Ces «vêtements» portent atteinte à la santé des citoyens Après leur inquiétant silence sur l’importation des médicaments contrefaits, ces élus du peuple autorisent l’importation du «chiffon» qui porte atteinte à la santé publique.
Mais à quels lobbies obéissent nos députés? Bizarre est le comportement des élus envers leurs électeurs. Alors que la société bouillonne, à travers les nombreux mouvements de protestation, les députés viennent de voter une loi autorisant l´importation de la friperie! Profitant du passage de la loi de finances complémentaire 2011 sous forme de projet de loi, les députés ont apporté un amendement dans le rapport complémentaire portant réintroduction de l´importation de la friperie.
Parmi les 8 nouveaux articles, les 12 amendements introduits, la commission des finances de l´APN a accepté l´amendement apporté, notamment par des députés indépendants, sur le sujet en question. Il a été voté, hier, par la majorité des députés présents à l´hémicycle. En 2009, le gouvernement avait décidé d´introduire un article de loi dans les dispositifs de la loi de finances 2009 interdisant l´importation du «chiffon». Le gouvernement avait justifié sa démarche par, entre autres, deux arguments en béton. Le premier s´inscrit dans le souci de préserver la santé publique. Ces «vêtements» portent atteinte à la santé des citoyens. Le second argument vise à protéger la production nationale et lutter contre l´informel.
Et voilà les élus du peuple qui défient le gouvernement en tournant le dos au peuple. Il faut le dire, comme à leur habitude, ils ratent l´occasion de comprendre les citoyens. Dans une conjoncture pareille, des questionnements méritent d´être soulevés. Ces mêmes députés n´ont pas bougé le petit doigt pour demander une enquête parlementaire, garantie par la Constitution, sur les dangereuses et inquiétantes révélations du directeur général des Douanes.
Mohamed Abdou Bouderbala a tiré la sonnette d´alarme avant-hier en annonçant l´existence, sur le marché, de médicaments contrefaits! C´est ce qui constitue une menace directe pour la santé publique. Malheureusement, à cette menace, les députés viennent d´en rajouter une autre en autorisant l´importation du «chiffon».
C´est la preuve que la santé publique est leur dernier souci! Pour qui roulent ces députés? L´éthique a-t-elle cédé devant le bakchich et les intérêts personnels? Pour les observateurs, les grandes affaires polluent l´institution législative algérienne.
La réintroduction de la friperie n´a constitué, à aucun moment, une revendication populaire. Elle n´est pas, non plus, imposée par la conjoncture sociale. Qui sont-ils, alors, ces barons qui se cachent derrière elle? Pourquoi attendre ce moment précis pour «glisser» un petit article de loi aux grands enjeux financiers? Sur cette question, Ramdane Taâzibt, député du Parti des travailleurs dont le groupe parlementaire a décidé de s´abstenir, n´a pas caché son étonnement et sa surprise sur une telle loi.
Dans une déclaration à L´Expression, il a soutenu que l´Etat a dégagé une enveloppe de 2 milliards de dinars pour le secteur du textile afin de protéger la production nationale. Et d´ajouter qu´une telle démarche vise, également, à régulariser le marché informel en imposant une concurrence déloyale.
Dans un communiqué rendu public après l´adoption de la LFC 2011 par l´Assemblée, le parti de Louisa Hanoune a annoncé qu´il s´oppose à quelques décisions du gouvernement figurant dans cette loi de finances tels la suppression des taxes douanières et la TVA pour l´huile et le sucre, l´utilisation de l´argent public par des entreprises privées ainsi que l´amendement portant réintroduction de l´importation de la friperie.
Dans un autre registre, le ministre des Finances, Karim Djoudi, a souhaité que le soutien des prix des produits alimentaires de base et l´aide de l´Etat pour l´acquisition de logements pourraient diminuer le risque d´inflation.
Pour M. Djoudi l´augmentation des salaires engendrera directement celle de la demande. C´est ce qui peut influer sur les prix, a-t-il soutenu. Et d´espérer «que le soutien des prix et les incitations pour l´acquisition de logement vont faire que l´inflation ne dépasse pas les 4%», a-t-il répondu à une question de L´Expression. Sollicité à donner plus de précisions sur l´inflation qui pourrait intervenir pendant le mois de Ramadhan, le ministre reconnaît que ce mois sacré obéit à des «caractéristiques particulières».
A propos du déficit budgétaire, le ministre des Finances a déclaré qu´en 2010 il a été couvert en partie, à hauteur de 700 milliards de DA, sur le Fonds de régulation des recettes (FRR). Pour la LFC 2011, il prévoit un déficit budgétaire de 4693 milliards de DA contre 3355 milliards dans la loi de finances initiale, soit une dotation additionnelle globale de 1654 milliards de DA.
Interpellé sur une nouvelle mesure introduite dans le texte par l´APN, autorisant les bénéficiaires de logements sociaux participatifs (LSP) à les vendre à condition de restituer à l´Etat la totalité de l´aide accordée à cet effet, M. Djoudi a expliqué que le gouvernement «est respectueux des amendements du Parlement». «Notre objectif majeur est de résoudre le problème du logement», soulignant qu´il n´était pas concevable de faire bénéficier une personne, ayant déjà cédé son logement acquis dans le cadre du dispositif LSP, d´une nouvelle aide de l´Etat.