Le site héberge des publicités pour des cartes de crédit piratées.
Alors que l’Observatoire national de la délinquance s’inquiète de la montée de la cybercriminalité et des escroqueries sur Internet, le site de partage de vidéos YouTube est accusé de servir de vecteur de promotion aux cybercriminels. Selon l’éditeur de logiciels de sécurité F-Secure, ces derniers utilisent YouTube pour diffuser des vidéos vantant les mérites de leurs produits et de leurs services. Images à l’appui, le directeur des laboratoires de recherche de F-Secure, Mikko Hypponen, a fourni plusieurs exemples.
Des vidéos illégales
L’une de ces vidéos propose des numéros de cartes de crédit piratés, avec en option une copie de la carte elle-même ; une autre, des mots de passe pour accéder à des comptes bancaires. Et rien n’alerte les administrateurs de YouTube, souligne l’expert. Le formulaire de plainte permet de dénoncer les enfreintes au droit d’auteur et les vidéos à caractère violent, sexuel ou criminel, mais rien pour la cybercriminalité, si ce n’est l’accusation de spam.
F-Secure rappelle que si les menaces augmentent sur Internet, c’est en raison de la recrudescence de la criminalité financière, qui échappe souvent aux autorités nationales et internationales. De son côté, YouTube devra trouver une parade contre le développement de ces vidéos illégales. La solution n’est pas évidente : YouTube s’enrichit chaque minute de 15 heures de vidéo… Le site attire chaque mois plus de 300 millions d’internautes.
En janvier dernier, la société PandaLabs révélait que le système de messagerie de YouTube avait été piraté par des cybercriminels pour diffuser des virus et des logiciels espions. Les habitués de YouTube ont reçu un message indiquant qu’ils avaient été filmés par une caméra espion et qu’ils pouvaient regarder leur vidéo en ligne. En réalité, le lien vers la prétendue vidéo provoquait le téléchargement du programme malveillant. «Ce type d’attaque est très répandu et, étonnement, très efficace, observe Dominic Hoskins, de Panda Security. Les cyberescrocs utilisent de plus en plus les sites les plus populaires, comme YouTube, pour donner de la crédibilité à leurs messages et augmenter le nombre de victimes potentielles.»
Dépassé par son succès, YouTube prend son temps pour réagir aux plaintes. Notamment sur les questions de droits d’auteur ou de contrefaçons. Montré du doigt par les sociétés de production et les artistes, il a finalement lancé en janvier dernier un sys tème de protection des contenus baptisé Content Manager. Mais le principe (chaque éditeur doit fournir une copie de chaque vidéo à protéger) est loin de faciliter la tâche des ayants droit.