La déclaration du ministre de l’intérieur et des collectivités locales Daho Ould Kablia sur le marché parallèle de la devise, affirmant que les citoyens y trouvaient leur compte et qu’il n’existait pas de raison pour l’interdire, n’est pas tombée dans les oreilles d’un sourd.
La présentation par le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Mohamed Laksaci, du rapport sur la conjoncture économique et monétaire de l’Algérie en 2011, a été saisie par plusieurs députés de l’APN pour interpeller le gouverneur sur cette question du marché parallèle et le tort que cause le “marché” de Port Saïd sur l’économie nationale.
“La légalisation du marché parallèle des devises est un signal fort et un feu vert en direction du blanchiment d’argent et une reconnaissance envers les canaux de fraude et un moyen de repousser les investisseurs étrangers qui ne font pas confiance à une monnaie à deux valeurs”, a averti le député Lakhdar Ben Khellaf.
Il considère cette situation comme une “absence d’une vision stratégique autour de la gestion financière en Algérie”, d’autant plus, dit-il, que cette tolérance s’affiche à l’égard de marché parallèle au moment où l’on mène tambour battant une lutte contre les autres marchés informels.
Comme beaucoup d’autres députés, Ben Khellaf défendra l’idée de l’ouverture de bureaux de change, en s’interrogeant sur les raisons qui empêchent les autorités de les créer, alors que la réglementation le permet, appelant en outre à augmenter le montant de l’allocation touristique accordée annuellement aux Algériens qui voyagent, fixée depuis longtemps à 140 euros. Pour lui, “c’est un montant dérisoire qui incite davantage les gens à recourir aux marché parallèle”.
Il faut appliquer la directive 96-08 de la BA sur les bureaux de change “pour mettre fin à l’anarchie totale caractérisant le marche des devises en Algérie” affirme pour sa part la parlementaire Meriem Derrahi qui a dénoncé le discours du ministre de l’intérieur, déplorant “le message politique qui a donné le feu vert au marché parallèle des devises”.
De son côté, Jouida Ben Tlemçani a dénoncé “l’absence de toute volonté politique de contenir ce marché”, alors que Mohamed Adami s’est interrogé sur les raisons “d’accepter que le dinar algérien s’échange en plein air au Square Port Saïd”.
Contrairement au ministre de l’intérieur, celui des finances Karim Djoudi est pour la lutte contre le marché informel de la devise. “Le gouvernement va combattre le marché informel de la devise. La loi ne permet pas l’existence d’un marché parallèle de la devise” a-t-il affirmé récemment en réponse à une question d’un journaliste.
Mais pour lui, l’ouverture de bureaux de change est une toute autre question liée, selon lui, au manque d’intérêt pour cette activité. “S’il n’y a pas une multitude de bureaux de change en Algérie, c’est parce que les gens ne veulent pas s’investir dans ce créneau en raison de la (faible) rémunération sur la fourchette entre le coût acheteur et le coût vendeur”, avait-il dit à la même occasion.