Les résultats des élections législatives du 10 mai dernier qui ont consacré la prédominance au FLN avec 220 sur 462, dont 145 réservés aux femmes, continue, après les islamistes, de susciter l’ire d’un bon nombre de partis et formations politiques.
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a estimé que les «résultats des élections ont été modifiés au profit du FLN», que «le score du FLN est irréel, tout comme le sont les 20 sièges dont a été crédité le PT» et que «les résultats officiels ne correspondent ni aux résultats établis par les PV des bureaux de vote, ni aux résultats annoncés par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales».
Considérant ces résultats comme «une provocation énorme contre la majorité du peuple», le PT entend, après concertation avec d’autres partis, saisir le président de la République pour l’informer du «non-respect des garanties promises pour la transparence des élections». Idem pour Mohamed Saïd, président du Parti pour la liberté et la justice (PLJ). Pour lui, «les résultats des élections sont politiques et consacrent une logique de pouvoir qui ne renforce aucunement l’autorité de l’Etat et ne permet pas un jeu politique sain».
Allant jusqu’à s’interroger si ces élections annoncées ne sont pas «une simple manœuvre destinée à absorber le mécontentement populaire face au laisser-aller, la corruption, l’impunité et la bureaucratie étouffante». Même son de cloche chez le Front Elmoustaqbel qui voit en ces résultats «une déception des espoirs et des attentes» de ses militants au vu des dépassements recensés lors du scrutin.
Des dépassements qui, selon le Front Elmoustaqbel «traduisent les véritables intentions du système qui refuse tout prémice d’un réel multipartisme, de changement et de démocratie en persistant à s’attacher au monopartisme».
Pour sa part, Khaled Bounedjema, président du Front national pour la justice sociale (FNJS), s’indignera contre «les intimidations» et «les pressions» faites sur les représentants de son parti dans les centres de vote, ainsi que le changement de numérotation de leur liste «afin de dérouter les électeurs». Pour lui, «la manière dont se sont déroulées ces élections a fini par exclure de nombreux nouveaux partis».
En outre, qualifiant les résultats de ce scrutin de «mascarade» et de «piège mesquin», il appellera «l’ensemble des candidats et des partis éliminés à dévoiler et à dénoncer les responsables de cette mascarade qui en réalité ne fait qu’accentuer la crise et les perturbations en Algérie». Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA) qui lui aussi n’était pas satisfait par les résultats annoncés, dira saisir le Conseil constitutionnel pour annuler les résultats des élections législatives.
POURTANT…
Face aux virulentes protestations de l’opposition et des au-tres formations politiques, toutes tendances politiques confondues, ce cri à la «fraude flagrante» lors de ces élections législatives, n’a pas été soulevé par les nombreux observateurs internationaux présents dans les cen-tres de vote.
A ce sujet, José Ignacio Salafranca, chef de la mission électorale de l’UE, outre d’avoir fait état d’un scrutin «ordonné qui s’est déroulé dans le calme et dans la transparence depuis l’ouverture jusqu’au dépouillement», a bel et bien répondu à cette question, affirmant que l’Algérie disposait d’«un mécanisme en place pour dénoncer les abus» et que, si abus il y a, «ce serait à la justice de décider des mesures à prendre».
Ce que viendra partager le chef de la mission des observateurs de la Ligue arabe, Wadjih Hanafi, en indiquant que ces élections «se sont déroulées dans un climat de libre compétitivité, loin de toute tentative d’influer sur la volonté des électeurs».
Le même constat sera fait par le chef de la mission des observateurs de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), Habib Kaabachi, qui a salué «le climat démocratique ayant marqué les élections législatives qui se sont déroulées dans la transparence et la crédibilité». Par ailleurs, les capitales mondiales, dont Washington, Paris et Londres, ont affiché leur satisfaction quant au bon déroulement de ces élections.
Car, en réalité, si ces pays n’avaient qu’un seul soupçon de fraude, ils ne se seraient pas privés de la joie d’intervenir et de rappeler Alger à l’ordre, comme ils excellent à le faire ailleurs. Il y a certainement eu des dépassements lors du déroulement de ces élections, les représentants des partis, et autres, les ont soulevés.
Il reviendra donc au Conseil constitutionnel de trancher. Par ailleurs, il semblerait que volontairement ou non, l’on a tendance à employer le mot fraude pour inclure les démesures et autres excès. Sauf que la fraude est une chose totalement différente qui relève du pénal.
Lynda Naili Bourebrab