Il mise sur le départ de «la génération de l’Indépendance» du pouvoir en Algérie
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé que la relation entre la France et l’Algérie sera «peut-être plus simple» lorsque la génération de l’Indépendance algérienne ne sera plus au pouvoir, dans une interview qui devrait paraître aujourd’hui «La génération de l’Indépendance algérienne est encore au pouvoir.
Après elle, ce sera peut-être plus simple», a déclaré M. Kouchner à l’hebdomadaire «Le Journal du Dimanche» qui lui demandait quand les relations entre les deux pays seront «réparées».
Il semble que l’initiateur d’un droit étrange, celui de l’ingérence humanitaire n’a pas abandonné sa chère idée. Pour rappel sa nomination aux Affaires étrangères françaises a suscité bien d’appréhensions du côté d’Alger tant les idées de l’intriguant personnage ne cadraient pas avec le langage diplomatique.
Le temps a donné raison aux responsables algériens ! Le chef de la diplomatie française s’est distingué par des prises de position étranges qui ne pouvaient avoir d’autres conséquences que de déteindre sur les relations algéro-françaises. Et c’est donc sans surprise que Bernard Kouchner jette un autre pavé dans une mare déjà pleine.
La sortie médiatique du «mitterrandiste» n’est pas annonciatrice d’un apaisement dans les relations entre Alger et Paris, en tous les cas pas dans un futur proche. Les questions qui fâchent, notamment politiques, entre les deux pays s’amoncellent au fil des mois et rendent, du moins pour le moment, l’échange de visites et des discussions entre les responsables des deux Etats, peu probable.
Pour Ahmed Ouyahia, qui s’exprimait en tant que secrétaire général du RND lors d’une conférence de presse animée début février à Alger à l’issue des travaux du sommet de l’Alliance présidentielle, les relations algéro-françaises «sont normales et basées sur le volet commercial, la circulation des personnes et les relations de bon voisinage».
Elles sont donc «normales» sur le plan économique et elles sont autrement plus complexes sur le plan politique. Et sans nul doute qu’elles vont monter d’un cran poussant à un nouvel accès de fièvre les deux capitales à «la faveur» des déclarations de Kouchner qui ne sont pas moins que de l’ingérence dans les affaires algériennes.
M. Kouchner auquel le département de Medelci a notifié une fin de non recevoir quand à une éventuelle visite officielle à Alger a-t-il perdu tout espoir de se rendre en Algérie pour tenter de dégeler les relations algéro-françaises, qui ont pris un sérieux coup de froid depuis l’affaire Hasseni dans le cadre de l’assassinat d’Ali Mecili et celle des moines de Tibhirine, pour affirmer que les relations entre les deux pays ne deviendront normales qu’une fois «la génération » de l’Indépendance poussée loin du pouvoir. Une déclaration insensée dont le seul mérite est de mettre en exergue le découragement du diplomate français ?
Il faut dire aussi que la décision de la France – Pour faire comme les USA – de mettre l’Algérie sur la liste des pays «à risque», n’est pas venue arranger les choses, provoquant l’ire des autorités algériennes devant cette énième provocation.
A ce propos dans l’entretien à paraître aujourd’hui le très «controversé» Kouchner affirme comprendre la colère des Algériens, mais la sécurité étant la sécurité, il n’y peut presque rien ! Le ministre français des Affaires étrangères nous suggère presque de faire avec. Pour rappel le ministre algérien des Affaires étrangères, a soutenu tout récemment qu’«il y a des dossiers qui font mal», estimant que «l’Algérie n’a pas à être sur cette liste.
C’est inacceptable et nous ne l’accepterons pas». La position de l’Algérie, exprimée par Medelci, est sans ambages, limpide et franche et a le mérite d’aller à l’essentiel sans les usages diplomatiques.
À cette affaire sur laquelle la France ne semble pas être disposée à faire marche arrière, et qui rend le climat des relations algéro-françaises franchement mauvais, est venue se juxtaposer l’affaire de l’otage français, Pierre Calmatte, enlevé le 26 novembre dernier par El Qaïda pour le Maghreb islamique, qui exige pour sa libération l’élargissement de quatre terroristes, dont un Algérien, détenus au Mali.
Le président français, Nicolas Sarkozy a fait de la libération du ressortissant français une affaire d’État et pour cela il compte utiliser tous les moyens, y compris le versement d’une rançon aux ravisseurs, pour parvenir à ses fins.
Une approche qui suscite la réprobation et l’incompréhension d’Alger, face au jeu, pour le moins trouble, de la France qui ne cesse pourtant de chanter qu’elle mène une lutte implacable contre le terrorisme islamiste.
L’Algérie s’oppose fermement au versement des rançons qui se trouvent être les principales sources de financement des groupes terroristes. Une affaire qui vient compliquer des relations déjà tumultueuses entre les deux pays.
Sadek Belhocine