Il n’y a presque plus de nourriture à Madaya, et l’on y meurt de faim. Les habitants de cette bourgade proche du Liban et de Damas, assiégée par l’armée syrienne et le Hezbollah, mangent des herbes, des feuilles d’oliviers et de mûriers, de l’eau relevée d’épices, et même des chats ou des chiens, témoignent des militants joints sur place. « Il n’y a rien que les habitants n’aient pas essayé, affirme Radouane Al-Bacha, un militant local. A Madaya, on vit comme des animaux. »
Le calvaire de cette petite ville a débuté à l’été 2015. Jusqu’à cette date, un accord tacite entre les résidents et le régime avait permis de préserver la bourgade. Mais l’entente vole en éclats lorsque l’armée syrienne et le Hezbollah libanais lancent en juillet l’assaut contre Zabadani, localité toute proche, aux mains de groupes rebelles ralliés en majorité au mouvement salafiste Ahrar Al-Cham. Les forces pro-régime veulent verrouiller la chaîne montagneuse du Qalamoun, région stratégique aux portes de la capitale.
Dans le même temps, elles assiègent Madaya, où les réfugiés de Zabadani comptent pour presque la moitié des 40 000 résidents. En rétorsion à ces attaques, l’Armée de la conquête, coalition rebelle islamiste dont Ahrar Al-Cham est un pilier, a renforcé son siège de Foua et Kefraya, deux villages fidèles au pouvoir dans le nord-ouest du pays. A Madaya, l’étau…
