient le temps que les «autres» prennent la décision. Des journalistes de l’AFP ont cependant rapporté hier avoir vu des militaires français et britanniques sur le sol libyen, à environ 150 kilomètres de Benghazi, le siège du Conseil National de Transition.

Cité par le New York Times, un haut gradé de l’Otan, expliquait la présence de conseillers militaires français et britanniques. Ce même conseiller dit ignorer si des agents de la CIA sont également sur le terrain auprès des rebelles, mais «ils devraient certainement y être» ajoute-t-il. Dès le mois d’avril, Axel Poniatowski, président (UMP) de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale françase, avait demandé l’envoi de 200 à 300 membres de forces spéciales de pays de l’Otan pour aider la rébellion et guider les avions de la coalition sur les objectifs du régime de Mouamar El Gueddafi en Libye. Et quelques jours plus tard, la France, la Grande Bretagne et l’Italie avaient annoncé l’envoi de conseillers spéciaux. Ainsi, François Baroin, porte-parole du gouvernement français, indiquait le 20 avril, que la France mettrait à la disposition du Conseil national de transition libyen (CNT) un «tout petit nombre d’officiers de liaison afin d’organiser la protection de la population civile», selon le Figaro du 21 avril.

De son côté, le quotidien britannique Daily Telegraph indiquait que les SAS, les forces spéciales britanniques, qui ont aidé à coordonner les opérations ayant permis la chute de Tripoli, «vêtues en civil et portant les mêmes armes que les rebelles», auraient désormais pour mission de traquer Mouamar El Gueddafi. L’AFP rapporte que ces agents, en civil, sont déployés depuis plusieurs semaines sur le front est des combats opposant les forces fidèles à Mouamar El Gueddafi et les troupes rebelles. Ils seraient installés à Zuwaytinah, dans les containers d’une ancienne raffinerie qui sert de centre de commandement rebelle pour le front est. Dès les premières déclarations à ce sujet, le président français Nicolas Sarkozy a démenti mercredi la présence de forces spéciales françaises au sol en Libye: «Nous avons des observateurs parce que nous avons des renseignements mais il n’y a pas de forces spéciales», a-t-il insisté. Le gouvernement britannique est sur la même ligne avec ses SAS. L’Elysée affirme qu’il n’y a aucune unité des forces spéciales sur le sol libyen, mis à part des «observateurs». Or, quels que soient les démentis émis ici et là, tout finira par se savoir, alors que le voile commence à se lever sur les dessous de «l’étrange conquête» de la capitale libyenne par les rebelles.

PRÉSENCE D’EL GUEDDAFI EN ALGÉRIE

Démenti des Affaires étrangères

Le ministère des Affaires étrangères a démenti hier «de la manière la plus catégorique», l’information relayée par certaines rédactions et agences de presse sur le passage en Algérie d’un convoi de véhicules en provenance de Libye. Interrogé par l’APS au sujet de cette information, le porte-parole du MAE, Amar Belani, a déclaré que «depuis quelques mois, l’Algérie est ciblée par un flot de fausses informations, dont le caractère fallacieux a été à maintes fois prouvé», soulignant qu’»il en est de même pour l’information diffusée par l’agence Mena au sujet de véhicules Mercedes qui auraient prétendument franchi la frontière algéro-libyenne». «Cette information, a affirmé le porte-parole, est dénuée de tout fondement et nous la démentons de la manière la plus catégorique». Pendant toute la journée, la presse a signalé qu’un convoi de Mercedes blindées est passé vendredi de Libye en Algérie avec peut-être à son bord Mouammar El Gueddafi, en reprenant l’agence officielle égyptienne citant une source rebelle libyenne, mais le numéro deux de la rébellion a déclaré ne pas avoir de confirmation. L’ancien Guide libyen reste introuvable depuis que les rebelles ont pris Tripoli, et en particulier son quartier général mardi. «Six Mercedes blindées sont entrées ce matin vendredi dans la ville de Ghadamès» dans l’ouest de la Libye, a affirmé Mena en citant une source du conseil militaire libyen dans cette localité située à la frontière avec l’Algérie. Les voitures ont été escortées jusqu’à leur entrée en Algérie par une «brigade» (katiba) militaire loyaliste, a précisé l’agence, en ajoutant que les rebelles n’avaient pas pu pourchasser le convoi en raison d’un manque de munitions et d’équipements. «On pense qu’elles (les voitures) transportent de hauts responsables libyens, possiblement Kadhafi et ses fils», a poursuivi cette source. «Rien n’est confirmé», a cependant déclaré à des journalistes le numéro deux de la rébellion libyenne, Mahmoud Jibril, présent au Caire pour des entretiens avec les dirigeants égyptiens. Un ancien garde du corps du dirigeant libyen, le colonel Abdessalam Khalafallah Annadab, a estimé que le colonel Kadhafi était «encore à Tripoli» ou «en route pour le Niger où il a de la famille qui peut le protéger». Le colonel Roland Lavoie, porte-parole de l’Otan pour la mission en Libye, s’est refusé à tout commentaire: «L’Otan ne vise pas des individus. Nous conduisons les opérations en Libye en accord avec le mandat de l’ONU qui vise à protéger les civils», a-t-il indiqué par mail. «Notre politique est de ne faire aucun commentaire sur les questions de renseignements», a-t-il ajouté.