Les députés appelés à un sursaut d’orgueil

Les députés appelés à un sursaut d’orgueil

Tous les partis se sont attaqués au FLN, accusé de vouloir faire avorter les réformes politiques.

Le projet de la loi électorale sera voté aujourd’hui à l’Assemblée populaire nationale (APN). Très attendue, cette loi a suscité la controverse, divisant la classe politique nationale en ce qui concerne notamment les articles 67 et 93. Le premier article interdit aux élus de changer de partis durant le mandat électif. Le deuxième article oblige les ministres désireux de participer aux élections législatives de démissionner trois mois avant l’échéance.

Ce sont ces deux articles qui ont fait couler beaucoup d’encre mettant au prise le FLN qui a imposé la suppression des deux articles et le reste des partis politiques.

Ce projet tel qu’adopté par le dernier Conseil des ministres, faut-il le souligner, protège les élections, favorise, garantit la juste chance de participation aux prochaines élections législatives et fournit les moyens équitables d’une compétition électorale. C’est cette raison qui a poussé des partis à déclarer la guerre au FLN que de telles dispositions n’arrangent pas.

Le président du Mouvement national d’espérance (MNE), Mohamed Hadef, qui avait proposé l’article 93 dans le cadre des consultations politiques, ne veut pas voir sa proposition avortée.

«Nous exprimons notre refus de voir le projet de loi électorale vidé de ses deux principaux articles 67 et 93, principales nouveautés garantissant et établissant l’égalité des chances à tous les candidats, assainissant et stabilisant l’activité politique et renforçant la démocratie», a-t-il indiqué dans un communiqué remis à la rédaction. Le Parti des travailleurs (PT), qui a toujours dénoncé le nomadisme politique, s’est élevé contre la suppression des deux articles.

A maintes reprises, le PT a accusé le FLN de vouloir saper les réformes politiques, se demandant même si ce parti est passé dans l’opposition.

L’ex-parti unique dont les ministres ont adopté le projet en Conseil des ministres, a suscité des interrogations en imposant aux députés, le contraire de ce qu’il a fait avec ses ministres.

Même le RND a soupçonné le FLN de sabordage des textes de réformes. Le MSP a carrément demandé au Chef de l’Etat de retirer les textes de loi présenté au Parlement pour les soumettre à un référendum populaire loin des marchandages politiques des députés.

«Certes, ce projet de loi électorale a besoin des amendements justes qui garantissent dans les faits la juste chance de participer aux prochaines élections législatives et non des amendements de circonstance pour le dépouiller, violant, bafouant le principe républicain de la juste égalité des chances garantie par la Constitution en vigueur», estime le MNE dans son communiqué.

Quant au FLN, il a tenté d’expliquer ses manoeuvres par des arguments qui n’ont convaincu personne. Pour le nomadisme politique, il a soutenu que l’élu a un mandat populaire, donc libre de changer ou de rester fidèle au parti qui a fait de lui un élu.

Pour la démission des ministres, le parti de la majorité parlementaire a argué que c’est le Chef de l’Etat qui nomme le gouvernement qui a la prérogative de démettre un ministre. Selon le FLN, une telle disposition est une interférence dans les prérogatives présidentielles.

Ce que le Mouvement de redressement n’admet pas. Ce mouvement a regretté la suppression des deux articles, souhaitant, tout de même, que la disposition de l’article 93 soit appliquée sans qu’elle soit écrite dans un texte.

Le Mouvement de redressement a souhaité, en effet, que ce soit le Président de la République qui demande à chaque ministre désireux de se présenter aux élections de démissionner de son propre chef.

Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a indiqué avant-hier, que le gouvernement ne reculera pas sur son projet de loi, notamment sur le nomadisme politique. Quant à la loi portant sur la démission des ministres, le ministre a précisé que c’est l’Assemblée qui a décidé de supprimer cet article. «L’article 93, nous l’avons proposé au niveau du gouvernement, et l’Assemblée l’a enlevé. Elle est souveraine d’ailleurs», a-t-il déclaré. Cela étant dit, celui qui a proposé l’article 93 estime injuste, déloyal et méprisant que de retirer et de supprimer les deux (2) articles du projet de la loi électorale.

Il appelle de ce fait les députés à rétablir les deux articles supprimés, et les adopter massivement afin de garantir une juste et saine compétition électorale et les invite à assumer leurs responsabilités devant l’Histoire.