«Le Ramadhan approche, la vie devient plus chère à ce moment, qu’est-ce qu’on va faire? Se nourrir de lait et du pain? Ne me parlez pas de politique.»
Les Constantinois sont plus préoccupés par l’approche du mois de Ramadhan, la cherté de la vie, que par les prochaines élections législatives. Beaucoup d’entre eux arrivent à peine à boucler le mois, d’autres s’endettent carrément. Nous les avons rencontrés dans la rue et tous semblent s’inquiéter du prochain vécu du Ramadhan et les prix excessifs des produits de consommation. Pour ce père de famille fonctionnaire: «Comment voulez-vous qu’on pense aux élections dans des conditions pareilles? A qui faire confiance quand on n’arrive plus à assumer le lourd fardeau de nourrir sa famille? Je me demande encore comment allons-nous passer le mois du Ramadhan?» Ces questionnements légitimes n’auraient-ils pas le mérite d’avoir des réponses?
En tout cas, pour ce jeune de 30 ans «ceux qui sont censés nous représenter n’ont jamais été à l’écoute des besoins essentiels du citoyen, à chaque élection c’est le même discours stérile, des promesses sans lendemain, les mêmes paroles et phrases, franchement ces élections sont peut-être importantes, mais uniquement pour ces partis politiques qui continuent à nous bercer et à instrumentaliser le mal social juste pour obtenir des sièges. Même si je vais aller voter je ne donnerai ma voix à aucun parti». Pis encore, d’autres jeunes sur qui les formations politiques comptent sensiblement pour le vote ne se sentent pas ou plus concernés par la politique: Amine «Ça va servir à quoi d’aller aux urnes, rien ne change et la situation s’aggrave.
Cela fait des années qu’on a affaire aux mêmes acteurs, qu’on n’a plus envie de voir, du moins je parle pour moi.» Yousra: «Tous les partis politiques se valent, ils ne se sont encore pas rendu compte que le monde avance? Ils sont bien loin derrière, quand on arrive à peine à mettre quelque chose sur la table, comment ferons-nous pendant le Ramadhan, tout en sachant que les prix des produits vont doubler encore de prix comme de coutume. On nous demande d’arrêter de vivre et revendique nos voix?»
Aâmi Ramdhane, un vieux du quartier Messaoud-Boudjriou: «Il est regrettable de constater que tout ce qui a été construit par le président de la République a tout simplement été détruit au cours de ces dernières années, même du temps de la décennie rouge où le pétrole était cédé à 10 dollars le baril, la situation sociale n’a pas connu une telle dégradation, on est descendu trop bas, il y a quelques années encore avec ma pension je pouvais manger à mon aise et faire des projets, je pouvais voyager, mais plus la peine de rêver, j’arrive à peine à m’en sortir, sur ma table plus de fruits! Le Ramadhan approche, la vie devient plus chère en ce moment qu’est-ce qu’on va faire?
Se nourrir de lait et de pain? Ne me parlez pas de politique!» C’est en somme les quelques témoignages qui traduisent le malaise du citoyen à un mois des élections. La confiance a été rompue, le dégoût et l’amertume s’installent. A moins d’un miracle qui peut retourner la situation, le prochain vote s’annonce comme un échec avertissent les citoyens ou une partie d’entre eux.