Les dépenses des Algériens ont augmenté au cours de la décen nie 2000. Un effet mécanique d’un retour à une relative aisance financière du pays mais également à une montée des revendications salariales.
Mais le «rattrapage» ne change pas la donne : l’essentiel des revenus va vers l’alimentation, le logement.
La «nouveauté» est dans les communications où les dépenses ont augmenté avec l’arrivée de la téléphonie mobile. Mais l’enquête de l’ONS – du moins la synthèse qui en est présentée – ne permet pas d’affiner pour déterminer quelles sont les catégories sociales qui ont le plus profité du « rattrapage », même si on sait empiriquement que ce sont les classes moyennes urbaines.
Les années 90 et dans un contexte sécuritaire particulièrement sinistre ont été celles de la mise en oeuvre d’un plan d’ajustement structurel douloureux fondé essentiellement sur la contraction drastique du pouvoir d’achat des Algériens.
Le PNB par habitant qui était encore de 2400 $ en 1985 est tombé à moins de 1600 dollars en 1998, soit une baisse d’un tiers en dix ans. La chute du pouvoir d’achat de ceux qui avaient encore un salaire a été de 20% entre 1989 et 1995. D’une manière globale, le coût des mesures prises dans le cadre de l’ajustement structurel a entraîné, selon des chiffres le moins pessimistes, une diminution du pouvoir d’achat de l’ordre de 40% en dix ans.
LES SYNDICATS AUTONOMES ET LE PÉTROLE FONT LE RATTRAPAG
Les années 2000 allaient être le début d’une demande de « rattrapage » en termes de pouvoir d’achat. Avec l’apparition de syndicats autonomes pour prendre en charge une revendication délaissée par «co-gestionnaire» avec le gouvernement de l’ajustement. Les années 2000 – principalement à partir de 2003 – ont été marquées par des revenus pétroliers importants qui ont accentué ces demandes de « rattrapage ».
Qui n’ont été relativement satisfaites qu’au cours de ces dernières années avec un gouvernement qui a lâché du lest dans un souci de se prémunir de la contestation politico-sociale enclenchée en Tunisie avec l’immolation de Bouazizi. L’enquête de l’ONS vient de chiffrer ce « rattrapage ». Selon cette enquête, les dépenses des ménages ont presque triplé passant de plus de 1.500 milliards (mds) DA en 2000 à près de 4.490 mds DA en 2011.
L’enquête prend pour référe l’année 2011- celle où l’effort du gouvernement en matière salariale a été très important – où la dépense globale des ménages algériens a été de 4.489,5 mds DA, contre 1.531,4 mds DA en 2000. L’agence APS qui rapporte l’information parle d’un échantillon de « 12.150 ménages ordinaires », ce qui ne veut pas dire grand-chose au plan sociologique.
Un échantillon devant être un dosage sur la base des revenus et des catégories sociales. Selon l’enquête, la dépense globale des ménages algériens a été multipliée par 2,9 au plan national au cours de la décennie 2000, davantage en milieu urbain (3,2) qu’en milieu rural.
La dépense moyenne par ménage est de 59.700 DA par ménage, dont 25.000 DA destinés aux dépenses alimentaires. Cette « moyenne » ne renseigne pas réellement de « qui » a le plus profité du « rattrapage ». Mais on sait que les habitants des villes en ont plus profité que les campagnards.
SE NOURRIR, SE LOGER… ET TÉLÉPHONER !
Les dépenses annuelles en milieu urbain sont passées de 995,6 mds DA en 2000 à 3.194,4 mds DA en 2011. L’enquête a établi ainsi une corrélation entre amélioration du niveau de vie et urbanisation dont le taux est passé de 58,3% en 2000 à 66,3% en 2011. Dans le milieu rural, les dépenses des ménages algériens sont passées de 535,8 mds de DA en 2000 à 1.295,4 mds de DA en 2011, en hausse de près de 29%.
Le gros des dépenses des Algériens va vers l’alimentation. 42% (1.875,6 mds DA) des dépenses sont consacrées à l’alimentation, un niveau presque constant avec un léger recul de 2,8 points en 2011 par rapport à 2000.
On dépense davantage pour l’alimentation en milieu rural où 46% des revenus annuels (594,3 mds de DA) lui sont consacrés contre 40% du budget (1.281,1 mds DA) dans le milieu urbain. Sans surprise, après l’alimentation, c’est le logement et les charges qui l’accompagnent qui viennent en seconde position. Ils représentent 20,4% (915,5 mds de DA) en hausse de près de 7 points, dont 22% (703,9 mds DA) dans le milieu urbain et 16,3% (211,7 mds DA) dans le milieu rural.
La troisième place revient aux transports et communication avec 12% (540 mds DA) des dépenses totales, en hausse de près de 2,6 points en 2011 comparativement à l’an 2000. La démocratisation de la téléphonie mobile explique cette hausse des dépenses. La part réservée à l’habillement et aux chaussures est de 8,1% (363,5 mds DA).
Salem Ferdi