Les députés en vacances jusqu’après l’Aïd

Les députés en vacances jusqu’après l’Aïd

Qu’est-ce qu’il fait bon d’être député en Algérie avec un salaire de 30 millions assorti de tous les avantages !

Après presque deux mois de congés payés, ils ont repris le chemin de l’hémicycle mercredi dernier, juste le temps des «bouboussates» et des accolades, pour repartir aussitôt dans une nouvelle phase d’hibernation.

Sitôt rappelés, sitôt libérés après une reprise protocolaire. Ils ont eu juste à assister à la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire d’automne et à la séance de vote de trois ordonnances, qui s’est tenue le lendemain.

Mais attention ! il ne faut surtout pas se tromper de cible: s’il y a bien une frange de la société à protéger, à ménager et à considérer, c’est bien celle des députés.

Ce sont eux qui votent les lois, qui interrogent les ministres, qui préviennent les dérives du gouvernement, qui contrôlent les dépenses de l’Etat, qui défendent le citoyen et surtout ce sont eux qui veillent sur notre jeune Démocratie. Et puis quoi encore! un député c’est fait pour réfléchir et les nôtres le font très bien.

C’est d’ailleurs avec beaucoup de soulagement qu’ils ont accueilli la décision de faire passer plusieurs lois par voie d’ordonnances comme la loi de finances complémentaire 2009, l’ordonnance modifiant et complétant la loi sur l’eau et l’ordonnance modifiant et complétant le Code de la route.

Comme à l’accoutumée, nos députés seront dispensés du casse-tête des projets de loi durant ce mois sacré de Ramadhan pour reprendre après l’Aïd.

De repos en repos ! Les députés sont autorisés à déserter l’Assemblée pour quelques semaines sans pour autant craindre des ponctions sur le salaire.

Le bureau de l’APN qui s’est réuni mercredi dernier, n’a pas arrêté le calendrier des travaux des plénières.

Cette institution a, plutôt, préféré laisser les parlementaires jeûner tranquillement auprès de leurs proches.

«Le bureau n’a pas fixé le programme des activités parlementaires. Vu la conjoncture du Ramadhan, il a préféré reporter ses travaux après l’Aïd», explique une source parlementaire.

Lors de la réunion, il a été question d’examiner les projets qui seront soumis au programme de cette session sans pour autant aborder la reprise des travaux.

Tant mieux pour les 389 élus qui siègent à l’APN, habitués à des congés consistants. Jeudi dernier, à la fin de la séance de vote, les élus du peuple ont passé leur temps à échanger les souhaits de l’Aïd.

«Saha Aïdek», se disaient-ils les uns les autres avec un large isourire. Alors qu’il reste encore 15 jours du mois sacré de Ramadhan et malgré le nombre important de lois annoncées pour cette session, le Parlement prend tout son temps.

Notre source avance que le report des activités jusqu’à après l’Aïd est dû à la non-réception des projets.

«Nous attendons que le gouvernement remette les projets à examiner», a-t-il affirmé.

Or, cet argument ne tient pas vraiment la route. Vu le phénomène d’absentéisme, l’Assemblée ne veut pas se retrouver en débat avec une poignée de députés. Nul n’ignore que même durant les précédentes plénières, les tribunes de l’hémicycle affichaient vides.

Preuve que même lors de la session de printemps, qui n’a été riche en activité, la plupart des députés boycottaient les séances de questions orales.

Ayant compris la règle du jeu, les élus du peuple ne se présentent en force généralement que lors de l’adoption des lois pour rafler les voix. Règlement oblige !

Cette démarche est devenue un secret de polichinelle au niveau de l’institution parlementaire.

Par ailleurs, la session d’automne s’annonce riche en termes de projets. Juste après l’Aïd, les députés auront à faire face à une avalanche de projets que présentera le gouvernement.

Une liste de dix projets de loi à examiner a été déjà établie.

Notre source affirme que ces projets concernent plusieurs domaines tels que l’administration, la justice et les finances.

Il s’agit entre autres, du projet portant sur les nouveaux Codes communal et de wilaya, du projet de loi relatif à la profession d’avocat, du projet de loi organique lié à l’organisation et au fonctionnement et aux attributions de la Cour suprême, du projet sur les conditions d’exercice de la franchise, en sus du projet de loi sur le nucléaire, du projet de loi relatif à la profession d’expert comptable et des commissaires aux comptes et pour finir, l’examen du règlement budgétaire de 2007 et le projet de loi de finances 2010.

Contrairement à la session précédente, où les députés n’ont eu à examiner que deux textes, cette fois-ci ils seront appelés à retrousser les manches puisqu’il ne s’agit pas de simples textes.

Avec les nouveaux Codes communal et de wilaya, la loi de finances 2010, la loi sur les partis, l’exercice est loin d’être facile pour les élus du peuple.

Ces derniers ont eu comme première activité à voter les trois ordonnances portant loi de finances complémentaire (LFC) 2009, les lois relatives à l’eau et au Code de la route. Ces textes ont été adoptés à la majorité.

Les partis de l’Alliance présidentielle ont approuvé les trois textes. Le Parti des travailleurs a approuvé l’ordonnance portant loi de finances complémentaire 2009 et a voté contre celle relative à la loi sur l’eau et s’est abstenu pour le Code de la route.

Nadia BENAKLI