Par
Les citoyens ont bien compris le souci de l’Etat d’appliquer des mesures de rigueur afin de gérer la crise, mais ils ne sont pas prêts à accepter ces augmentations sauvages et s’attendent à une réaction des premiers responsables du secteur.
Jusqu’à quand? Le père de famille est épuisé de faire chaque mois un calcul d’épicier pour pouvoir subvenir aux besoins des siens. Il sait certes, que son pays traverse une crise financière et qu’il est de son devoir de partager avec ses concitoyens ces années de «vaches maigres». Mais lorsqu’il se voit, lui, simple salarié, être le seul à vivre la crise, il est de son droit de s’exaspérer! Car, il faut le dire, seul le fonctionnaire subit toutes les augmentations, impôts et taxes. Au citoyen, il a été bien expliqué que l’Etat continuera sa politique sociale avec une énorme enveloppe pour les transferts sociaux, que les prix du pain, du lait et de l’énergie, produits subventionnés par l’Etat, ne connaîtront aucune augmentation. A la bonne heure! On lui a bien expliqué aussi que l’inflation qui stagne à 4,8% n’aura pas grand effet sur son pouvoir d’achat. Encore une bonne nouvelle! Mais, car, il y a un mais et un grand mais, la vie est devenue trop chère et la hausse des prix a touché tous les secteurs et tous les produits.
Sans raison apparente ou c’est peut-être son esprit qui n’arrive pas à saisir la complexité de l’économie de marché. Ne lui a-t-on pas fait comprendre que l’Algérie, devant diversifier son économie et développer d’autres secteurs que celui des hydrocarbures, était dans l’obligation de cesser d’importer. De ce fait, il devait consommer algérien. Il adopte sans gêne le produit algérien, mais c’est ce dernier qui semble se «refuser» à lui en affichant des prix exagérés. Du véhicule «made in bladi» à la pomme ou la pomme de terre, tout est hors prix. C’est dire que les bonnes nouvelles ne font jamais long feu. Lorsque l’on a annoncé le lancement du montage des véhicules en Algérie, l’on s’attendait à ce que ces produits soient vendus moins cher que ceux importés. C’était loin d’être le cas. Mieux encore, à chaque fois que l’Etat décide d’un nouvel impôt pour les nouveaux patrons d’usine, ces derniers ne s’encombrent pas avec les détails et font retomber l’incidence sur le prix du véhicule.
Quant aux fruits et légumes, là c’est une toute autre histoire. Il n’y a pas de taxes actuellement que sur les bananes, toujours importés, et dont le prix dépasse les 500 DA le kilo. Et dire que ce fruit ne dépasse pas les 160 DA à l’importation. Qui contrôle qui? Ou quoi? Eh oui, il ne faut pas oublier qu’en Algérie, les prix sont libres! C’est là une manière bienséante de dire que c’est la loi de la jungle. Le citoyen peut bien se passer des bananes. Mais s’il a envie de manger des pommes des Aurès à 600 DA le kilo, là aussi, il doit faire l’impasse! Que lui reste-t-il à mettre dans l’assiette de ses enfants? La pomme de terre dont le kilo est à 75 DA ou la tomate dont le prix a dépassé tout entendement en s’affichant à 180 DA le kilo.
Le citoyen n’arrive pas à joindre les deux bouts avec ces prix qui cassent la baraque et on continue à lui servir le même discours «il faut attendre l’arrière-saison, l’Etat va déstocker un million de quintaux de ce produit et va inonder les marchés…Les prix vont bientôt baisser». Mais de saison en arrière-saison, rien ne se produit. Et il faut se demander alors quel rôle joue le ministère du Commerce? Pour quelle raison, depuis des lustres, n’arrive-t-on pas à réguler le marché? A créer ces fameux marchés de gros ou encore à installer ces chambres froides pour le stockage de ce féculent? Que font les contrôleurs de ce ministère pour stopper aussi la cupidité de certains producteurs, celle des commerçants ou autres prestataires de service? Pourquoi est-ce que le yaourt, fabriqué localement, est aujourd’hui plus cher, de même que les pois chiches, les lentilles et les produits de vaisselle? Ne parlons pas du café dont les derniers résultats d’analyses ont démontré que 84% des marques nationales sont non conformes aux normes requises par la législation.
Si, il y a quelques années, la hausse de la mercuriale n’était observée que durant le mois de jeûne en raison de l’importante augmentation de la demande, aujourd’hui, c’est à longueur d’année que cela se produit. Et le plus inquiétant, c’est que ces augmentations semblent avoir un effet boule de neige. Ce qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages. Et si les citoyens ont bien compris le souci de l’Etat d’appliquer certaines mesures de rigueur afin de gérer la crise, ils ne sont cependant pas prêts à accepter ces augmentations sauvages et s’attendent à une réaction des premiers responsables du secteur qui se sont engagés à protéger la production nationale, mais aussi à préserver le niveau de vie du citoyen.