La nouvelle loi de finances comportera son lot de hausses, l’électricité, les carburants, le tabac, les produits de luxe et les appareils électroménagers vont connaître une augmentation conséquente.
Son entrée en vigueur n’est qu’une question de jours. La loi de finances 2017 est officiellement votée par les deux chambres du Parlement. Le texte qui fait retenir le souffle des Algériens étalera bientôt ses effets sur le terrain. Après l’APN, le Sénat a donné hier, son aval sans le moindre souci. Une mission accomplie pour le gouvernement qui a réussi à faire passer son texte sans aucune retouche dans le fond. La polémique qu’a suscitée cette, désormais, loi de finances 2017 n’a pas changé la donne. Les augmentations de la TVA, vivement rejetées par les députés de l’opposition, ont été donc maintenues à la lettre. La majorité parlementaire a bien joué son rôle pour garantir un passage sans tracas de cette loi.
Les Algériens appréhendent ce que sera 2017 et se préparent déjà à serrer la ceinture. Or, les commerçants n’ont pas attendu le début de la nouvelle année pour procéder à la hausse des prix des différents produits avant même que la loi ne rentre en vigueur. La nouvelle loi de finances comportera son lot de hausses. L’électricité, les carburants, le tabac, les produits de luxe et les appareils électroménagers vont connaître une augmentation conséquente. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui passera de 17% à 19% pour le taux normal et de 7% à 9% pour le taux réduit va s’occuper du reste.
Ainsi, tous les produits qui seront soumis à la taxe vont connaître une flambée dès les semaines à venir. Devant l’absence de contrôle des prix, les commerçants feront leur diktat en prenant en otage le citoyen. Rien que pour les carburants, la facture sera salée. Les taxes seront de 200 à 900 DA par hectolitre (100 litres) sur les différents types de carburants. L’essence normale passera à 32,47 DA/litre, contre 28,45 DA actuellement. Le super sera cédé à 35,49 DA, soit près de 4 DA de plus. Pour sa part, l’essence sans plomb augmentera à 35,08 DA par litre, au lieu de 31,02 DA aujourd’hui. Enfin, le litre de gasoil restera le moins coûteux, malgré une hausse à 20,23 DA, contre 18,76 DA à l’heure actuelle. Le GPL reste avantagé et ne sera pas touché par l’augmentation des taxes (donc de prix).
Ces nouvelles hausses devraient rapporter 42,49 milliards DA au budget de l’Etat. Désormais, les automobilistes vont réduire les déplacements. Cette augmentation va, sans doute, mener à des augmentations des tarifs de transport. Les réfrigérateurs, les climatiseurs, les machines à laver, les téléviseurs et autres appareils électroménagers vont coûter nettement plus cher à partir du 1er janvier 2017.
Une taxe d’efficacité énergétique sur les appareils importés ou fabriqués localement, fonctionnant avec l’électricité, le gaz ou tout autre produit pétrolier, a été introduite. Ce n’est pas tout. Même les documents administratifs tels que le passeport et la carte d’identité biométrique seront soumis à des paiements. En cas de perte du passeport, qu’il soit ordinaire ou biométrique, la délivrance d’un nouveau passeport donne lieu au paiement, en plus du droit de timbre, d’une taxe de 10.000 DA sous forme de timbre fiscal et de 3000 DA pour ce qui est du passeport collectif.
Ces augmentations viennent à la rescousse du Trésor public qui connaît un déficit budgétaire énorme de l’ordre de 2634,37 milliards DA, soit l’équivalent de près de 24 milliards de dollars, sur la base d’un taux de change de 110 DA pour un dollar. Le gouvernement s’attend à une hausse des recettes, qui passent à 5635,51 milliards DA en 2017 contre 4925,7 milliards DA en 2016.
Il explique ces augmentations par la conjoncture économique et le non-recours à l’endettement extérieur. Des arguments rejetés en bloc par l’opposition. Celle-ci voit, à travers ces dispositions, une manière d’étouffer les citoyens. «C’est une loi dangereuse», a soutenu Djeloul Djoudi, dans une déclaration faite au journal. Le chef du groupe parlementaire du Parti des travailleurs estime que cette loi est antisociale et anticroissance économique. «L’augmentation des impôts va sérieusement affaiblir le portefeuille des Algériens», a-t-il affirmé, en réitérant l’appel de son parti au président de la République pour qu’il fasse une seconde lecture de cette loi.
«Avec toutes les augmentations, il n’y aura ni dynamique économique ni développement c’est la récession économique», a-t-il regretté. Le député Mohammed Belatar donne un autre son de cloche en estimant que devant la conjoncture économique actuelle il est tout à fait normal de faire appel à la solidarité. «Les augmentations sur la TVA vont toucher beaucoup plus les couches aisées puisqu’elles concernent les produits de luxe et non pas les produits subventionnés», a-t-il expliqué, en rappelant que le taux de majoration de la TVA est le plus faible dans la région méditerranéenne.
Selon lui, le problème est de rechercher les équilibres budgétaires, et ce, en optant soit pour le prélèvement sur l’impôt soit pour l’endettement interne ou externe. Cet économiste de formation avance que le pouvoir d’achat des citoyens ne sera pas vraiment fragilisé puisqu’il n’y a pas eu des impôts sur l’IRG. Or, devant l’inflation qui plombe le pouvoir d’achat, les Algériens auront du mal à joindre les deux bouts.