Les conditions de vie se dégradent de plus en plus

Les conditions de vie se dégradent de plus en plus

Il ne fait plus bon vivre dans les chalets à Boumerdès. Les sites dans lesquels sont implantés ces chalets à travers plusieurs localités de la wilaya se bidonvillisent de plus en plus. Les habitants desdits logis provisoires qualifientla situation de très grave en raison de la dégradation des conditions de vie.

La plupart des sites sont dépourvus de commodités de base et n’offrent plus l’envie d’y vivre. Plusieurs cabanons menacent ruine eu égard au vieillissement desdits préfabriqués qui datent de 2003. A ce titre, on peut citer celui de la commune des Issers qui abrite plus de 200 familles.

Les habitants avaient exprimé leur colère contre la dégradation du cadre de vie en fermant la RN 68 à la circulation. Ils se sont révoltés contre le président de l’association censé défendre les intérêts des habitants et améliorer un tant soit peu leur situation. Outre cela, la situation sanitaire des lieux d’habitations s’aggrave de plus en plus et présente un facteur de risque de propagation de maladies graves.

Les réseaux d’assainissement et d’évacuation des eaux sont saturés et bouchés, d’où la nécessité de lancer des opérations d’aménagement desdits réseaux. Merzak, père de famille, un habitant dudit site, nous dira : «Nous sommes dans ce chalet depuis près de six ans, et nous n’avons droit qu’aux promesses des autorités d’être relogés dans des habitations en dur».

Il ajoute : «Les conditions de vie sont intenables, l’eau coule rarement dans les robinets, les murs des chalets sont quasiment dégradés du fait des eaux de pluie et des chaleurs ambiantes en été». «Mes enfants ne supportent plus de continuer à vivre dans ces chalets, où le risque de maladies est devenu notre quotidien». Sur ce point, plusieurs habitants affirment que leurs enfants ont des complications de santé notamment respiratoires.

Au niveau du site des chalets de Koudiet Lâarayes, dans la commune de Legata, les conditions se sont dégradées à tel point que les habitants s’approvisionnent en eau potable depuis des fontaines publiques réalisées par des citoyens en dehors du périmètre du site. Ici, nous affirme Amar, «en été notre quotidien devient un cauchemar en raison de pénurie d’eau potable». À cela s’ajoute, dira également notre interlocuteur, la chaleur

de l’été qui atteint son pic à l’intérieur des chalets. Les quelques chanceux se permettent d’installer un climatiseur et les petites bourses prennent leur mal en patience. Sur le côté ouest de la wilaya, exactement dans la commune de Hammadi, les habitants du site du chalet s’indignent contre l’inoccupation de certains cabanons. Le jeune Toufik nous a précisé que «les chalets inoccupés sont devenus la source de plusieurs maux car, dira-t-il encore, plusieurs délinquants y trouvent refuge».

Il ajoute : «Il arrive des fois, particulièrement dans la nuit, que des bagarres éclatent entre les délinquants». Au niveau du site des chalets du Figuier, les résidents s’indignent de la dégradation des chalets causée par l’humidité provoquée par les eaux de mer.

«la plupart de nos chalets sont rouillés à l’intérieur et à l’extérieur et nous sommes contraints d’y mettre des produits anti-rouille afin de les préserver», nous dira Yacine, qui occupe ce chalet depuis près de six ans dans le cadre du classement Rouge 4. Ici, affirme notre interlocuteur, «plusieurs citoyens louent leurs chalets aux estivants durant l’été».

Par ailleurs, l’enquête réalisée sur le terrain par la cellule de wilaya chargée du suivi de la situation de ces habitations en préfabriqué a révélé que 90% des 1500 chalets ont été réattribués à d’autres citoyens dans un cadre social après avoir été libérés par des sinistrés de 2003 et ne sont plus viables car selon l’enquête, le préfabriqué, une fois dégradé, devient une source de maladie du fait des produits d’isolation utilisés pour la construction d’un chalet.

Notons que cette enquête entre dans le cadre d’une opération globale d’éradication définitive des chalets à travers la wilaya de Boumerdès.

Le développement local compromis

Par ailleurs, nous avons appris d’une source crédible qu’un programme de 6500 logements a été inscrit au profit des habitants des chalets dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014. 80% des habitants sont classés dans la catégorie sociale. Notons que l’Etat avait inscrit, au lendemain du séisme, 8000 logements pour les sinistrés, et que l’opération de démantèlement des chalets débutera incessamment.

C’est ce qu’avait déclaré le ministre de l’habitat, Nordine Moussa, lors de sa visite à Boumerdès où il avait déclaré que «les chalets seront démantelés au fur et à mesure de la concrétisation des programmes de logements affectés au profit de la wilaya».

Au cours de sa visite dans la commune de Khemis El Khechna, le wali, Kamel Abbès, avait affirmé que la wilaya compte récupérer les assiettes foncières sur lesquelles sont implantées ces habitations provisoires pour l’implantation de projets de développement et la réalisation d’infrastructures publiques.

342 hectares est la surface de terrain sur laquelle sont implantés les chalets, une étendue qui devrait servir d’assiette pour lancer des projets d’envergure et mettre sur les rails les roues du développement qui piétinent depuis plusieurs années à Boumerdès.

L’opération de démantèlement peine à démarrer et le justificatif de maintien de ces habitations provisoires n’est plus valable aujourd’hui. Plusieurs sites, en outre, sont réalisés sur des surfaces effleurant le littoral et remettant en cause le lancement des zones d’extension touristique.

D’autres sites sont implantés sur des surfaces agricoles, compromettant ainsi le développement dudit stratégique secteur. Plusieurs projets, par ailleurs, ne sont toujours pas lancés en raison de l’indisponibilité d’assiettes foncières.

Les pouvoirs publics avaient, au lendemain de la catastrophe naturelle qui a ébranlé Boumerdès, aménagé 100 sites de chalets dans 28 des 32 communes de la wilaya, où environ 15 300 chalets ont été installés. Selon des statistiques, plus de 18 000 familles y vivotent et l’on a recensé plus de trois personnes sous le même toit.

Notons que la surpopulation des sites n’a pas été sans conséquence sur la dégradation des chalets. Les responsables de wilaya avaient, auparavant, engagé deux actions d’expertises techniques concernant l’état physique des chalets.

Les résultats font état de dégradation avancée des cabanons installés il y a près de 8 ans déjà. Cela sans ajouter les déclarations du premier responsable de la wilaya qui avait estimé, au cours d’une visite de travail dans la commune de Khemis El Khechna, que la quasi-totalité des chalets sont réformés.

Sur ce, un bureau d’expertise avait été engagé afin d’évaluer, au cas par cas, la situation des chalets et que des solutions seront trouvées pour les familles les occupant. En effet, une commission d’enquête sociale avait été créée en novembre dernier suite aux différents rapports présentés par les membres APW qui font état de l’inoccupation de près de 70% des chalets. Ils sont, selon des rapports, occupés périodiquement, notamment en période estivale,

où des chalets sont loués aux estivants à des prix exorbitants. Une fois que la commission achèvera son travail et que la situation des chalets sera assainie, les pouvoirs publics récupéreront certaines de ces cabanes qui seront octroyées provisoirement à des familles vivant dans des habitations précaires, et ce, dans l’attente de réaliser le programme de 2000 logements prévus dans le cadre de la résorption de l’habitat précaire à travers le territoire de la wilaya.

M. Aït Ali