Les députés présents à l’hémicycle, dont le nombre se réduit de jour en jour, ont axé leurs interventions sur des généralités.
Le débat autour de la loi de finances constitue un moment important dans la vie d’une institution supposée représenter le peuple. C’est en somme, l’occasion inouïe pour les députés d’exposer les problèmes de fond liés aux questions économiques et sociales du pays.
Malheureusement, ce n’est pas le cas chez nous.Depuis mardi, début du débat autour de la loi de finances 2011, les députés présents à l’hémicycle et, dont le nombre se réduit de jour en jour, ont axé leur intervention sur des généralités. Ils ont fait beaucoup plus dans la redondance.
En ce sens, les problèmes locaux ont primé sur les questions d’ordre national. Ce jeudi, les élus issus de l’opposition, notamment le RCD, ont préféré, saisir la tribune de l’Assemblée pour se défendre et répondre au Premier ministre en battant en brèche ses accusations.
Pour leur part, et comme il fallait s’y attendre, les hommes de Ahmed Ouyahia ont riposté en frappant sur les pupitres créant ainsi un brouhaha dans la salle. Les tirs croisés entre les deux formations politiques ont fait réagir le président de l’Assemblée, Abdelaziz Ziari. Dans un premier temps, Ziari a appelé les militants du RND à faire preuve de sagesse et d’écouter avec «un cœur ouvert» les différents avis et propositions des uns et des autres.
Ce jeudi, Ziari a dû également interrompre la séance en plénière, à plusieurs reprises, pour demander aux locataires de l’hémicycle d’orienter leurs interventions sur le document objet de débats et de poser les questions qui préoccupent directement les citoyens : «Je vous demande de saisir cette chance pour décortiquer le document qui est entre vos mains et d’exposer les doléances des citoyens. C’est l’occasion ou jamais d’aborder les questions de fond», a lancé Ziari à l’encontre des députés.
Seulement, ces derniers sont restés sourds aux multiples rappels à l’ordre du président du perchoir. Cependant, il s’est quand même trouvé une poignée d’intervenants qui ont mis le doigt sur des questions importantes. Sahab du RCD a expliqué que le contenu du projet de loi de fiances est «vide», estimant qu’il vient juste rectifier certaines erreurs.
Le même élu s’est interrogé sur la flambée des prix des produits alimentaires de base comme les légumes secs, le sucre et les viandes. «Vous nous parlez de l’amélioration du quotidien des citoyens et vous nous dites que tout va bien en Algérie, alors comment justifiez-vous la cherté de la vie, vous savez que le prix de la carotte a atteint un seuil inimaginable», a fulminé Sahab.
Rejoint par Mohcène Belabès du même parti, ce dernier persiste et signe que le pays est mal géré. Selon l’élu du RCD, le décollage économique du pays tarde à voir le jour.
L’absence de stratégie de développement compromettra définitivement l’avenir des générations et cela dans moins d’une décennie. L’Algérie, de l’avis de Belabès n’a ni stratégie de développement économique et encore moins de stratégie de développement humain. Dans leurs critiques, ces deux élus ont parlé des villages qui ne sont pas en 2010 – au moment où les députés examinent le budget de l’ère de l’aisance – raccordés aux réseaux électriques et de gaz et ne disposent pas de réseaux d’assainissement.
Dans ce même ordre d’idées d’autres intervenants ont demandé au gouvernement de prendre des mesures appropriées pour imposer le contrôle et lutter contre les spéculateurs, tout en encourageant les petits agriculteurs en renforçant les offices des produits alimentaires de base.
Certains députés ont souligné la nécessité de faire bénéficier les citoyens de l’aisance financière dont jouit actuellement le pays en améliorant leur situation socioprofessionnelle.
Dans le domaine de la santé, un député s’est dit étonné de voir l’Algérie recourir à l’importation de médecins étrangers au moment où des centaines de praticiens sont au chômage tandis que d’autres optent pour l’émigration dans le but d’améliorer leurs conditions de vie. Dans cette même lancée, quelques députés ne comprennent pas l’attitude du gouvernement qui fait appel à des experts étrangers pour la réalisation d’études, au détriment des compétences nationales qui sont marginalisées, en dépit de leurs qualifications, soulignant que les experts étrangers confient ces études, à des opérateurs nationaux sans assurer le transfert de technologie.
Par ailleurs, notons que dans les coulisses de l’APN, les discussions tournent, dans leur ensemble, sur l’état de santé et l’hospitalisation, du premier argentier du pays.
Nabila Amir