Alors que le Sud subit de plein fouet le souffle de la guerre au Mali et que les tensions sociales y agissent comme une lame de fond, voilà que nos députés, tenus jusque-là en marge des graves problèmes qui secouent le pays, se manifestent par un forcing en leur faveur. En effet, ils viennent d’obtenir une prime substantielle de 120 millions de centimes.
Celle-ci remplacera celle, jugée «peu consistante», de 60 millions de centimes affectée jusque-là à l’hébergement des députés. C’est, donc, une augmentation de 100 %, alors que, déjà, avec l’ancienne prime, on pouvait louer les meilleurs appartements d’Alger, le niveau de loyer se situant actuellement à 10 millions le mois.
Hormis la location, les députés ont aussi obtenu une prime de transport, qui remplacera la précédente, avec une augmentation tout aussi importante. A partir d’un certain seuil, estimé à 600 km, les députés recevront des frais de mission et des billets de voyage.
Le Bureau de l’APN vient d’approuver à l’unanimité ces diverses augmentations qui prendront effet à compter du mois de mai 2013.
Les députés, qui ont fait un forcing pour faire aboutir leurs exigences, peuvent souffler maintenant que le président de l’APN leur a dit oui.
Cela s’ajoute aux 100 millions de centimes virés sur leurs comptes bancaires, à titre d’avance sur salaire, au lendemain de leur prise de fonctions, dans le sillage des élections législatives du 10 mai dernier, ayant vu le FLN et le RND rafler la mise, tant à l’Assemblée qu’au Sénat.
Nous disions, récemment, qu’entre une session de l’Assemblée et une autre, c’est la dèche, la platitude. Aucun débat d’idées, ni aucun intérêt aux sujets qui risquent de faire fléchir le pays au niveau de ses fondations (guerre au Mali, drones, tensions au Sud, etc.). Le dernier «grand» débat intervenu à l’Assemblée s’articulait autour du salaire et privilèges des députés. Et là, comme il fallait s’y attendre, le débat a été on ne peut plus houleux.
Une majorité de l’APN est FLN-RND, or, il se trouve justement que ces deux partis sont majoritaires sans être représentatifs. Ils ne peuvent en aucun cas se prévaloir de la légitimité des urnes alors que plus de la majorité des Algériens avait tourné le dos aux urnes, le 10 mai dernier.
De plus, il se trouve que ni le FLN ni le RND n’ont de SG, après la destitution et la démission d’Abdelaziz Belkhadem et d’Ahmed Ouyahia. C’est à cela que se résume, aujourd’hui, l’Assemblée populaire nationale : deux partis majoritaires, hégémoniques, sans représentativité, et après le départ de leurs chefs, devenus décapités et exsangues. C’est le milieu aquatique dans lequel évoluent, aujourd’hui, les députés, devenus des gloutons, oui, surtout des gloutons !
Fayçal Oukaci