Les députés s’entre-déchirent à propos de la loi sur les partis,vive tension à l’apn

Les députés s’entre-déchirent à propos de la loi sur les partis,vive tension à l’apn
les-deputes-sentre-dechirent-a-propos-de-la-loi-sur-les-partisvive-tension-a-lapn.jpg

Le troisième homme de l’Etat n’a pas ménagé les députés de l’opposition

Les ex-responsables du FIS dissous ne pourront ni créer un parti ni adhérer à une quelconque formation politique.



Tous les coups sont permis au sein de l’hémicycle. Lors des débats portant sur la loi sur les partis, les formations politiques se sont déchirées hier à l’Assemblée nationale. «C’est la première fois qu’on assiste à de vrais débats dans cette assemblée, c’est un régal», jubile un journaliste. Le premier à ouvrir les hostilités a été le député de Bouira, Ali Brahimi. Mais dès les premières salves, M. Ziari réplique et la bataille commence. Du tac au tac! Le président de l’Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, a franchi les lignes rouges. Présidant hier la séance de vote du projet de loi sur les partis politiques, M.Ziari s’est livré à un jeu de ping-pong avec les députés. Le troisième homme politique de l’Etat était sur la défensive en ripostant directement aux déclarations des députés. «Prouvez- nous que vous êtes meilleurs que le FLN», a-t-il défié ouvertement le député indépendant de Bouira, Ali Brahimi. Ce dernier réclamait, dans son intervention, l’interdiction de l’utilisation des symboles de l’Histoire par certains partis, allusion faite au FLN. «Les symboles de la Nation appartiennent à tout le peuple algérien, c’est la mémoire de tout un peuple qui est accaparée par un seul parti», a-t-il déploré en critiquant l’article 4 du projet de loi. Cet article interdit, en effet, l’utilisation des sigles et des références déjà adoptés par d’autres formations politiques. Ali Brahimi a fustigé le monopole des symboles de la révolution par le FLN en estimant que c’est «une violation des droits des Algériens».

Une déclaration qui a fait sortir de ses gonds M. Ziari. Ce dernier a omis carrément sa casquette de président de l’APN et s’est mis dans la peau d’un militant pour défendre son parti. «Vous êtes en retard de cinquante ans, le FLN est un parti qui existe depuis un demi-siècle», a-t-il précisé sur un ton ferme. Du haut du perchoir, M.Ziari s’est permis de rappeler que «le FLN est un parti constitutionnalisé et il est de son droit de pratiquer la politique jusqu’à l’éternité». Une déclaration vivement applaudie par les élus du parti majoritaire. Alors que le règlement intérieur interdit au président de l’Assemblée de faire des commentaires ou un point d’ordre lors d’une séance élective, M.Ziari s’est servi hier jusqu’à satiété. Le troisième homme de l’Etat n’a pas ménagé les députés de l’opposition en intervenant à plusieurs reprises pour un point d’ordre. «Evitez-nous les provocations», «Résumez vos interventions sur le sujet», a-t-il répondu en s’adressant tantôt à Ali Brahimi tantôt au député d’En Nahda, Mohammed Hadibi. Le député Hadibi a été très violent dans son intervention. «Où allez-vous avec ces réformes», s’est-il interrogé en dénonçant le rejet de ses propositions. Intervenant à plusieurs reprises, le député d’En Nahda a dénoncé le monopole de la majorité sur les amendements introduits au projet de loi. Ce député n’était pas le seul à le relever. D’autres élus de l’opposition ont tiré à boulets rouges sur le RND et le FLN. «Ces réformes vont dans un seul sens pour obéir aux intérêts des partis majoritaires», a crié Filali Ghouini d’El Islah. Interpellant le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, ce député a fait savoir que toutes les propositions avancées par le parti d’El Islah ont été rejetées. Le MSP était sur la même longueur d’onde. Partenaire de l’Alliance présidentielle, le MSP a retiré carrément ses amendements pour faire barrage au projet de loi. «Nous allons voter contre ce projet de loi car il obéit à des intérêts partisans», a estimé Abderrahmane Saïdi, député et président du conseil consultatif quelques heures avant le vote du projet de loi. Ce député n’a pas caché son mécontentement sur les amendements retenus par la commission juridique en préférant le texte intégral présenté par le gouvernement. Le MSP se démarque de ses alliés et vire pour rejoindre l’opposition. Le Parti des travailleurs n’est pas satisfait lui aussi. Il a manifesté son abstention bien avant le vote. «Sur les quinze amendements que nous avons proposés, seul un a été retenu», affirme un député du PT.

Les partis En Nahda et El Islah rejoignent le clan de l’abstention. Le projet a été fortement soutenu par le RND et le FLN qui ont bien levé la main.

Il faut reconnaître que la séance de vote du projet de loi a été très houleuse. Dans son rapport, la commission juridique a coupé court à tout espoir d’un éventuel retour des ex-responsables du FIS dissous sur le terrain politique.

Ces derniers ne pourront ni créer un parti ni adhérer à une quelconque formation politique. La commission interdit même la reprise du programme du FIS dissous par un autre parti politique. Ainsi, on solde une époque: le dossier du FIS est définitivement clos.