Les crises et conflits dans le monde font grimper les cours du pétroles : La fièvre géopolitique, une aubaine pour l’Algérie

Les crises et conflits dans le monde font grimper les cours du pétroles : La fièvre géopolitique, une aubaine pour l’Algérie

Les conséquences des événements géopolitiques sur les cours de l’or noir sont une aubaine pour l’Algérie qui voit ses revenus pétroliers en hausse. Ce qui va permettre au pays de sortir de sa crise, bien avant les prévisions.

«A quelque chose, malheur est bon», un adage qui pourrait bien s’appliquer à la situation économique actuelle de l’Algérie. Une situation qui pourrait rapidement s’améliorer en raison – c’est tragique mais malheureusement vrai – des nombreux conflits qui risquent d’éclater dans le monde. Il est bien connu que les événements géopolitiques font inévitablement bondir le prix de l’or noir dont le cours évolue au-dessus des 60 dollars depuis quelques jours. La hausse serait une aubaine pour le pays. Faut-il rappeler que l’Algérie a décidé d’adopter un prix de référence pour le pétrole de 50 dollars comme base de calcul de la loi de finances 2018 et même celles des deux années qui vont suivre. Ces prévisions ainsi établies permettront de retrouver un équilibre budgétaire dès la fin de l’année 2019. Cependant, le pétrole étant l’essence de la guerre et au centre de la géopolitique, son prix rebondit au moindre événement, comme déjà affirmé plus haut. Et pour preuve, hier dans la matinée, le pétrole continuait sa hausse après avoir clôturé la veille à son plus haut niveau à Londres depuis plus de deux ans. Une hausse produite après l’annonce de la fermeture d’un oléoduc important en mer du Nord et l’explosion de Manhattan. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 65,57 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 88 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de janvier gagnait 31 cents à 58,30 dollars. Ainsi donc les marchés sont inquiets car personne n’est sûr de combien de temps durera la fermeture de l’oléoduc du Nord qui nécessite des réparations après la découverte d’une fêlure le long du pipeline. Si la réparation dure plus que plusieurs semaines, les réserves existantes pourraient ne pas suffire. La demande sera supérieure à l’offre et fera augmenter les prix. L’autre raison de la hausse des prix enregistrée dès le lundi, est l’explosion à Manhattan. Un homme avait déclenché une bombe artisanale dans un tunnel du métro de Times Square, faisant trois blessés. L’attaque a été qualifiée de «tentative d’attentat terroriste». Ce qui est considéré par le marché pétrolier comme un évènement géopolitique et dans l’incertitude, les cours rebondissent toujours. Et à bien voir ce qui se passe dans le monde, les événements géopolitiques ne manquent pas et ne vont pas manquer dans les prochains mois. S’il est vrai que pour le moment, le marché pétrolier n’a pas pour l’instant réagi à la décision de Donald Trump de reconnaître El Qods comme capitale de l’Etat d’Israël, il est vrai aussi qu’historiquement, les cours du pétrole réagissent à la hausse si des tensions géopolitiques se développent au Moyen-Orient. La décision du président américain, prise malgré l’opposition de presque toute la communauté internationale, a déclenché la colère des Palestiniens, et pourrait potentiellement agiter le Monde arabe.

Faut-il rappeler qu’en octobre dernier, les cours du pétrole sont montés en raison de la remise en question de l’accord nucléaire iranien par Donald Trump et les tensions au Kurdistan irakien? Aujourd’hui, la crise libyenne, les tensions en Iran, en Irak, au Kurdistan ou encore, le bouillonnement en Palestine, en Turquie, la guerre du Yémen et le risque d’éclatement d’un conflit armé ouvert en Asie du Nord-Est sont des événements en mesure de perturber profondément le commerce de pétrole brut dans le monde entier dont les cours vont enregistrer une hausse notable. Certes, il s’agit de circonstances tragiques, cependant leurs conséquences seront une aubaine pour l’Algérie dont les revenus des hydrocarbures risquent de nettement augmenter, lui permettant de sortir, bien avant les prévisions, de la période de crise par laquelle passe le pays. Même en l’absence de tensions géopolitiques, il faut dire que les prix du baril vont bientôt se stabiliser après la décision prise par l’Opep, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole avec d’autres pays producteurs non-Opep dont la Russie, lors de la réunion du cartel à Vienne, de prolonger les réductions de production actuelles de neuf mois supplémentaire jusqu’à la fin de l’année 2018.

La nouvelle alliance pétrolière entre la Russie et les pays producteurs de pétrole va pouvoir fixer et stabiliser le prix de l’or noir. En prenant en compte uniquement la Russie et l’Arabie saoudite, classées respectivement premier et deuxième producteurs de pétrole dans le monde, ces deux pays réunis produisent 21 millions de barils par jour, soit environ 25% de la production de pétrole mondiale. Ils peuvent fixer le prix du baril et le maintenir en ajustant simplement leurs propres productions.

Ainsi donc depuis la mise en place des baisses de production et la décision de prolongation de l’accord jusqu’à fin 2018, le cours du baril de Brent évolue au-dessus des 60 dollars. Ce qui signifie que l’Algérie gagne 10 dollars de plus par baril que le prix de référence fixé. Un gain qui va permettre au pays de souffler bien avant les prévisions des économistes.

Hasna YACOUB