1.-Le prix du Brent a clôturé le 15 août à 48, 73 dollars et le Wit américain à 42, 13 dollars bien qu’il y ait une appréciation de l’euro par rapport au dollar. Une dépréciation aurait donné un cours plus bas, c’est à dire un cours en euros à 43,85 le Brent et 37,91 le WIT.
La LFC2015 prévoit une recette de 34 millards de dollars pour SONATRACH au cours moyen de 30 dollars, le prix du gaz étant indexé sur celui du pétrole, et déduire 25% de charges pour le profit net. A 40 dollars (une baisse d’un dollar en moyenne annuelle occasionnant un manque à gagner de 600 millions de dollars) donnerait une recette de 22 milliards de dollars à Sonatrach et un profit net de moins de 17 milliards de dollars.
L’on doit raisonner à prix à prix constants et jamais à prix courants; un cours de 20 dollars en 1985 étant l’équivalant de 90 dollars et plus en termes de pouvoir d’achat de 2015. Comme je l’ai noté dans des précédente mises en garde, il semble bien que certains ministres, directeurs généraux des grandes entreprises publiques ne mesurent pas la gravité de la situation menaçant la sécurité nationale..
2.-Après d’autres responsables dont le ministre des transports qui annonce des investissements de plusieurs milliards de dollars via les banques publiques donc les ressources en devises proviennent de SONATRACH, l’ancien ministre de l’Energie qui annonce pour sa part 100 milliards de dollars d’investissement entre 2014/2020, voilà que le PDG de NAFTAL y rajoute une couche, en affirmant « pour les cinq prochaines années, l’entreprise NAFTAL compte investir 200 milliards de dinars dans le financement d’un ambitieux programme portant sur l’extension du réseau de distribution et la modernisation des stations existantes».

Où trouverez vous le capital argent Monsieur le PDG sachant que vous importerez en devises une grande fraction du matériel ? Améliorez d’abord la gestion de votre parc où selon mes informations les immobilisations sont très importantes. Avez-vous tirer la leçon des impacts de la crise de 1986 avec un endettement croissant qui nous a conduit au FMI avec les ajustements douloureux que l’on connait ?
NAFTAL est un entreprise de services et n’a pas à investir massivement dans ce secteur, SONATRACH autant que SONELGAZ devant revenir à leurs métiers de base. Il y a lieu d’éviter de diaboliser le secteur privé et de mobiliser toute l’épargne privée au niveau de ce secteur qui avec des facilités, loin des entraves bureaucratiques, et qui investira dans ce segment. C’est là une occasion de drainer le capital argent qui est dans la sphère informelle.
3.-Cinq impacts consécutifs à la baisse des recettes des hydrocarbures en cette année 2015, sont à relever.
Premièrement, sur le niveau des réserves de change qui étaient de 194 milliards de dollars fin 2013 et qui risquent d’être inférieures à 140 milliards de dollars fin 2015.
Deuxièmement, sur le niveau du fonds de régulation des recettes (différence entre le cours moyen et 37 dollars) qui est passé pour la même période de 60 milliards de dollars et qui clôturera à un niveau inférieur à 30 milliards de dollars fin 2015.
Troisièmement, sur la valeur du dinar qui est passé de 76 dinars pour un dollar durant la même période à 104,708 dinars pour un dollar et 116, 699 un euro le 15 août 2015.
Quatrièmement, nous aurons un impact sur le rythme de la dépense publique qui détermine fondamentalement le taux de croissance avec les effets indirects à 80% , 97% des exportations provenant des hydrocarbures et important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Environ 83% de la superficie économique est constituée de petits services/commerce, et secteur industriel pesant moins de 5% du PIB.
Cinquièmement sur le niveau de création d’emplois productifs et non des emplois rente, donc sur le taux de chômage et de l’inflation qui est actuellement compressé par les subventions et les transferts sociaux pour 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB, pouvant conduire à d’importantes tensions sociales, voire politiques.
4.- Pour ne pas toucher le niveau de vie des couches les plus défavorisées, déjà mal en point, une rigueur budgétaire et une réorientation de la politique socio-économique sont nécessaires, tenant compte des nouvelles et importantes mutations tant technologiques, économiques que géostratégiques mondiales. Cela renvoie à l’instauration de l’Etat de Droit, de la bonne gouvernance et de la constitution d’un front social interne solide. L’Algérie, sans chauvinisme, a toute les potentialités pour surmonter cette étape difficile. La situation est grave et la sécurité nationale est menacée. L’Algérie a besoin de rassembler en ces moments difficiles tous ses enfants, tenant compte des différentes sensibilités, source d’enrichissement mutuel, au lieu de diviser sur des sujets secondaires.