Le procès du complexe IMETAL continue de mettre au jour une cascade d’irrégularités, de tensions internes et de décisions contestées.
Devant le juge, les cadres mis en cause ont livré une version des faits qui dévoile les coulisses d’une gestion chaotique. Rythmée par des ordres verbaux, des produits refusés et des accusations de détournement à grande échelle. Retour sur l’audience rapportée par le média Echourouk.
Procès Imetal : un directeur de l’unité d’Annaba qui rejette toutes les accusations
Le premier accusé, directeur de l’unité d’Annaba relevant de la Société nationale de récupération, a nié « catégoriquement » l’ensemble des charges retenues contre lui. À savoir,
abus de fonction, dilapidation de fonds publics, octroi d’avantages injustifiés, et même blanchiment d’argent dans un cadre organisé.
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Face au juge, il assure n’avoir « aucun lien » avec le PDG du groupe IMETAL, Tarek Bouslama. Indiquant qu’il s’est contenté, dit-il, d’exécuter les orientations de son supérieur hiérarchique direct, le PDG de la Société nationale de récupération, Belarbi Anis.
Des dettes accumulées et des produits jugés “non conformes”
L’accusé revient longuement sur le climat dans lequel il dit avoir pris ses fonctions en 2021. Un passif lourd, des dettes non réglées et un blocage total dans la relation avec la société mixte AQS.
Cette dernière refusait de payer les créances liées à l’achat de déchets ferreux. Estimant que le produit livré (provenant notamment des entreprises Gimas Metal Algérie et Tewfik Metal) ne respectait pas les normes techniques du contrat.
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Une situation qui l’a conduit, affirme-t-il, à accompagner une délégation conduite par Belarbi Anis à AQS pour tenter de régler le différend. Résultat, un compromis imposant à la Société nationale de récupération de remettre elle-même le produit en conformité. Mobilisant pour cela plusieurs unités, dont Rouiba et Oran.
Selon l’accusé, cette décision a été prise « de manière unilatérale » par le PDG Belarbi, et imposée aux responsables des unités « sans concertation ».
“Toutes les décisions venaient d’en haut”
L’accusé insiste : « Toutes les décisions étaient orales et venaient directement du PDG. »
Il se présente comme un exécutant chargé de “sauver” une unité en difficulté, ni plus, ni moins. Rejetant ainsi toute responsabilité dans les irrégularités constatées par l’expertise.
Un opérateur économique à la barre : “Je ne reconnais aucune accusation”
Le tribunal a ensuite interrogé un autre prévenu, H.Kh, co-gérant de la société ARABE TRADING HOUSE EST. Lui aussi rejette fermement les accusations liées à l’octroi d’avantages non justifiés dans le cadre de contrats publics.
Sa société, fondée en 2004 et spécialisée dans la vente de machines et de matériel, travaillait déjà avec la Société nationale de récupération « depuis 2014 », affirme-t-il.
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Concernant l’annonce liée à l’achat de déchets ferreux, il rectifie : « Ce n’était pas une “transaction”, mais un appel d’offres. Quatorze entreprises ont postulé, neuf ont été retenues, dont la mienne. »
Quant à la remarque du juge lui signalant qu’il n’était pas classé dans le premier appel d’offres, l’opérateur répond simplement : « Je ne me souviens pas.
Cloture de l’audience Imetal : jusqu’a 15 ans de prison et des amendes record requises
À l’issue de trois jours d’audience, le procureur du pôle pénal économique et financier a requis des peines sévères pour l’ensemble des prévenus du dossier Imetal. Les réquisitions vont jusqu’à 15 ans de prison ferme pour les dirigeants principaux, accompagnées de confiscations et de lourdes amendes pour les sociétés impliquées.
Dans son intervention, le représentant du procureur a souligné que les infractions révélées par l’enquête judiciaire, à savoir :
- Dilapidation de fonds publics.
- attribution illégale de marchés.
- Avantages indus et gestion au profit d’intérêts personnels.
Illustrent un modèle de dérive administrative et financière au sein de l’un des plus grands groupes industriels du pays.
Le procureur a également rappelé l’impact de ces pratiques sur l’économie nationale, insistant sur le fait que l’exploitation des institutions publiques à des fins personnelles a retardé les programmes et projets stratégiques de l’État.
L’audience a ainsi permis de mettre en lumière l’ampleur du scandale et les responsabilités de chacun des prévenus, avant la reprise des débats et l’examen des pièces comptables qui détermineront les verdicts finaux.
