C’est encore un autre hiver qui vient mettre à nu un système de gestion hasardeux des affaires de la cité. Au bout d’une semaine d’intempéries, c’est tout un pays qui se retrouve paralysé. Toute une population livrée à elle-même et abandonnée au sinistre. Ainsi donc, quinze ans après les inondations de Bab El-Oued ayant fait plus d’un millier de morts, plusieurs disparus et des centaines de blessés et de sans-abri, les autorités publiques ne prennent toujours pas les dispositions nécessaires à temps pour accueillir l’hiver et prévenir contre les désagréments, voire les catastrophes qui peuvent se produire.
Et par “dispositions nécessaires”, il faut simplement nettoyer et déboucher les avaloirs pendant l’automne pour éviter de se retrouver avec des axes routiers complètement inondés et coupés à la circulation, lorsque de fortes précipitations surviennent. Parce que l’image de ces agents d’entretien dépêchés dès les premières heures de la matinée, sur les autoroutes, à chaque fois qu’il pleut, pour désengorger les avaloirs de la boue et dégager l’eau stagnante de la chaussée à coups de balai, renseigne sur un travail qui n’a pas été fait en amont. Parce que, encore une fois, il n’est pas nécessaire d’être super-prévoyant et avoir cette capacité d’anticiper sur des incidents majeurs.
Il s’agit tout simplement de s’acquitter d’une tâche donnée, à temps. Mais au lieu de cela, le gouvernement semble fonctionner de manière saisonnière et se contente du bricolage et du rafistolage. Et certaines séquences attestant de la détresse citoyenne, filmées par les médias ou postées par les internautes sur les réseaux sociaux, renvoient carrément à l’image d’un État en panne, voire absent. En 2017, les autorités ne peuvent plus trouver aucune excuse pouvant justifier cette faillite dans la gestion des affaires publiques. Les quinze années de grande aisance financière qu’a connue le pays, sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika, grâce à la hausse des prix du pétrole, sont censées avoir permis à l’Algérie de se doter de l’équipement et du matériel requis en pareilles circonstances.
Idem pour la main-d’œuvre qui ne manque pas dans les offices publics. Mais d’où vient que les populations endurent une telle situation ? La seule et unique raison que nous pouvons encore évoquer, en 2017, est bel et bien l’insouciance et l’indifférence des gouvernants. Ou alors l’incompétence ! Et les exemples énumérés jusque-là sont les plus basiques. La liste peut être encore très longue si l’on ajoute à cela les murs de soutènement et les façades d’immeubles fraîchement livrés, qui s’effondrent et chutent sur des véhicules stationnés en bas, comme c’était le cas, hier, à la cité des 527-Logements AADL, à El-Achour, à l’ouest d’Alger.

Un état de fait qui renseigne, aussi, sur la négligence, visiblement “chronique”, dans la réalisation des projets publics. Quant aux écoles déclarées sinistrées en période de fortes pluies, à l’écroulement des escaliers et des toitures des immeubles datant de l’époque coloniale à défaut d’entretien, ou encore à l’affaissement de chaussées par tronçons entiers à cause de la qualité du bitume, ils sont devenus tellement banals qu’ils ne choquent plus personne.