Jamais le flux de migrants clandestins n’a été aussi fort que depuis le début de l’année en cours et surtout depuis le début de cet été. L’Algérie bien évidemment n’échappe pas à cette tendance et des centaines de jeunes tentent à leur tour l’aventure.
Même les chinois d’Algérie
Mais ils ne sont pas seuls, puisque marocains et subsahariens rejoignent l’Ouest Algérien pour se diriger vers les côtes Espagnoles, à quelques heures du littoral algérien.
Des centaines de personnes de tous âges, des deux sexes et de toutes nationalités, même des Chinois venus travailler en Algérie, sont candidats aux départs clandestins vers l’autre rive de la méditerranée.
Devant l’afflux des candidats et pour faire face à la sophistication des moyens de repérage des clandestins par les autorités algériennes et espagnoles, les passeurs sont montés d’un cran en proposant à des migrants fortunés des moyens de navigation, consistant selon quelques indiscrétions, en des bateaux hors bord puissants, qui prennent au maximum une dizaine de personnes et qui emmènent les clandestins de manière sûre à bon port.
Les subsahariens paient le prix fort, dès lors qu’ils ont amassé beaucoup d’argent grâce aux actions d’escroquerie, trafic de faux billets et de drogue. Les locaux, eux aussi, n’acceptent plus d’être entassés dans les petites chaloupes. C’est tout un système organisé qui est en activité.
Fini donc le temps des petites chaloupes, barques et autres embarcations de fortune ? pas si sûr ! ces moyens restant à la disposition du plus grand nombre n’ayant pas les moyens financiers, sauf que ceux qui s’aventurent à bord de ces rafiots sont généralement vite repérés, arrêtés et remis à la justice, même si l’infraction ou le délit n’est pas concrétisé, puisqu’ils naviguent sur le littoral Algérien, ils seront jugés pour tentative d’immigration et relâchés pour la plupart, avec à la clé la perte du pactole remis avant l’embarquement.
Selon certaines indiscrétions, les moyens de navigation mis à disposition sont sûrs et garantis et répondent à ceux qui paient le prix fort, systématiquement une partie en monnaie locale et une autre en euros. L’information passe de bouche à oreille et il est très difficile de la vérifier. Notre source parle avec précaution, car c’est une organisation très forte qui organise les départs en temps opportun avec garantie d’arriver à destination.
Les « négociations » débutent à El Hassi
Selon nos interlocuteurs, c’est au quartier d’El Hassi, que les « négociations » sur le départ clandestin sont entamées. Cette zone est peuplée par des habitants ruraux venus de toutes les régions du pays, environ 40.000 âmes qui s’entassent dans des habitations construites légalement mais aussi et surtout dans des constructions illicites.
Ce grand quartier dépourvu de toute couverture sécuritaire, depuis sa création dans les années quatre vingt, est abandonné à son triste sort. Les constructions illicites sont louées aux subsahariens, alors que le chômage touche une très grande partie de cette population qui s’est convertie dans toutes sortes de commerce illicite. Nos interlocuteurs nous confirment que dans ce quartier, l’Etat est absent et c’est l’anarchie qui s’impose.
La délinquance du « commerce » des départs clandestins en mer étant florissante, elle risque de se transformer en criminalité. Certains pseudos passeurs, ont déjà escroqué nombre de candidats subsahariens, qui hésitent à se plaindre aux services de sécurité par peur d’être arrêtés et expulsés vers leurs pays respectifs.
Formule VIP
Une fois que les « négociations » terminées au quartier d’El Hassi, les clandestins sont pour certains orientés vers Mostaganem auprès du groupe appelé « Jamaât Ouilis », c’est-à-dire du Cap Ouilis, et d’autres sont dispatchés entre Oran-Cap Falcon et Bouzedjar dans la wilaya d’Ain Temouchent.
Quant au prix, notre source avance qu’il faudrait payer un pactole compris entre 100.000 et 200.000 DA plus une somme comprise entre 800 et 1000 euros et le double voire le triple pour les hors bords.
Une autre formule, dite VIP, consiste à prendre en charge un seul et unique « passager » par des chalutiers de pêche contre une forte somme en monnaie locale et en Euros. Le candidat arrivé au large, change de chalutier, des Espagnols le prennent en charge à leur tour avec sortie du port garantie et un billet de train vers une ville française, selon les mêmes sources qui ont refusé de divulguer le prix de la traversée VIP.