Les derniers scénarios en sous-sol au RND et au MSP

Les derniers scénarios en sous-sol au RND et au MSP

L’importance de la coalition présidentielle s’est vérifiée lors de la séparation, dans la déchirure, de Soltani d’avec ses deux pairs, Belkhadem et Ouyahia, puis, après la désintégration totale de ce conglomérat de partis islamo-nationalistes. Ainsi, aujourd’hui, de grandes manœuvres refont surface  pour reformer une coalition, destinée à d’autres missions.

Ainsi, au RND, la guerre des tranchées entre trois courants du parti a déjà commencé. Abdelkader Bensalah, nommé au Sénat, peut toujours prendre la tête du parti.
C’est à cela que tendent les manœuvres actuelles du clan Ouyahia. De toute évidence, Ouyahia ne fera pas à Yahia Guidoum ce dernier cadeau de lui laisser le champ libre pour prendre le poste de SG. De ce fait, un tête à tête à réuni Ouyahia et Bensalah, il y a trois jours à la périphérie d’Alger, et l’axe des discussions avait trait à la nécessité de barrer la route au clan Guidoum et aux voies légales pour ce faire.
Le MSP, lui aussi, arrive «en fin de règne». Discipliné, bien rodé et rompu à la chose politique, le MSP ne parvient pas, cependant, à se ressaisir, alors que le second mandat de Boujerra Soltani arrive bientôt à expiration. Un troisième mandat ne lui sera pas possible. Mais, s’il compte bien céder sa place dans quelques mois à l’un de ses proches collaborateurs, ses adversaires au parti- et ils sont nombreux- entendent bien lui écourter les jours qui lui restent à commander à la tête du parti.
Mokri, un de ses plus fidèles adjoints, se met sur orbite. Des points de divergences avec son président ont été difficilement contenus, comme celle de l’alignement sur les partis d’opposition, la non-participation au gouvernement, l’affaire Amar Ghoul, qui ont constitué autant de points où les deux hommes ont eu à croiser le fer. La déchéance de Soltani étant entendue, après le piètre score enregistré aux élections législatives, puis aux locales, il restait à trouver le bon «cheval» pour se replacer de nouveau dans le paysage politique algérien.
Le retrait de l’alliance présidentielle a été aussi pour beaucoup dans la chute du MSP, qui a longtemps survécu grâce à ce conglomérat qui lui permettait de «vivre aux crochets du pouvoir». A la place de’ la coalition présidentielle, formée aussi du FLN et du RND, Soltani a initié une autre,«l’Alliance de l’Algérie verte », vaste conglomérat islamiste, qui tablait sur cette fédération «ikhwaniste» pour ratisser large et prendre le gouvernement. Les résultats ont été désastreux, et les militants sont sortis des législatives «choqués», après avoir été gavés pendant des semaines de discours triomphalistes.  Le nouveau parti de Amar Ghoul, Tadjamou Amel Al Djazaïr (TAJ), permettra à Ghoul de remplacer le MSP dans une coalition à reformer. La vitesse avec laquelle Ghoul s’est «débarrassé» du MSP –devenu «encombrant» au vu de sa piètre prestation aux législatives du 10 mai, puis du 29 novembre, a surpris plus d’un, mais il faut savoir qu’en politique, surtout dans la conjoncture algérienne actuelle, tout obéit à des calculs d’épicier.
La coalition présidentielle, qui avait littéralement implosé avec le retrait du MSP et son «placement» dans l’opposition, a fait en sorte que le programme présidentiel s’est retrouvé dans une impasse. On pouvait évidemment pallier avec un autre parti, et il serait juste devant la porte. Mais, encore faut-il qu’il soit un parti islamiste «consistant», qui pourrait remplacer le MSP et placer les islamistes modérés dans le staff du gouvernement.
Les islamistes ont fait «banco» au Maghreb, s’installant au pouvoir au Maroc, en Tunisie, en Libye et en Egypte, et l’Algérie devait au moins permettre une représentation «digne» qui leur permettrait de faire bonne figure. Et c’est dans cette perspective qu’Amar Ghoul a été choisi pour plusieurs raisons en vue de pallier la défection de Boujerra Soltani.
En définitive, si les choses se passent comme prévu, Ghoul sera le troisième homme de la coalition présidentielle, qui est en train de se redessiner avec de nouvelles optiques et de nouvelles missions.
Annane Imad-Eddine