Les consommateurs oranais achètent leur pain à 10 dinars. Quelle que soit sa qualité (normale ou améliorée), les boulangers d’Oran ne le céderont plus à moins de ce prix fixé sur la base d’une entente tacite entre les professionnels du pain.
C’est dire que ni la DCP, ni aucune autre autorité ne leur fait plus peur. Ils ont débrayé ; ils ont rouspété, revendiqué, bataillé et se sont même fait assez entendre rien que pour arriver à hausser le prix du pain, en vain.
Toutes les tentatives de l’Union nationale des boulangers (UNB) de convaincre la tutelle d’accepter que la baguette de pain passe de 7,50 dinars à 10 dinars tous ronds ont été vouées à l’échec.
Un refus certes, mais non sans une compensation intéressante qui consiste en la revue à la baisse de la TVA sur le prix de la farine, accordée lors de la dernière réunion entre le ministère du Commerce, l’UNB et l’UGCAA, au mois de mai dernier.
Cependant, il se trouve que malgré le refus de la tutelle et le prix revu à la baisse de la matière première (la farine), presque tous les boulangers opérant à Oran ont décidé de manière unilatérale à vendre leur pain à 10 dinars, faisant fi de toutes les instructions émanant de leur tutelle (ministère du Commerce) ainsi que de l’appel de l’UNB qui s’est démarquée de leur décision.
Du coup, dépourvu d’une protection effective et de sanctions dissuasives de la part des autorités concernées, c’est le consommateur, toujours et encore, qui en paie les frais. En effet, que peut faire un quidam devant un commerçant qui refusera à coup sûr de lui remettre cet aliment de base s’il refusait d’en payer le prix exigé, même s’il est illégal.
Le comble est que même les produits de viennoiserie ont enregistré une augmentation inexpliquée des prix. Les croissants et les pains au chocolat qui étaient vendus à 10 dinars la pièce sont cédés actuellement à 15 dinars l’unité.
Le pain brioche qu’on vendait à 15DA et à présent entre 20 et 30 dinars. Pourtant, ces produits sont fabriqués aux mêmes mesures et surtout avec de la farine, dont le prix est subventionné par l’Etat et cédée sans taxe sur la valeur ajoutée. Interrogé, un boulanger activant au centre-ville d’Oran a tenu un discours plutôt révolutionnaire pour expliquer la hausse des prix.
Il déclare: «J’avoue que les nouveaux prix dérangent, mais que voulez-vous? On a beau essayé de convaincre la tutelle, mais sans résultats. Alors, on a décidé de prendre le taureau par les cornes et d’imposer nos prix. Nos clients s’en sont offusqués au début, mais avec le temps, ils ont fini par se résigner.»
Le plus drôle dans l’histoire est que ces contrevenants à la loi reconnaissent bien, ouvertement ou implicitement, et même de manière bête parfois qu’ils enfreignent la loi, mais sans qu’ils soient inquiétés outre mesure.
Comme ce boulanger dont le tableau des tarifs affiche les prix fixés par l’Etat (7,5 DA pour le pain ordinaire et 8,5 DA pour le pain amélioré) mais qui vend, tout sourire et narguant ses clients, son pain à 10 dinars.
S. Makhlouf