Les constructions illicites amplifient les risques d’inondations et des maladies

Les constructions illicites amplifient les risques d’inondations et des maladies

ALGER – Plusieurs responsables du secteur des Ressources en eau ont appelé les citoyens, mercredi à Alger, à mettre fin aux constructions illicites et anarchiques, lesquelles amplifient grandement les risques d’inondation ainsi que d’apparition et de prolifération des Maladies à transmission hydrique (MTH).

Lors d’un atelier portant pour thème « la stratégie de lutte contre les inondations et les maladies à transmission hydrique » organisé en marge de la 15e édition du Salon international des équipements, des technologies, des services de l’eau et de l’environnement (SIEE Pollutec 2019), une responsable au niveau du ministère des Ressources en eau, Mme Hamouche a souligné que les constructions illicites peuvent même être parfois la principale cause d’inondation, sensibilisant ainsi les citoyens quant à l’importance d’arrêter cette pratique néfaste sur plusieurs plans.

Selon elle, beaucoup de citoyens, inconscients de ce risque, construisent des habitations sans préalable et accord de la part des services de l’urbanisme, dans des zones classées comme inondables faisant qu’en cas de crues, les eaux ne peuvent plus se frayer un passage à travers leurs cours, autrefois naturels, actuellement accaparés par l’urbanisation.

Ceci est dû essentiellement au fait que durant les dernières années, l’Algérie a connu une période de semi-sécheresse ayant abouti sur l’assèchement de certains cours d’eau et endroits humides, a-t-elle expliqué.

Suite à cela, les citoyens ont érigé leurs bâtisses dans ces endroits, en croyant qu’ils étaient sans risque, alors que « la nature finie toujours par reprendre ses droits », a-t-elle insisté.

Pour Mme Hamouche, cette situation combinée à l’amplification actuelle des crues causée par le réchauffement climatique, augmentent fortement les risques d’inondation, bien que le département ministériel ait mis en place toute une stratégie de lutte contre les inondations et adopté un bon nombre de mesures.

Là est une des raisons principales, selon elle, qui explique le nombre d’inondations survenues ces derniers temps, notamment en 2018, malgré l’ensemble des efforts gouvernementaux consentis.

Elle a, en outre, évoqué d’autres causes pouvant déboucher et/ou accentuer les inondations telle la déforestation qui engendre l’érosion des sols et donc des éboulements de terrains et des inondations, une mauvaise gestion des déchets pouvant amener à une obstruction des réseaux d’assainissement ainsi qu’une vétusté des installations ou ouvrages existants (réseaux d’assainissement, barrages, digues …).

Pour sa part, le DG de l’Agence Nationale des Barrages et des Transferts (ANBT), Arezki Berraki a présenté les acquis réalisés en termes de barrages, durant l’année 2018 notamment avec la réception de 3 nouveaux ouvrages tandis que 5 autres sont en cours de réalisation.

Sur le « rôle important » des barrages dans la lutte contre les inondations, M. Barraki a indiqué qu’ils les endiguent à l’aval par la rétention de l’intensité des crues, notant que plus de 100.000 barrages ont été construits dans le monde seulement pour cette fin.

En se basant sur des chiffres récents découlant d’une étude scientifique en la matière, il a également insisté sur l’impact direct du réchauffement climatique sur l’augmentation des crues en nombre et en intensité, de sorte que durant les 10 dernières années, l’augmentation de la température de la planète de 30% a été accompagnée d’une augmentation systématique de 40% des inondations à travers le monde.

L’Algérie n’échappant pas à cette relation de cause à effet, il a mentionné les efforts consentis par les pouvoirs publics dans le sens du renforcement du nombre et de la qualité des barrages au niveau national, si bien que 25 millions d’habitants bénéficient actuellement de la protection contre les crues à travers 77 barrages en service sur les 80 dont dispose le pays.

En outre, a-t-il dit, en plus du risque naturel d’inondation, il existe encore le risque « d’inondation accidentelle de rupture de barrage » qui peut arriver à tout ouvrage du genre.

Dans ce sens, M. Berraki a cité 200 cas de ruptures de barrage à travers le monde, dont 78% sont survenues sur des barrages construits antérieurement à l’année 1950, en raison des limites rencontrées dans les études de géologie pour défauts d’outils performants.

Bien qu’aujourd’hui les outils et la méthodologie d’études de faisabilité et de construction des barrages aient évolué, il recommande toutefois aux citoyens de ne pas construire sur les berges des cours d’eau et aux alentours des barrages, et ce, en vue d’éviter tout risque d’inondation, naturelle soit-elle ou bien « industrielle accidentelle ».

Les constructions illicites vectrices de maladies à transmission hydrique

Pour sa part, la sous-directrice chargée des infrastructures de l’assainissement au niveau du ministère des Ressources en eau, Faiza Badji, les bâtisses construites anarchiquement  ne sont pas raccordées aux réseaux d’assainissement, et ne sont pas prévues dans le schéma directeur, vu que les propriétaires n’ont pas d’autorisations pour les construire.

Ces constructions qui se multiplient très vite et s’agglutinent l’une à l’autre, rejettent des eaux usées vers la nature à travers des installations d’assainissement précaires et/ou non étudiées, même parfois enfouies sous les habitations.

Ces eaux usées finissent à la longue par s’infiltrer dans le sol et être en contact avec les nappes phréatiques et superficielles ou bien vont vers les oueds.

Le cumul de salubrité contenu dans ces eaux provoque les maladies, notamment dans un pays comme l’Algérie connaissant un fort ensoleillement, qui est donc propice à la prolifération des bactéries et à l’apparition des virus favorisant les MTH.

« Les constructions illicites qui se sont fortement généralisées nous rendent la tâche beaucoup plus difficile. Nous ne pouvons pas contrôler tous ces rejets anarchiques », a déclaré Mme. Badji en appelant la population à plus de conscience de la situation et d’aider à la sauvegarde de leurs propres santé et bien-être.