Cela fait plusieurs mois que le gouvernement le répète : l’Algérie n’a plus d’argent à cause de la baisse des prix du pétrole et de la crise économique mondiale.
Pour faire face à cette situation, les Algériens devront consentir des sacrifices, notamment en consommant moins.
Selon le gouvernement, c’est le meilleur moyen de faire des économies en réduisant la facture d’importation qui devrait dépasser 40 milliards de dollars en 2009.
La loi de finances complémentaire pour 2009 a été bâtie autour de cet objectif.
Mais dans cette course aux économies, le gouvernement oublie un poste de dépenses important : le train de vie de l’État.
Au lieu de diminuer avec la crise, les dépenses de l’État ont fortement augmenté ces derniers mois.
Souvent des opérations destinées à renforcer le prestige d’un ministre ou d’une personnalité.
Illustration de ce gaspillage de l’argent de l’État : pour le seul mois de juillet, l’Algérie a déboursé plus de 150 millions de dollars dans trois évènements dont l’utilité pour le pays est loin d’être prouvée surtout en cette période de crise.
Le festival Panafricain a coûté à lui seul la bagatelle de 145 millions de dollars. Pour quel résultat ? Aucun ou presque.
L’impact sur l’image de l’Algérie est loin d’être démontré. L’impact est encore moins évident sur la vie quotidienne des Algériens.
Alger, une ville sans théâtres ni cinémas, reste la dernière capitale du monde dans les classements des villes où il fait bon vivre.
Cette somme aurait pu être dépensé dans la création et le développement d’infrastructures culturelles pour la capitale.
Autre manifestation qui a coûté plusieurs millions de dollars au budget de l’État : le Festival du film arabe d’Oran qui vient de s’achever.
Son président, Hamraoui Habib Chawki, ne s’est pas contenté de casser la tirelire de l’Etat pour s’afficher aux côtés de stars du cinéma arabe.
Dès le début du festival, il a demandé et obtenu du wali d’Oran un dispositif de sécurité exceptionnel.
Durant une semaine, des centaines – des milliers?- de policiers ont été mobilisés pour la seule mission d’assurer la sécurité du festival.
Un tel déploiement a un coût qui vient s’ajouter à celui des billets d’avion, des litres de champagne, des réservations d’hôtel…
Pour sa part, le ministre Djamel Ouled Abbès vient d’organiser à Alger l’université d’été de la communauté algérienne établie à l’étranger.
Près de 500 participants ont été invités, venus des quatre coins de la planète aux frais de l’Etat algérien : transports, hébergement, loisirs…Le coût de l’opération reste secret.
Mais selon un calcul fait par tsa-algerie.com, les seuls coûts de l’hébergement et du transport des participants ont dépassé 1,5 million de dollars.
Mais comparées aux sommes que va dépenser Sonatrach pour accueillir le congrès mondial du gaz LNG16 en avril 2010, les dépenses de Khalida Toumi, Hamraoui Habib Chawki et Djamel Ouled Abbès risquent de paraître insignifiantes.
Pour accueillir cet événement, Chakib Khelil a en effet décidé de transformer Oran : un centre des conventions dont la construction a été confiée à l’espagnol OHL pour près de 600 millions de dollars, achat et transformations de plusieurs immeubles, constructions d’hôtels et de centres de loisirs…
Selon des estimations non-officielles, le coût de l’opération devrait dépasser 1,2 milliards de dollars.
Là encore, les retombées pour l’économie nationale d’un tel événement sont loin d’être prouvées.
Bien au contraire : une fois l’événement terminé, Sonatrach va devoir gérer des hôtels et des centres de loisirs, une activité qui ne fait pas partie de ses métiers traditionnels.
Autre cas qui illustre le gaspillage de l’argent de l’Etat : le maintien de la résidence du Club des Pins.
Malgré une nette amélioration de la situation sécuritaire à Alger, ces dernières années, tous les hauts responsables de l’État et leurs familles continuent d’habiter ce lieu ultra-protégé où toutes leurs dépenses sont entièrement prises en charge par l’État : loyers, chauffeurs et voitures pour leurs besoins et ceux de leurs famille, sécurité….
Coût pour le budget : plusieurs millions de dollars par mois…