Les coupures de courant mettent les algérois sur les dents et risquent de déclencher des émeutes ,Climat… électrique

Les coupures de courant mettent les algérois sur les dents et risquent de déclencher des émeutes ,Climat… électrique
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L’Algérie, pays qui cultive les paradoxes, a réussi la gageure de générer un climat électrique dans la majeure partie des grandes métropoles du pays, y compris dans la capitale, en y coupant le courant, volontairement ou pas.

Les Algérois ont vécu la nuit de mercredi à jeudi et celle qui la suivie dans une profonde psychose. Des coupures de courant ont en effet affecté une bonne partie des quartiers de la capitale.

Comble de malheur, sachant déjà que ces coupures ont commencé avec l’appel à la rupture du jeûne, forçant pas mal de familles à manger à la lumière des chandelles, le réseau téléphonique de Mobilis a lui aussi décidé de s’inscrire aux abonnés absents.

Ces coupures de courant, qui ont duré pendant deux nuits de suite, et qui n’ont pas été sans rappeler le black-out qui a affecté mardi et mercredi passés toute la ville de Constantine, ont failli provoquer le pire.

Si les citoyens sont sortis massivement exprimer leur colère, ou simplement pour quitter le climat étouffant de maisons privés de climatisations, ou même d’un simple ventilateur, le risque de déclenchement d’émeutes a clairement été évoqué au niveau de plusieurs quartiers que nous avons traversés durant ces pannes de courant, ou délestages prémédités de la part de la Sonelgaz.

Notre tournée, également faite par… téléphone, nous a ainsi permis de constater que Bouzareah, Alger-Plage, Mohammadia, Dar El-Beïda, Kouba, Hussein-Dey, Bir Mourad Raïs, Ruisseau, Blida et même Alger-centre ont été affectés par ce phénomène qui fait vraiment craindre le pire.

Les chiffres fournis par la Sonelgaz elle-même parlent de pas moins de 350 000 familles touchées par ce phénomène, ce qui représente la moitié des ménages consommateurs rien qu’au niveau de la capitale, cela sans oublier les commerces, les mosquées et diverses autres infrastructures et services publics ouverts pendant la nuit, comme cela est par exemple le cas pour les structures d’Algérie Poste.

Si métro et tramway ont automatiquement été mis en panne, puisqu’ils fonctionnement tous deux à l’énergie électrique, immobilisant ainsi la capitale (devenue « accroc » à ces deux modes de transport), nous avons constaté le lendemain, jeudi, que le tramway était toujours en panne en dépit du rétablissement du courant.

Certaines de ses installations techniques auraient ainsi été affectées par ces coupures de courant impromptues. La responsable de la communication au niveau de la Sonelgaz, Manel Mekidache, a tenté de justifier cette situation catastrophique, qui fait encore craindre le pire, par « une panne au niveau d’un poste d’alimentation de haute tension ».

Il n’est pas exclu non plus qu’il se fut agi d’opérations de délestage que la Sonelgaz n’a pas voulu reconnaitre. Pareille hypothèse, en effet, est étayée par le fait que les coupures de courant ne se sont pas toutes produites au même moment, et n’ont pas non plus eu la même durée. Le lendemain, jeudi, Sonelgaz a tenté de mieux « affiner » ses explications » alors qu’on devait subir les mêmes coupures la nuit même.

Dans un communiqué rendu public, en effet, elle a indiqué que « la pollution naturelle et les pollutions dues à la fumée dégagée par les feux de forêts aggravées par des conditions atmosphériques exceptionnelles (humidité et brouillard) sont à l’origine de la chute de tension ayant affecté la moitié de la capitale dans la nuit de mercredi à jeudi ».

Plus question, donc, d’une panne d’un générateur de haute tension. Ces deux explications, contradictoires, indiquent peutêtre que l’on ne nous dit pas tout et que la crise est plus grave et plus profonde qu’on ne le pense.

Wassim Benrabah