L’Université algérienne continue d’être agitée par une sourde tension provoquée par les incohérences du système LMD (licence-Master-Doctorat).
En réunissant aujourd’hui à Alger la conférence nationale des chefs d’établissement et directeurs de centres de recherches, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Mohamed Mebarki ne pouvait faire l’impasse sur cette situation, même s’il a préféré usé, dans son intervention, de demi-mots et d’euphémismes.
Ainsi a-t-il enfin admis que le passage du cycle de licence (ancien système) à celui de master était une source “d’inquiétude” chez les étudiants de certains établissements universitaires.
Face à ses inquiétudes, le ministre suggère la “nécessité de l’approfondissement” de la réflexion afin d’arriver à des solutions “appropriées” sur la base de normes pédagogiques et scientifiques consacrant, à la fois “le mérite et l’équité”, sans tenir compte de l’établissement d’origine.
Pourquoi cette réflexion, louable au demeurant, n’a pas été mise en place avant, alors que le système LMD est en vigueur à l’Université depuis les années quatre vingt-dix ? La situation explosive dans l’enseignement supérieur est en grande partie imputable à cette fuite en avant, alors que l’introduction du LMD exigeait des évaluations d’étapes.
Face au problème d’équivalence, Mohamed Mebarki préconise un dispositif “”intégré et durable” pour faire correspondre les diplômes du système classique d’avec le système LMD pour permettre aux diplômés du classique de poursuivre leurs études dans le système LMD.
Il faut en effet savoir que les étudiants formés dans l’ancien système ne peuvent pas faire des études en post graduation, dans le cadre du nouveau systéme LMD. Il y a aujourd’hui nécessité de créer des passerelles pour une prise en charge des inscriptions possibles à l’université après une activité professionnelle de quelque années, pour les détenteurs d’anciens diplômes.
Mais pour faire bonne mesure, le ministre note tout de même que la généralisation du système LMD à tous les domaines de la formation, ses filières et ses spécialités avait conduit à l’élargissement de la carte de formation dans les établissement de l’enseignement supérieur, pour atteindre 3500 offres de formation en licence, 3250 autres en master et plus de 600 en doctorat.
Sauf que cet élargissement, comme le reconnait le ministre a suscité l’émergence de “problèmes, particulièrement au niveau de l’accession de la licence au master, en plus des incohérences apparues entre les offres de formation de même type, du fait de l’absence d’un socle commun et de connaissance commune”.
S’agissant de l’employabilité des diplômes du système LMD qui avait constitué “un souci” ces dernières années, M. Mebarki a rappelé que l’action menée par son département a abouti à la promulgation d’une instruction qui consacre la classification des diplômés LMD et “met fin à la discrimination” entre les diplômes des deux systèmes dans les recrutements à des emplois publics.
Pour rappel, le Premier ministre avait récemment adressé une instruction à toutes les administrations et entreprises publiques, leur exigeant de recruter les détenteurs des licencies issus du système LMD, jusque-là victimes d’une discrimination de la part des employeurs. En attendant , que la réflexion soit « approfondies », comme il l’a souhaité , le ministre s’est fait l’avocat « du dialogue permanent » entre tous les acteurs de l’Université.
Le traitement des préoccupations soulevées par les acteurs de l’enseignement supérieur ne doit être ni “conjoncturel” ni “provisoire” pour parvenir à un “saut qualitatif” du système d’enseignement, a-t-il dit à ce propos.”Je voudrais souligner que le traitement que nous envisageons pour ces préoccupations (différends problèmes du secteur) doit s’éloigner de tout ce qui est conjoncturel et provisoire pour parvenir à des solutions pérennes permettant un saut qualitatif attendu de ce système.