Ouyahia, qui n’a pas caché dans un passé récent ses ambitions de prendre le chemin d’El Mouradia, a (ré) affirmé sa fidélité au Président Bouteflika «avant et après les législatives».
Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a choisi son camp en se positionnant par rapport à plusieurs questions d’actualité qui dessinent la prochaine étape.
Alors qu’il n’avait pas caché dans un passé récent ses ambitions de prendre le chemin d’El Mouradia, M. Ouyahia a affirmé sa fidélité au Président Bouteflika «avant et après les législatives», outre sa participation «au pouvoir», sachant qu’il est Premier ministre et que son parti compte sept membres au gouvernement. La décision d’Ouyahia vient après celle du SG du FLN qui a affirmé son soutien à Bouteflika, alors que le président du MSP a choisi de quitter l’alliance, croyant que les islamistes arriveront au pouvoir.
Le SG du RND dira : «Certaines positions et conditions actuelles et ce que nous constatons sur la scène (politique), nous dictent le devoir de réaffirmer notre soutien au président de la République et de soutenir son programme et ses initiatives». M. Ouyahia n’a pas expliqué la nature de ces conditions, il s’agit probablement d’un message adressé à un clan du pouvoir. Il ajoutera : «Voilà pourquoi, à la veille d’une échéance politique importante, nous réaffirmons au Président Bouteflika qu’il peut compter sur le soutien constant du RND au service de l’Algérie, avant et après le rendez-vous des législatives».
S’exprimant à l’ouverture de la 5e session du conseil national de son parti jeudi dernier, il a tenu à répondre à Louisa Hanoune, Bouguerra Soltani, les dirigeants de l’ex-FIS, la Centrale syndicale et sur le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les émeutes de janvier dernier, le SG du RND a dit son mot. Pour le MSP sans le citer, il dira que le RND «n’attend pas les cinq dernières minutes pour intégrer l’opposition» et qu’il «continuera à participer au pouvoir au service de la patrie».
A l’adresse de PT et du MSP qui avaient accusé le FLN et le RND d’avoir vidé les lois sur les réformes de leur contenu, il a indiqué que ceux qui sont à l’origine de ces propos «sont les mêmes qui avaient critiqué l’invitation du président de la République, le 15 avril 2011, à engager des réformes, en prétendant qu’il cherche à gagner du temps». Il a ajouté que «ces partis ont poussé l’indécence jusqu’à demander au président de la République de légiférer par ordonnance», déplorant que de telles positions «ne sont pas de nature à encourager les Algériens à participer aux élections». M. Ouyahia a indiqué que le RND n’a pas fait de ces réformes un «fonds de commerce électoraliste». Il a souligné que ces réformes doivent être conçues en Algérie et par des Algériens, ajoutant que l’Algérie ne tolérera aucun tutorat qu’il soit d’Orient ou d’Occident et «le peuple algérien n’attendait pas un printemps arabe pour se révolter». Dans ce contexte, il a relevé que «l’indépendance financière de l’Algérie et sa revendication de partenariats mutuellement bénéfiques ont poussé certaines parties extérieures à tenter de la déstabiliser». Dans ce sens, M. Ouyahia a sa propre vision des émeutes de janvier de 2011, une vision qui ne figure pas dans le rapport de l’APN. A ce propos, il dira que «certains à l’intérieur du pays ont cru pouvoir récupérer les troubles de janvier 2011, alors que d’autres, à l’extérieur, espéraient régler leurs comptes avec l’Algérie qui, ayant retrouvé son indépendance financière (…), revendique des partenariats mutuellement bénéfiques».
Il a ajouté : «Personnellement, je pense que l’avenir confirmera qu’il s’agissait d’une manipulation des frustrations réelles de nos jeunes par des intérêts mafieux, menacés par la progression de la transparence et de la loi». Evoquant les prochaines législatives, il a assuré la régularité et la transparence des élections. A ce propos, il a cité la supervision par la justice de l’opération électorale, la venue d’observateurs étrangers pour suivre le déroulement de cette opération et la remise des procès-verbaux de dépouillement aux représentants des partis. S’agissant de l’ex-FIS, le patron du RND est catégorique sur le «non-retour». A ce sujet, il a rappelé que la Charte pour la paix contient des dispositions interdisant le retour des dirigeants du parti dissous à l’activité politique. Ceci ne veut pas dire qu’Ouyahia est contre les islamistes ; d’ailleurs, il dira que les courants islamiste, nationaliste et démocratique peuvent exister pourvu qu’ils assument leurs devoirs et que la compétition politique soit autour de programmes. Selon lui, la mouvance islamiste ne constitue guère un danger car la Constitution de 1996 a consacré la protection du système républicain et la loi sur les partis politiques de 1997 a interdit l’utilisation partisane de la religion et le recours à la violence. Des dispositions qui ont amené des partis politiques à changer leur dénomination pour pouvoir poursuivre leurs activités politiques, soutenant que «celui qui cherche à recourir à la Cour pénale internationale pour reconquérir le droit à la représentation du peuple algérien a été rejeté» et qu’il est frappé de «la culture de l’oubli».
A l’égard de la Centrale syndicale, le SG du RND a appelé les travailleurs «à ne pas creuser de leurs propres mains les tombes de leurs entreprises et de leurs postes de travail» au moment où, a-t-il fait remarquer, les possibilités de créer des emplois et de réhabiliter les entreprises économiques existent, citant le cas de la SNVI qui fabrique actuellement 6 000 véhicules par an et qui compte passer à 18 000, dans le cadre des négociations entamées avec un partenaire allemand. Dressant le bilan de l’année 2011, M. Ouyahia a relevé «la complication de la crise financière mondiale», estimant que pour l’Algérie ce bilan «est contrasté mais aussi porteur d’espérance pour l’avenir».
Par Nacera Chenafi