La décantation politique est en train de se faire de façon qu’elle suscite beaucoup d’interrogations sur le devenir de la classe politique après les résultats des élections législatives du 4 mai.
La scène politique est en train de prendre une allure diamétralement opposée à celle qui caractérisait la dynamique politique d’antan. Le gouvernement d’union nationale devient le maître-mot du pouvoir en place avec ce qu’il représente comme majorité à travers le Front de Libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) d’un côté, et celui des partis qui sont proches du pouvoir y compris une partie de la mouvance islamiste, à savoir le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de l’autre côté.
Cette notion de «gouvernement d’union nationale», n’est pas la bienvenue chez les partis qui se disent «démocrates», elle est rejetée d’emblée, étant donné que l’approche abordée par eux est totalement aux antipodes de ceux qui prônent cette démarche et qui consiste à rassembler toutes les sensibilités et courants politiques dans le même moule gouvernemental pour gérer le contexte politique et économique le plus sensible et difficile que connaît le pays. Le Front des forces socialistes (FFS), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Parti des travailleurs (PT), ne semblent pas partager les mêmes approches quant au gouvernement qu’il faut mettre en place pour s’atteler à la tâche dans le sens de la résorption de la crise qui s’est transformée en véritable casse-tête pour le pays.
Pour le FFS la chose ne se présente pas dans le sillage qui arrange les représentants de la majorité au pouvoir après que les élections législatives avaient tranché en ce qui concerne les vainqueurs de cette joute électorale. Les législatives du 4 mai 2017 ont affiché un taux de participation faible par rapport à ce que la classe politique espérait, d’ailleurs cela a poussé beaucoup de partis politiques à se cacher derrière ce taux de participation pour éviter de parler de leur échec politique à mobiliser autour d’eux les votants en nombre important pour parer aux velleités de l’abstention et du boycott.
Dans cette même logique qui coupe court avec l’approche officielle de ceux qui constituent la majorité au Parlement et au gouvernement, le FFS a déclaré que «nous ne participerons au gouvernement même si on venait à être sollicités», allusion faite au MSP de Makri a précisé le responsable de la communication Hassan Ferli. Le FFS explique son rejet d’adhérer dans le gouvernement d’union nationale non pas du fait que les élections législatives ont fait leurs décantations et que les dès ont été jetés, mais parce que le FFS ne voulait pas faire de ces élections un moment de mobilisation pour favoriser l’approche électoraliste et par ricochet chercher à se positionner sur l’échiquier politique national.
Le responsable de la communication souligne que «le FFS y a pris part dans l’objectif de disposer d’une tribune pour s’adresser aux citoyens et leur exposer sa vision de sortie de crise», affirme le FFS qui considère que la situation politique nécessite une véritable dynamique consensuelle. Cette démarche qui lui est chère pourrait être à la source de sa participation si le pouvoir accepte sa proposition consistant à réunir tous les protagonistes politiques dans le cadre d’une conférence nationale pour enclencher le processus du consensus national, d’ailleurs le FFS ne le cache pas, il assume cette position en indiquant que «le FFS pourrait être amené à le faire à une seule condition: dans le cas d’un gouvernement d’union nationale qui serait le fruit d’un consensus national», a-t-il mentionné.
Le FFS conditionne sa participation dans un gouvernement d’union nationale par l’acceptation par le pouvoir de son produit politique, à savoir la démarche du consensus national. Par contre, le Parti des travailleurs (PT), non seulement est catégorique par rapport à cette participation qu’il refuse d’emblée, mais il considère que «c’est une honte de parler d’un gouvernement d’union nationale alors que nous sommes en train d’assister à un véritable hold-up politique, et en plus de ça, le Conseil constitutionnel n’a pas encore tranché le cas des recours qui ont été présentés par notre parti» a souligné le chargé de communication Djelloul Djoudi.
Pour le PT, la question de participer à un gouvernement d’union nationale ne se pose même pas, puisqu’il considère que le pays est entre les mains d’une «oligarchie», et il ne peut y avoir un gouvernement d’union nationale alors que «le parti a été victime d’un véritable vol de ses voix durant les dernières élections législatives, et les tractations qui se font maintenant sur fond de constitution du gouvernement d’union nationale, n’existe pas dans notre lexique politique», a-t-il déclaré. Le PT semble être désemparé à cause de sa piètre participation durant les dernières élections législatives du 4 mai.
Le RCD n’a pas trop contesté les résultats des dernières législatives, il n’est pas concerné par ce gouvernement d’union nationale, il considère que la fraude a été massive cette fois-ci, ce qui risque la fragilisation des institutions de l’Etat en soulignant que «cette ultime fraude rend encore plus aléatoire le principe même du combat démocratique institutionnel et expose la nation à tous les périls dans une séquence historique nationale et internationale des plus incertaines», en ajoutant que «notre pays affronte une crise économique, financière et politique qui fragilise considérablement l’Etat. Cette instabilité aurait dû imposer plus de retenue et interdire les sorcelleries politiciennes», lit-on dans la dernière déclaration du RCD.
Les dernières joutes électorales du 4 mai, viennent d’enterrer une conception politique qui a tant fait rêver et charmer les gens de la génération de la période de l’ouverture démocratique et du multipartisme. Les dernières législatives ont apporté leur lot de marginalisation politique d’un personnel qui a même vu leurs leaders se retirer de la scène politique que ce soit Said Sadi ou Hocine Ait Ahmed qui nous a quittés.
Quant à Louisa Hanoune, les choses ne se présentent pas bien pour son parti. Elle traverse un tumulte politique des plus gravissimes, il y va même de sa survie politique même. Quant à ceux que l’on a appelé les partis démocratiques, ces derniers n’ont plus cette brillance politique qu’ils avaient jadis. Ils sont en train de vivre un véritable déclin politique, il faut que les jeunes loups de ces partis prennent conscience de cette réalité pour qu’ils puissent redonner un nouveau souffle à leurs partis respectifs.