Le ministre du Commerce a ordonné aux walis d’établir un programme des permanences pour les activités commerciales durant l’Aïd. Les commerçants qui ne se soumettront pas à cette décision verront leurs commerces fermés pendant un mois, a-t-il averti.
Comme à chaque fête religieuse, les ménages se préparent comme on se prépare à une guerre ou pour des temps d’intempéries ou d’autres catastrophes naturelles. Tradition oblige, les pénuries des produits de première nécessité durant les fêtes et jours fériés ont appris aux Algériens à faire leurs stocks de lait, de pain, de légumes et autres produits alimentaires qui se font désirer dans ce genre d’occasion. Devant l’absence d’une loi qui organise les pratiques commerciales durant les jours de fête, le ministère du Commerce se contentait de mises en garde et de simple appel pour que les commerçants approvisionnent les habitants de leur quartier. Pour éviter les anciens scénarios de la pénurie, le ministre du Commerce Mustapha Benbada a donné une instruction aux walis d’établir un programme de permanences durant les deux jours de l’Aïd. «Il ne devrait pas y avoir de problèmes sur ce plan. Les commerçants sont appelés à assurer le service durant les jours de l’Aïd et à respecter les conditions d’approvisionnement pour éviter toute pénurie ou perturbation», a-t-il dit. Les commerçants concernés par la mesure, a-t-il poursuivi, sont appelés à respecter le programme arrêté et tout refus d’application de ce programme sera sanctionné. «Les commerçants qui ne se soumettront pas à cette décision verront leurs commerces fermés pendant un mois», a-t-il averti. Pour sa part, l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a déclaré qu’aucun accord n’a encore été trouvé entre le gouvernement et son organisation et de prétexter que seulement «2% des commerçants ont adhéré à cette organisation syndicale sur le 1,7 million de commerçants que compte l’Algérie». Du côté des commerçants, certains qui se trouvent dans l’obligation d’assurer le service durant la fête, ont déjà préparé leurs astuces pour échapper aux sanctions. «On peut ouvrir les boutiques sans vendre», expliquent certains commerçants ayant l’habitude de passer la fête chez eux. Quoi qu’il en soit, les walis ont encore une semaine pour placer leur programme et informer les commerçants qui doivent assurer le service. Coïncidant avec les deux jours du week-end, les programmes risquent d’être chamboulés et bafoués, comme à l’accoutumée d’autant que les agents de contrôle du ministère du Commerce ont l’habitude de briller par leur absence et de faire la fête chez eux. La question qui se posera, dans ce contexte, est de savoir qui veillera pour distinguer les commerçants n’ayant pas assuré leur permanence ? Vu la démission du contrôle durant les jours ordinaires de l’année, l’on se demande si des plans de «surveillance» seront engagés par le département du Commerce ou de la part des wilayas. Habitués aux casse-tête et pénuries diverses, les Algériens savent bien qu’ils doivent prendre leurs précautions et remplir leurs frigidaires sans trop croire aux assurances du ministère du Commerce qui ne dépassent pas le stade des promesses.
Par Yasmine Ayadi
