C’est toujours la même rengaine!
L’Ugcaa promet l’ouverture de 4000 boulangeries durant l’Aïd ainsi que 2 à 3 commerces par quartier.
Les commerçants répondent aux menaces du ministère du Commerce de sanctionner les commerçants qui n’ouvriraient pas pendant l’Aïd. «Ce ne sont que des paroles en l’air», estime le porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), Hadj Tahar Boulenouar.
«Pour sanctionner les commerçants, il faut d’abord qu’il y ait une loi», ajoute-t-il. «Or, l’État n’a promulgué aucune loi qui gère la permanence des activités commerciales pendant les jours fériés et fêtes religieuses», explique-t-il.
«Alors sur la base de quoi les commerçants vont-ils être sanctionnés? S’il n’y a pas de loi, il n’y a donc pas d’infraction», estime-t-il. «C’est donc pour moi des menaces sans réel impact», souligne le porte-parole de l’Ugcaa. Même topo du côté des commerçants que nous sommes allés rencontrer à travers les quatre coins de la capitale. «Hna manaaydouche? (Nous n’allons pas passer l’Aïd), ils n’ont qu’à me sanctionner s’ils veulent», peste un vendeur d’alimentation générale de Kouba. «Demain soir inchalah, je fermerai mon magasin et je prendrai la route du bled pour aller passer l’Aid en famille», rétorque sereinement le même commerçant. «Laissez-les sanctionner s’ils veulent, moi l’Aïd je le passerai avec les miens donc je fermerai boutique», assure un vendeur de fruits et légumes d’Alger-centre. Même son de cloche du côté des boulangers de la capitale où la majorité se disent impuissants. «Que voulez-vous qu’on fasse? Obliger de pauvres ouvriers venus des villes de l’intérieur du pays à rester travailler le jour de l’Aïd, alors que c’est le seul jour qu’ils ont pour aller voir leurs proches», nous confie un boulanger de la capitale qui souligne que c’est un cas de conscience. «La plupart de nos ouvriers sont issus de l’intérieur du pays, je vais ouvrir la matinée avec les quelques ouvriers qui habitent à Alger. C’est tout ce que je peux faire!», révèle-t-il. Les menaces de sanctions du ministère du Commerce ne semblent donc pas faire peur aux commerçants! Certains, étaient déjà fermés depuis hier. Benbada qui a promis qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes durant l’aïd tiendra-t-il parole ou bien se moquera-t-il encore une fois des Algériens?
Les Algériens revivront-ils les remakes des Aids précédents? L’Ugcaa qui dénonce la menace lancée par Benbada tient toutefois à rassurer la population. «Les commerçants se sont organisés pour assurer le service minimum», atteste Hadj Tahar Boulenouar. «Par esprit de conscience, nous avons mis en place un programme pour assurer le service minimum durant l’Aïd», affirme-t-il. «4000 boulangers nous ont assuré leur disponibilité à ouvrir le jour de l’aid. Tout comme une moyenne de 2 à 3 commerçants en alimentation générale par quartier et cela sur les 7000 quartiers recensés», rapporte-t-il. «Nous sommes conscients de la difficulté de la tâche mais depuis quelques semaines nous avons entamé un programme de sensibilisation qui, inchalah apportera ses fruits», réplique-t-il. À en croire donc l’Ugcaa, l’Aïd 2012 se passera, «comme a dit Benbada», c’est-à-dire sans aucun problème lié à l’ouverture des commerces. Pas si sûr que ça quand on entend cette dernière déclaration du porte-parole de l’Ugcaa. «Les marchés de gros des fruits et légumes vont être vides à partir de demain. Ils ne seront approvisionnés qu’à partir de lundi ou Mardi», avoue Hadj Tahar Boulenouar. Ce qui veut dire que les détaillants, eux, ne pourront s’approvisionner que mardi ou mercredi. La semaine prochaine sera donc «blanche» pour ces commerçants. Alors, même si les commerces ouvrent et ne trouvent pas quoi vendre, à quoi sert-il qu’ils ouvrent. C’est ce qu’on appelle le commerce à l’algérienne…